Et si la réglementation était la clé du succès des Big Data en Europe?
Si un certain nombre d’entreprises françaises sont matures pour franchir le pas du Big Data, c’est plutôt la connaissance de leur patrimoine informationnel qui leur fait défaut.
Ah la donnée ! Le nouveau Graal des entreprises. Pas un secteur d’activité, pas un objet n’échappent à la numérisation. Tout devient « données ». Pour l’entreprise, l’exploration et l’exploitation des données sont créatrices de valeur et par la même source d’innovation à forte valeur ajoutée. Les données sont un capital qui en tant que tel doit être géré, administré et protégé pour fructifier.
Mais il y a mieux,
plus grand, plus fort et plus prometteur que la donnée ; il y a les Big Data. Jusqu’à présent cependant
et malgré les promesses, la réalité est plus nuancée. Seuls 27% des projets Big
Data sont considérés comme un succès selon une étude de Cap Gemini[1].
Si un
certain nombre d’entreprises françaises sont matures pour franchir le
pas ; c’est plutôt la connaissance de leur patrimoine informationnel qui
leur fait défaut. Le secteur des
télécoms est le plus avancé dans ce domaine. Les entreprises du secteur
financier, bien qu’elles soient en retard sur leurs homologues britanniques ou
américains, prennent conscience de l'importance de la donnée dans leur
évolution stratégique. Quant à l’industrie, les réflexions autour de « l'usine
digitale » progressent lentement.
La réglementation oblige les entreprises à faire
preuve de rigueur dans la gouvernance des données.
Sur le terrain, les entreprises sont de plus en plus conscientes de la valeur de
leurs données mais aussi des risques de cybercriminalité, d’espionnage ou
juridiques. Pourtant, empêtrées
dans des systèmes d’informations hétérogènes et dispersés, elles peinent à
avoir une approche de gouvernance des données incluant le volet juridique et la
sécurité.
Or c’est bien souvent par
méconnaissance de la réglementation de protection des données, applicable dans
cet environnement complexe, que des entreprises préfèrent s’autocensurer. La
solution consiste d’abord à avoir une démarche transversale prenant en compte
les contraintes techniques, juridiques et de sécurité. Source de rigueur, les
projets « Privacy friendly » sont par conséquent un gage de qualité
et de confiance. Pas de Big Data sans Big Data Protection[2].
Faire du Big Data pour du Big Data sans cette approche à la fois transversale et contextuelle n’a aucun sens. La difficulté est de trouver le bon cas d'usage qui permette à l’entreprise de créer une nouvelle opportunité business tout en respectant les principes et obligations prévus par le cadre réglementaire[3].
A cet effet, l’étude
d’impact sur la vie privée[4]
a non seulement l’avantage d’anticiper les obligations du prochain règlement
européen de protection des données, mais c’est aussi un outil essentiel de la
gouvernance des données.
Moins de 10% des données collectées sont utiles
au bon déroulement des processus métiers.
Selon la loi, la collecte de données personnelles doit être limitée aux seules données strictement nécessaires à la finalité du traitement. Or en pratique, 90% des données collectées par les systèmes d'information actuels sont non seulement inutiles mais elles font peser une charge de travail colossale sur les opérationnels. Ces données inutiles sont souvent de mauvaises qualités, obsolètes et incomplètes. Leur traitement peut de ce fait s’avérer contraire à la loi. En allégeant le dictionnaire de données selon les besoins réels des processus métier et en le limitant aux données nécessaires à la finalité des traitements, les entreprises gagnent en agilité, en productivité et en conformité.
Le succès des Big Data passe par la gouvernance des cycles de vie des données. La gouvernance est la pierre angulaire de la transformation digitale et de la conformité des projets dont elle s’accompagne, c’est un facteur d’efficacité et par conséquent de confiance.
(Article co-écrit par Florence Bonnet et Tarek Mansour)