INTERVIEW 
 
Philippe Rouaud
DSI
Radio France
Philippe Rouaud
"Mes relations avec les éditeurs sont calamiteuses"
Depuis 1999, Philippe Rouaud a accompagné Radio France vers la numérisation de ses programmes notamment. Il déplore le diktat de certains éditeurs et se tourne vers les développements spécifique et le libre pour y échapper.
14/06/2004
 
JDN Solutions : Comment est organisée votre DSI ?
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 Radio France
Philippe Rouaud : la DSI est divisée en trois parties. La première est consacrée aux études et gère quelque 80 applications : back office, gestion des orchestres, gestion documentaire, gestion rédactionnelle, grille d'antenne, gestion des stockages, etc.

La deuxième est consacrée à l'infrastructure : choix des matériels et des éléments logiciels socles, comme les systèmes d'exploitation, les serveurs de messagerie... Enfin, la troisième concerne l'exploitation, le support à la production et sa gestion. Cette dernière partie est fortement externalisée.

La DSI est elle même rattachée à la DGA TTN - pour Techniques et Technologies Nouvelles - qui comporte trois autres directions.

Quels sont vos projets les plus importants actuellement ?
Nous sommes dans la dernière ligne droite d'un projet initié il y a quatre ans et qui a pour objet la numérisation de tous nos programmes. C'est un enjeu capital pour nous car les vecteurs de diffusion de la radio se multiplient : PDA, téléphones, etc. Et notre volonté d'être présent sur ces canaux - pour un coût non supérieur aux coûts actuels - est très forte.

D'ailleurs, ce projet a impliqué une véritable réingénierie des métiers, ce qui a nécessité la création d'une direction spécifique - la délégation à la numérisation - pour mener la conduite du changement dans les meilleures conditions. Beaucoup d'heures de formation ont été dispensées, auprès des journalistes mais aussi des techniciens qui ont notamment dû apprendre à surveiller un réseau de serveurs.

Quelles autres évolutions technologiques récentes pouvez-vous citer ?
Un équipement VPN et de téléphonie sur IP est en place chez tous nos correspondants"
Le pôle infrastructure porte en permanence un regard sur les différents éléments qui peuvent apporter un "plus" à Radio France. A titre d'exemple, nous avons développé des appliances dans le monde du libre, avec des fonctionnalités de l'intranet - ce dernier tourne à 100% sous linux - qui permettent l'enregistrement des chaînes et leur réécoute quel que soit le lieu de diffusion. La possibilité de réintégrer une émission ou l'un de ses passages dans une autre production est même proposée.

Un équipement VPN et de téléphonie sur IP est par ailleurs en place chez tous nos correspondants, que ce soit en France ou à l'étranger. Dans le cadre d'opérations exceptionnelles, nous sommes également capables de mobiliser 50 postes très rapidement, afin de recréer une rédaction partout dans le monde, si tant est que l'ADSL soit disponible, car le satellite coûte cher. Nous sommes sinon actuellement en phase de test sur la technologie MPLS.

Quel mode de travail avez-vous avec les directions métier ?
Lors de mon arrivée en 1999, j'ai essayé de mettre en place au sein des directions clientes une maîtrise d'ouvrage professionnalisée qui repose sur de vrais postes. Au sein des directions opérationnelles, un réseau d'administrateurs d'applications a donc été créé. Chacun d'entre eux est en charge de la conduite de la maîtrise d'ouvrage. Ils sont dix au total et non 80 - comme le nombre de nos applications - car il existe des redondances.

Quelles sont vos principales préoccupations aujourd'hui ?
Les solutions vendues ne sont pas toujours entièrement débuggées"
Mes relations avec les éditeurs sont calamiteuses, que ce soit pour les applications "socle" - OS, bases de données - et "métier" - finance, gestion des ressources humaines - ou même parfois pour celles liées à notre activité.

Dans le cas des premiers éditeurs, leur positon hégémonique, leur marketing à tout prix et leur démarche "rouleau compresseur" ne sont pas compatibles avec nos budgets. Les solutions vendues ne sont par ailleurs pas toujours entièrement débuggées, ce qui nous empêche de stabiliser nos systèmes et de ne les faire évoluer que quand on le souhaite, c'est-à-dire quand de véritables nouvelles fonctionnalités sont disponibles. Le rythme des mises à jour - et leur coût - sont un vrai casse-tête matriciel, ce qui explique que nous ayons opté pour le développement spécifique à de nombreuses reprises.

La deuxième difficulté, avec les éditeurs proches de notre métier, réside dans le fait qu'ils ont à couvrir un marché international alors qu'ils sont très petits. Face à un marché très éclaté, un marché de niche, il ne leur est pas facile de maîtriser tout ce qui se passe.

La solution est donc pour nous de développer en spécifique, sur des technologies pas révolutionnaires, de mener des projets terre-à-terre, de "blinder" les contrats, de négocier le plus possible en amont et d'avancer moins vite que toutes les versions qui nous sont proposées...

Quelles technologies suivez-vous particulièrement ?
Toujours garder un peu les clés dans un contrat d'extrnalisation"

Le libre - comme je le disais - me semble très intéressant. Les enjeux autour de la mobilité et de la sécurisation sont également importants selon moi. La technologie MPLS aussi, ainsi que les client légers. Les deux tiers de nos applications sont accessibles en client léger ; le déploiement d'application s'en touve facilité, nous avons la maîtrise des remises à jour et des installations logicielles.

Quelles activités avez-vous externalisées ?
L'exploitation des serveurs Unix et la partie des services Wintel est externalisée chez HP Services, les services financiers chez Bull Services, la RH et la paie chez ADP GSI. Ces externalisations datent à peu près de 1999, avant le passage à l'an 2000, lors de la refonte du SI back office.

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Elles nécessitent un suivi quotidien des actions réalisées. Il faut toujours garder un peu les clés pour que ce type de contrat marche, il ne faut jamais rentrer dans une relation de partenariat mais toujours garder une relation client/founisseur avec une maîtrise forte que ce qui est fait.

 
Propos recueillis par Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Philippe Rouaud est ingénieur, diplômé de Centrale Nantes, option informatique (1985)
1985 - 1987 Chef de projet applicatif rédactionnel pour RFI
1987 - 1989 Responsable Informatique RFI
1990 - 1991 Responsable des applications spécifiques (commercial / logistique / boutique) pour Cartier International
1991 - 1994 DSI de Proxima (Compagnie Générale des Eaux)
1995 - 1999 DSI de BMG France (Bertelsmann)
1999 DSI de Radio France

   
 
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