INTERVIEW 
 
Directeur Général France et Afrique du Nord
SAP
Marc Alinat
Les PME sont plus exigeantes que les grands comptes sur la verticalisation
Ancien d'Oracle et de PeopleSoft, Marc Alinat connait bien le marché des ERP. A la tête de la filiale du leader mondial des progiciels de gestion intégrée depuis le début de l'année, il nous détaille son plan de bataille pour les mois à venir, en abordant notamment l'avancement du déploiement de la plate-forme Netweaver, les besoins des PME et l'actualité Oracle-PeopleSoft.

27 février 2004
 
          
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JDNet Solutions. Vous avez récemment été nommé à la tête de SAP France et Afrique du Nord, quelle est votre analyse du marché ?
Marc Alinat. Dans les tendances fortes du marché, il se dessine tout d'abord chez la plupart des clients la même difficulté à trouver des solutions pour réduire le TCO [NDLR : Total Cost of Ownership : coût total d'acquisition], c'est-à-dire le coût du système d'information. C'est une véritable préoccupation, presque obsessionnelle.

Le deuxième enjeu est de lancer des projets dont le ROI est clairement exprimé, défini et si possible rapidement visible, avec des logiques incrémentales dans les approches.

J'ai rencontré nombre d'intégrateurs qui ont - de leur côté - une forte pression sur les prix. Ils arrivent à la conclusion qu'il est nécessaire d'avoir des solutions complètes packagées pour atteindre ces objectifs. Il est en effet plus facile de cerner et de tenir les budgets avec ce type de solutions.

Dans ce contexte, quelles offres vous semblent les plus pertinentes ?
Les offres pertinentes sont celles qui ont une logique d'intégration des processus et du transactionnel. Et cela dépend aussi de leur largeur fonctionnelle, c'est-à-dire que la couverture va du back au front office en passant par la relation client, par exemple. Mais ce n'est pas suffisant : il faut également avoir des processus fluides et transversaux, de la prise de commande au paiement par exemple, ou du procurement (achat) au paiement.

Et il faut aller encore plus loin car ces processus, il faut les pousser vers l'extérieur de l'entreprise, il faut les pousser en ligne, en privilégiant par exemple les logiques de self service, qui génèrent des gains de productivité.

Pour ce tout cela soit encore plus pertinent, des offres verticales doivent être proposées aux clients, des offres "métier", pour un secteur d'activité donné. Nous sommes ainsi positionnés sur le secteur public. Dans le secteur de la banque, tout particulièrement, il est impératif de décliner l'offre verticalement pour optimiser le TCO. Cette approche verticale se traduit dans les faits par des produits, par de vraies offres, pas seulement par une démarche service ou conseil.

SAP a une position unique sur le marché en ce sens qu'il propose une gamme de progiciels de gestion intégrée - incluant des processus transversaux et poussés en ligne - qui se distingue par des déclinaisons verticales actuellement au nombre de 29 !

Qu'en est-il des besoins des PME ?
Les PME ont encore plus besoin de cette approche que les grands comptes, elles sont encore plus exigeantes sur cette logique de verticalisation.

De même, la problématique tournant autour de l'externalisation, de l'internalisation et des services partagés ne peut être résolue sans offre verticalisée. Comment faire du process à la demande sans cela ? Sinon, c'est un leurre de pensée.

Où en est le déploiement de la plate-forme Netweaver ?
Cette plate-forme technologique a justement pour objectif l'intégration des processus que ce viens de décrire. Nos objectifs sont de 1 000 références dans le monde et de 35 en France. Actuellement, six sont en cours - sur le premier trimestre 2004 - dans l'hexagone. Et pour nos clients R3 qui migrent vers MySAP, cela se fait - avec Netweaver - sans rupture.

De plus, cette plate-forme est la reconnaissance par SAP que les entreprises ont à gérer l'hétérogénéité. Netweaver facilite le dialogue entre les applications SAP et d'autres applications, que ce soit du spécifique ou du package. Notre objectif est d'aider à fédérer cette hétérogénéité, tout en permettant au client de garder son indépendance par rapport à la plate-forme technologique choisie.

Que pensez-vous de l'OPA hostile d'Oracle sur PeopleSoft ?
Je pense que cette OPA n'est pas souhaitable, que ce n'est pas bon pour le marché, car implémenter un ERP représente de très lourds investissements pour les clients que l'on ne peut pas remettre en jeu du jour au lendemain. Cela traduit également sans ambiguïté le fait qu'Oracle n'a pas su être un véritable acteur sur le marché des applications. Cela n'a d'ailleurs jamais été son coeur de métier.

Oracle n'a en outre jamais eu de vraie politique qualité sur ses produits, ni de vraie stratégie de localisation pour son offre application. C'est difficile de localiser une offre, notamment pour l'Europe. SAP y a réussi. Quand vous avez traduit en allemand, en français, en italien et en espagnol, vous avez déjà fait un bon bout de chemin. Mais quand vous venez de Californie, cette tâche est déjà plus difficile.

Enfin, Oracle a introduit des ruptures technologiques dans ses solutions difficiles pour les clients. Les clients d'Oracle Applications sont en droit de se poser des questions sur le pourquoi de cette OPA.

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Nos clients ont une bonne lisibilité de ce que nous faisons, nous les faisons réussir leurs projets et la pérennité de notre entreprise est encore plus facile à lire. Nous ne nous frottons pas les mains, même si nous tirerons très certainement avantage de cette affaire mais, encore une fois, pour SAP, cette opération n'est pas souhaitable.

 
Propos recueillis par Fabrice Deblock

PARCOURS
 
 
Diplômé de l'INSEAD - Advanced Management Program et titulaire d'une maîtrise d'informatique appliquée à la gestion à l'Université des Sciences Sociales de Toulouse, il occupait le poste de vice-président alliances & channel Europe chez PeopleSoft, après avoir été pendant quatre ans président de PeopleSoft France. Auparavant, il était responsable de la division applications chez Oracle France.


   
 

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