La lutte entre Intel et AMD ne date pas d'hier. Fondé en 1968, Intel a d'abord connu la concurrence d'Apple et d'IBM sur le marché de la micro-informatique. Pourtant, dès 1969, Advanced Micro Devices (AMD) frappe à la porte des constructeurs de transistors et de puces intégrées. Seulement, il faudra attendre 1991, puis 1996 pour que le concurrent d'Intel sorte de l'ombre et se fasse connaître du grand public et des entreprises.
Depuis 10 ans, AMD s'est petit à petit hissé au rang de concurrent d'Intel. Il a d'abord inversé sa stratégie en passant d'une gamme tirant les prix vers le bas à une offre équivalente en termes de prix, mais se distinguant par les fonctionnalités. Ces derniers produits introduisent des concepts novateurs : la technologie double cur pour l'Opteron, l'architecture 64 bits et l'économie d'énergie pour l'Athlon.
D'une concurrence principalement basée sur les prix, l'affrontement Intel / AMD s'est donc déplacé sur la technologie. Pour preuve, l'empressement des deux acteurs à se positionner comme le premier fabricant de micro-processeurs double cur en 2005. Une bataille relancée dès 2007 avec l'apparition des puces à quatre curs.
Face aux problèmes causés par la dissipation électrique lors de la miniaturisation des transistors, cet affrontement technologique se concentre désormais sur la consommation électrique. C'est en effet le critère qui bride aujourd'hui la montée en fréquence et donc la puissance des puces des deux fondeurs.
Dans ce domaine, Intel pousse son avantage en matière de finesse de gravure pour faire baisser le dégagement de chaleur et ainsi améliorer la performance des processeurs. AMD s'appuie de son coté sur son partenariat avec IBM et sur l'optimisation de ses puces afin d'obtenir un rendement similaire à fréquence inférieure.
4 pays européens épinglés pour avoir favorisé Intel |
Outre cette bataille purement technologique, les deux acteurs se sont lancés dans une autre guerre, juridique cette fois-ci. AMD reproche en effet à Intel des pratiques anticoncurrentielles auprès des intégrateurs OEM comme Dell, HP, Sony ou NEC. Il se base pour cela sur les conclusions d'un rapport établi par les autorités de régulation de la concurrence au Japon soulevant des pressions subies par les constructeurs pour minimiser la place fournie au concurrent d'Intel dans leur gamme de produits.
En Europe, Bruxelles avait interpellé en 2004 quatre pays membres de l'Union Européenne dont la France, l'Allemagne et l'Italie, pour avoir imposer la marque Intel sur plusieurs appels d'offres publics. Les premières conclusions de ce nouveau procès aux lourdes retombées seront rendues publiques à partir de 2007.
Enfin, les deux acteurs se livrent une bataille idéologique. Intel se dit fournisseur de plates-formes et non simplement de processeurs. Le groupe combine la fabrication de cartes mères, de puces graphiques, de processeurs et même de mémoires flash. Il se positionne également dans les normes de communication sans fil dont le Wimax ou le Wi-Fi.
AMD, au contraire, se défend d'une telle implication en dehors de son cur d'activité, et se cantonne au marché des processeurs et des mémoires flash. Il met ainsi en avant l'indépendance de ses solutions vis-à-vis de la plate-forme matérielle.
Reste que jusqu'à présent, Intel a su nouer des partenariats très forts avec l'ensemble de l'industrie et même des contrats d'exclusivité avec Dell, premier fournisseur mondial de PC. AMD, qui n'a pas tant de relations, a su toutefois gagner le cur de Sun, HP, Fujitsu et IBM pour la fourniture de serveurs grâce à sa solution Opteron.
Sur le segment des serveurs, AMD affiche une belle progression en s'accaparant 11% du marché en juillet 2005, selon le cabinet d'études Mercury Research. Sur le segment des postes de travail, il dépassait 20% de parts de marché au troisième trimestre 2005. A l'inverse, Intel domine très largement le secteur des ordinateurs portables grâce à sa solution Centrino.
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