INTERVIEW 
 
Francis Meston
Président
EDS France
Francis Meston
Les processus d'achat se professionnalisent fortement
Numéro deux mondial des services informatiques, EDS a traversé une mauvaise passe en 2003. Son président en France revient sur la vente récente de la filiale UGS PLM et sur les perspectives et tendances actuelles du marché.
02/04/2004
 
JDN Solutions. Quelles ont été les motivations d'EDS dans la vente récente de sa filiale UGS PLM ?
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Dossier SSII
  EDS en chiffres
Effectifs monde 135 000
Effectifs France 4 000
CA 2003 monde 21, 7 milliards USD
CA 2003 France 500 millions USD
Résultat net 2003 monde  - 1,7 milliard USD
Résultat exploit. 2003 monde 239 millions USD
Résultat net 2003 France NC

Francis Meston. Elles ont été de deux ordres. Tout d'abord et avant tout, il s'agit d'un recentrage stratégique. Nous nous focalisons en effet sur les services informatiques (infrastructure, applicatifs et BPO), quels que soient les modes de contractualisation. L'activité logicielle était périphérique.

Ensuite, les raisons sont financières, en lien avec notre dette. Après cette vente, il nous reste un peu plus d'un milliard d'obligations convertibles. Au mois de juillet prochain, nous devrions être dans une situation de dette nette nulle (le cash disponible moins la dette).

Nos prévisions pour l'année 2004 sont de générer un cash flow d'un milliard de dollars par an, ce qui signifie que nous allons pouvoir financer notre croissance, l'outsoucring étant une activité fortement consommatrice en cash (il faut racheter les parcs). Les clients s'engageant avec nous pour plusieurs années, il est important de disposer d'une structure financière forte.

Enfin, pour la filiale PLM, c'est une bonne nouvelle, elle fait partie des leaders du marché et a besoin de financer sa croissance, elle gagnera en flexibilité.

En 2003, 5 300 postes ont été supprimés et EDS a annoncé son intention de continuer à se délocaliser. Que réserve l'année 2004 ?
Dans l'environnement des services informatiques, les gains de productivité visés sont de l'ordre de 30 à 50%. Par ailleurs, la pression sur les prix de la part de nos clients est très forte et les marges très limitées. Nous faisons de la productivité, notamment en France, où nous avons fait de nombreux développements. Aujourd'hui, d'autres licenciements ne sont pas inscrits dans les livres. Et nous avons effectivement annoncé que nous allions nous délocaliser pour réduire nos coûts de 25% en trois ans.

Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent des demandes de vos clients ?

Les entreprises travaillent désormais avec un nombre réduit de SSII"

Les clients demandent aujourd'hui à leurs partenaires informatiques beaucoup de choses à la fois : réduction de coût, innovation, variabilité des prix, sécurité et flexibilité. Et ils demandent tout cela au même partenaire alors qu'auparavant, c'était soit l'un, soit l'autre. Il faut donc être capable d'offrir l'ensemble de ces services, être force de proposition en termes d'innovation et comprendre le métier du client. Cela signifie que vous avez à la fois des consultants, des développeurs et des centres mutualisés industriels à faire vivre.

Les clients sont par ailleurs eux-mêmes sous pression, en raison notamment de la globalisation. Ils sont donc très exigeants sur les coûts. Les processus d'achat se professionnalisent donc fortement (beaucoup d'acheteurs viennent d'ailleurs de l'automobile). De plus en plus, vous avez affaire à des DSI, des juristes, des financiers, etc. accompagnés de leurs conseils. Les processus de décision sont donc plus longs, les contrats très structurés et les marges laminées.

Enfin, les entreprises travaillent désormais avec un nombre réduit de SSII, toujours dans un objectif de rationalisation des achats.

Quels sont vos axes de travail en 2004 pour faire face à cette nouvelle donne ?
Nos grandes actions sont tout d'abord de reconnaître qu'il faut être capable de fournir un continuum de services : intégration de systèmes, gestion des applications, conseil et BPO, alors que nous étions centrés sur l'outsourcing. Nous renforçons pour ce faire le pôle conseil et développement applicatif.

Encore une fois, les données ont changé, les prix étaient il y a encore quelques temps de 100 à 150 euros par poste et par mois (pour le service), ils sont aujourd'hui tombés à 50 euros. En ce qui concerne les prix de la TMA, ils sont passés de 800 à 350 / 400 euros par mois.

Enfin, pour être encore plus force de proposition, nous avons créé des verticaux, par grands secteurs : télécoms, secteur manufacturier, grandes administrations...

Quelles technologies ou solutions recommandez-vous ou allez-vous recommander en 2004 ?

Je préfère le début de l'année 2004 à celui de l'année 2003"

En fonction des besoins de nos clients, nous leur proposons ce qui fait le plus de sens pour eux - quels que soient l'équipementier ou la technologie -, nous sommes donc agnostiques à ce niveau-là.

Cela étant, les secteurs qui bougent aujourd'hui sont tout d'abord la mobilité où la demande est forte (gestion des systèmes distribués, PDA...). Ensuite, la standardisation, la consolidation et l'industrialisation de la gestion des systèmes distribués, notamment en environnement Microsoft (avec Windows Server 2003). Egalement la gestion des serveurs (consolidation, détection des incidents...), les projets de plates-formes de développement applicatif Web et, de manière accrue, l'infogérance (pilotage et SLA).

2004 est-elle l'année de la reprise du marché ?
Le marché reste difficile du fait des facteurs que j'ai précédemment cités (gains de productivité de 30 à 50%, pression sur les achats, marges très faibles, etc.). Par ailleurs, de nouveaux entrants tels qu'IBM et HP prennent des parts de marché. Les prix restent très tendus, ils ne remontent pas mais on assiste à un frémissement sur les volumes. Je préfère toutefois le début de l'année 2004 à celui de l'année 2003 !

Quels grands contrats avez-vous signés récemment ?
La gestion de la production informatique de Bouygues, la gestion des télécoms d'Air Liquide en Europe (voix et données), la gestion des systèmes distribués de la Société Générale (15 000 postes de travail et 20 000 postes téléphoniques au siège), la gestion des systèmes distribués de Kronenbourg. Nous sommes également partenaires de Cegetel dans la concession de son système UMTS.

Les compétences sont-elles plus disponibles aujourd'hui ?
Les compétences sont disponibles, ce n'est pas un problème. Nous avons d'ailleurs un plan de recrutement important qui dépendra des domaines d'activité. Il nous reste quelques mois pour avoir une vraie visibilité mais il se chiffrera en centaines d'embauches.

 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Francis Meston est titulaire d'un Master en ingénierie des sciences informatiques (ESIM) et d'un MBA en finance (Purdue University, Etats-Unis).
1986 Consultant en organisation chez Touche Ross
1988 Rejoint en tant qu'associé le Mac Group, où il devient Manager début 1990. Il y travaille sur des dossiers de fusions / acquisitions et de stratégie de pénétration de marché, en France et aux Etats-Unis. Le Mac Group est racheté en 1992 par Gemini Consulting dont il deviendra le vice-Président en 1994.
1992 Directeur (1993) puis vice-Président de Gemini Consulting.
1996 Vice-Président d'A.T. Kearney Europe
2002 Président d'EDS France

Et aussi Auteur de "L'entreprise en mouvement" (Dunod) et "Mirages et Miracles des technologies de l'information" (Village Mondial - 2002)

   
 
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