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ANALYSE
 
14/12/2007

Les SSII indiennes prises au jeu de l'externalisation

Confrontées à une hausse des coûts récurrents, les SSII indiennes investissent dans les pays voisins. Derrière le prix attractif, le manque de profils expérimentés est sujet à interrogation.
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Ce n'est pas parce que l'on est une SSII indienne que l'on doit moins se préoccuper que d'autres de sa profitabilité et de la bonne tenue de ses ratios financiers.

Cette réflexion, les grands patrons des plus importantes SSII du pays que sont Tata Consultancy Services (TCS), Wipro ou encore Infosys, ont même tendance à l'ériger en véritable philosophie de vie.

Et pour répondre à une inflation constante sur les salaires de leurs employés et la pression à la hausse des prix au mètre carré de l'immobilier - notamment à Bangalore - qui pèsent de plus en plus lourds dans leurs comptes de résultats, certaines ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Et de jouer même à leur tour la carte de l'externalisation.

"Les SSII indiennes sont à la recherche de moyens d'externaliser une partie de leurs centres de développement pour réduire les coûts de structure, ce qui les amènent à s'étendre dans des pays comme le Bengladesh, le Vietnam ou encore les Philippines", fait ainsi savoir Eric Bierry, directeur régional du cabinet de conseil Nexsys.

Ce phénomène d'externalisation pratiqué par les maharadjas indiens s'est d'ailleurs accéléré avec le temps. En janvier 2006, par exemple, TCS annonce ainsi faire du Vietnam et du Cambodge ses nouveaux terrains d'activité pour faire la chasse au gaspillage. Il sera suivi 6 mois plus tard par son compatriote Wipro qui, après avoir ouvert un centre de compétences en Roumanie, s'introduit également au Vietnam mais aussi au pays de la grande muraille.

Un coin du monde où le nombre d'employés devrait d'ailleurs dépasser les 1 000 personnes d'ici au début 2009. En fin d'année 2006, Infosys entre à son tour dans la danse et prévoit d'investir près de 100 millions de dollars au Rajasthan afin de développer ses prestations de services IT.

Pour autant, cette arrivée en force dans les pays d'Europe de l'Est, d'Amérique Latine et de la zone Asie-Pacifique - les Philippines ayant été reconnues par l'association nationale de l'externalisation (NOA) comme destination privilégiée de l'offshore IT en 2007 - ne peut pallier tous les maux des SSII indiennes. Notamment en termes de pénurie de compétences sur des profils expérimentés.

"Le manque de profils seniors dans les régions voisines de l'Inde pourra poser problème" (Jean-Yves Grisi - Kpit)

"Le problème qui va se poser aussi bien pour l'Inde que pour la Chine ne tient pas tant à une meilleure compétitivité des niveaux de salaires observés dans des pays comme le Vietnam ou le Bangladesh, mais plutôt au manque de profils seniors dans ces zones où les ressources juniors abondent par ailleurs", analyse Jean-Yves Grisi, directeur général France de la SSII indienne Kpit.

Et ce, alors que parallèlement à leur arrivée dans des pays au coût de la vie infiniment plus faible que chez elles, les SSII indiennes doivent toujours (et plus que jamais) penser à caresser leurs actionnaires dans le sens du poil.

 
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"Pour pallier l'effritement des niveaux de croissance à deux chiffres longtemps observés sur les marchés à dominante anglo-saxonne, les SSII indiennes tendent à privilégier des acquisitions dans des secteurs de niche ou très verticalisées pour permettre un retour sur investissement à très court terme, dans l'année", note Eric Bierry.

Et Jean-Yves Grisi de conclure : "outre une stratégie d'acquisitions ciblées, les SSII indiennes souhaitent mettre la main sur du frontend, des bureaux et des locaux afin de faciliter les échanges commerciaux avec leurs clients internationaux et casser le frein psychologique lié à la distance".

 


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