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Solutions. Quelles sont les grandes problématiques
liées à votre métier ?
Jean-Noel Guillaume.
Notre métier (la vente à distance) implique en premier
lieu l'utilisation de systèmes centrés sur des bases
de données élaborées, inférées par des outils d'optimisation
de la relation client. Dans ce domaine, nous développons
des solutions de Business Intelligence, de centres
d'appels ou de commerce électronique. Au
delà de la vente en tant que telle, l'enjeu est
aussi de satisfaire le client en vue de le fidéliser.
Pour cela, nous devons nous appuyer sur des systèmes
logistiques performants, avec entre autres une intégration
de plus en plus étroite avec les systèmes de nos partenaires.
Nous
avons bien d'autres problématiques, par exemple l'optimisation
de notre "usine à produire des catalogues" ou encore
la mise en place d'outils de communication et de collaboration
pour les dizaines de personnes qui traitent en permanence
de l'information, que ce soit pour construire nos actions
marketing, choisir les bons produits ou optimiser nos
processus. En somme, l'informatique irrigue tous les
secteurs de l'entreprise sans exception et nous les
servons tous avec la même ambition, même si la relation
client reste bien sûr prioritaire.
Etes-vous
plutôt gestionnaire de budgets ou plutôt technicien
?
Je suis très technicien. Je pense que
c'est un atout pour bien contrôler les équipes et choisir
les bonnes options technologiques, c'est-à-dire
celles qui sont réalistes, pérennes et surtout profitables
à l'entreprise. Je garde un contact intime avec les
systèmes et les applications, cela me permet d'ancrer
ma stratégie dans le concret.
Comme tous les DSI j'essaie aussi d'être aussi manager
et pédagogue, de promouvoir l'innovation au service
de l'entreprise et d'avoir une vision autant prospective
qu'adaptative du Système d'Information. En tant que
membre du Comité de Direction j'ai la chance d'être
au plus près des débats stratégiques et je ne m'interdis
pas d'y participer.
Comment
se présente, dans ses grandes lignes, l'architecture
du système d'information de JPG ?
Le "Core System" tourne sur des AS/400,
ou plutôt des iSeries, avec quelques serveurs NT à la
périphérie. Nous apprécions l'AS/400 pour sa sécurité,
sa polyvalence et finalement son faible coût de possession.
C'est pourquoi, en plus des applications traditionnelles
(Call Center, Logistique, Achats, Finances, RH, etc..
), nous y avons logé nos solutions de Business Intelligence,
e-Business et Intranet. Même notre chaîne graphique
intégrée est pilotée par la base de données centrale.
Tout cela forme au final une architecture simple, peu
coûteuse et évolutive.
Qu'en est-il des grands chantiers
techniques en cours ?
Nous sommes en train de peaufiner nos
solutions de centre d'appels, en vue notamment d'unifier
et d'optimiser les traitements relatifs aux différents
canaux d'interaction et de renforcer la personnalisation.
Le tout en nous appuyant sur les infrastructures (CTI
[NDLR: Couplage Téléphonie-Informatique],
moteur de personnalisation) déjà opérationnelles. Pour
le commerce électronique, l'actualité tourne autour
du serveur d'applications, Websphere (IBM) en l'occurrence
- vers lequel nous sommes en train de porter nos sites
Internet (dont Jpg.fr), avec une partie déjà opérationnelle.
Il faut bien admettre qu'il s'agit là de projets
plutôt techniques et d'un intérêt business limité,
mais nous en attendons des bénéfices en terme de niveau
de service et de pérennité.
Ceci nous amène aux Web Services qui nous intéressent
beaucoup, entre autres pour valoriser notre existant,
fonctionnellement très au point mais marqué du sceau
infamant de "solution propriétaire", et qui deviendrait
par la magie des Web Services ouvert à l'état de l'art.
Nous y voyons également une solution intéressante pour
créer des synergies entre les différentes filiales de
notre groupe, sur un mode "lâche" et respectueux des
organisations en place. Enfin, il s'agit aussi d'une
technologie intéressante en matière de commerce électronique
et d'intégration BtoB.
Comment réduire les coûts des
projets ?
Nous achetons seulement les utilities
nécessaires et développons nous-même ce qui nous
permet d'optimiser les dépenses. Bien sûr s'il
fallait recourir à des progiciels et des intégrateurs,
il vaudrait mieux peaufiner le calcul du retour sur
investissement. Un point qui n'a d'ailleurs rien d'évident
s'agissant d'infrastructures stratégiques comme les
serveurs d'applications ou les services Web.
La performance économique du système d'information
est bien sûr l'un de mes objectifs, mais cela ne représente
ni une grande charge de travail ni un souci majeur.
Il me semble d'ailleurs qu'une stratégie informatique
uniquement guidée par ce point passerait à coté de l'essentiel.
Comment s'organise la Direction
des Systèmes d'Information de JPG ?
La DSI se compose de 18 collaborateurs
internes, et 3 ou 4 spécialistes externes intervenant
dans un esprit de transfert de compétences. Elle s'articule
classiquement autour de deux pôles : le premier se charge
de l'exploitation des systèmes informatiques et téléphoniques
(6 personnes), le second de la recherche et développement
(10 personnes). L'encadrement compte 2 personnes dont
moi-même. Au total, le
département repose sur une hiérarchie horizontale
ainsi qu'un fonctionnement en mode matriciel léger,
selon lequel les développeurs sont à la fois experts
d'un domaine fonctionnel et éventuellement participant
à des projets transversaux au regard de leurs compétences
techniques ou de leurs connaissances métier.
La plupart de mes collaborateurs travaillent avec moi
depuis une dizaine d'années. Ils sont par conséquent
responsables et autonomes. Le management est adapté
à ces caractéristiques. Nous travaillons toutefois en
ce moment à une rationalisation de nos méthodes de suivi
de projet.
Le management de JPG est marqué
par une culture participative forte (voir
le retour d'expérience sur Jpg.fr) ?
Effectivement, il est frappant de constater à quel point
nos utilisateurs s'approprient leurs outils et ont une
connaissance subtile de ce que le SI peut leur apporter.
Il est vrai que ceux-ci sont en première ligne sur tous
les projets et se sentent donc très impliqués. Il existe
en outre dans toute l'entreprise un réseau de correspondants
informatiques d'excellente qualité, véritables accompagnateurs
du changement sur le terrain.
Comment gérez-vous l'évolution
des compétences et l'adaptation du personnel aux évolutions
des technologies ?
C'est un vrai sujet. L'attraction que
JPG opère sur les informaticiens est forte compte
tenu de l'intérêt des projets que nous menons, et de
leur caractère souvent innovant. Le turn over
est pratiquement inexistant. Dans ce contexte, le renouvellement
des compétences se révèle particulièrement
important. Or, on constate que les informaticiens sont
habitués au langage procédural et ont quelques difficultés
avec les logiques de développement objet. Un
défaut qui est néanmoins à relativiser
au regard de leur excellente connaissance du métier
de l'entreprise.
Nos développeurs sont pour la plupart des experts dans
une technologie particulière, comme le CTI, la technologie
OLAP ou Lotus Domino. D'autres sont plus nettement des
"Business Analysts". Les lacunes observées autour
des technologies objets, qui sont comblées actuellement
en faisant appel à des intervenants extérieurs,
seront traitées en priorité dans le plan de formation
2003.
Quelle relation entretenez-vous
avec la direction générale ? Sur quels points de décision
intervient-elle ?
Le Comité
de Direction prend position sur les projets de l'entreprise,
dont l'informatique n'est souvent qu'une des composantes.
Cela trace le cadre de mon action et nos relations sont
relativement simples. De mon côté, j'explique la nature
de nos projets "techniques" et j'essaie d'améliorer
le niveau technologique du Comité de Direction. Notre
dialogue s'inscrit également dans le cadre de
discussions budgétaires classiques. Les relations sont
confiantes et détendues.
Quelles sont vos principales
sources d'informations ?
Je lis l'intégralité de la presse
informatique professionnelle, cela me semble nécessaire
pour ne pas rester à la surface et bien comprendre les
tendances, j'y ajoute un ouvrage technique par mois en
moyenne, plus quelques séminaires, par contre je ne fréquente
pas beaucoup les salons.
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