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Christophe Legrenzi
PDG
Acadys |
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Christophe
Legrenzi
"Confier un problème à un prestataire, cela revient à en faire un problème encore plus grand"
L'infogérance sélective et maîtrisée, une notion essentielle aux yeux du PDG d'Acadys, Christophe Legrenzi qui prône une informatique innovante, ouverte aux PME et non dépendante du ROI.
02/05/2005 |
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JDN
Solutions. Quels sont les principaux changements dans
les relations entre DSI et SSII survenus ces dernières
années ?
Christophe Legrenzi. D'une part, les entreprises
vont faire de plus en plus appel à la sous-traitance
et à l'externalisation de manière globale, pas seulement
en informatique. Sur les projets eux-mêmes, la logique
d'obligation de résultats donc au forfait s'impose au
détriment d'un engagement sur des livrables, soit une
obligation de moyens propres aux contrats de régie.
Mais le vrai mouvement de fond, c'est de faire de plus
en plus appel à l'extérieur. Cela correspond à une logique
plus opérationnelle, davantage centrée sur les services.
Les DSI sous-traitent les domaines informatiques les
plus banalisés, ceux pour lesquels l'entreprise ne trouve
plus d'avantages compétitifs comme la gestion de parc,
le help desk ou la fonction réseau, par exemple. Par
conséquent, les relations entre DSI et SSII s'inscrit
désormais dans une logique quasi-partenariale à moyen
et long terme, contrairement à celle du client-fournisseur,
des années précédentes.
Quels
sont les précautions à prendre dans un contrat d'externalisation
?
L'une des règles de base consiste à ne jamais externaliser
un domaine qui n'est pas maîtrisé. Or, cette règle fondamentale
s'oppose à la psychologie des managers qui ont tendance
à externaliser des problèmes. Mais confier un problème
à un prestataire, cela revient à en faire un problème
encore plus grand. Cette règle respectée, l'entreprise
peut s'attendre à des gains de productivités rendus
possibles grâce à la mutualisation des moyens des sociétés
de services et par les compétences des ingénieurs. Ces
gains seront d'autant plus important que depuis l'éclatement
de la bulle, le marché est désormais tiré par l'offre,
les clients sont donc plus sélectif sur le rapport qualité/prix.
Cette baisse des prix a-t-elle
des conséquences sur les contrats signés ?
Il y aura une forme de réajustement car les prix actuels,
à terme, ne peuvent pas être tenus. Le client doit avoir
conscience qu'il ne peut pas avoir des compétences bradées.
Certaines SSII le font pour éviter de voir leurs compétences
inoccupées mais je trouve cela malsain car cela casse
le marché sans construire une relation pérenne. En effet,
le clients croit ainsi que les prix pourront toujours
continuer de baisser. Mais si à court terme, elle est
gagnante, à long terme cette stratégie ne fonctionne
plus.
Y a t'il d'autres nouveautés
dans les relations DSI-SSII ?
Les directeurs informatiques ont des besoin de mesures
de plus en plus grands. Nous le constatons sur les formations.
Si la majorité des formations informatiques voient leurs
nombres d'adhérents diminués de 20 à 30%, le nombre
de participants sur des formations aux nouveaux outils
de gestion a doublé en trois ans.
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Ceux
qui parlent de ROI en informatique sont des
charlatans" |
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Faut-il inclure des impératifs
de ROI dans son contrat ?
Il n'est pas possible de s'engager sur le ROI. En informatique,
cet indicateur n'a aucune consistance, dans la mesure
où dans une logique métier, l'informatique n'est qu'une
des composantes de la valeur ajoutée créée. Son calcul
a marché jusqu'à présent mais ça ne marchera plus à
l'avenir. Ceux qui parle de ROI en informatique sont
des charlatans.
A quels outils de mesure
faut-il alors se référer ?
Il vaut mieux s'appuyer sur des métriques qui correspondent
à des indicateurs de performance comme le TCO, le coût
d'unité d'uvre, les délais ou les livrables. Cela me
permet de dire qu'il n'y a plus de projets informatiques
mais des projets d'entreprise. L'outil informatique
doit être capable de faire avancer la maturité des entreprises.
Ce n'est pas l'informatique seule qui va générer les
profits.
A quelles attentes les SSII
doivent-elles répondre ?
Les DSI recherchent avant tout de la compétence, de
l'expertise, du savoir faire et du professionnalisme.
Après, le facteur coût sera évidemment de plus en plus
important. J'oppose le professionnalisme à l'artisanat
des années 1990. Le marché s'oriente vers des relations
entre vrais professionnels d'où le succès de méthodes
comme Itil ou CMM.
Le recours à l'infogérance
a-t-elle conduit les DSI à multiplier ses partenaires
?
Non, c'est le contraire. Les directions informatiques
ont tendance à trop concentrer la charge des prestations
sur quelques gros acteurs, éliminant de fait les petits.
C'est à mon avis une erreur grossière car l'informatique
étant tellement complexe, ce n'est pas en restreignant
ces choix que l'on arrivera à répondre au mieux à cette
complexité. La Suède ou la Finlande obligent à souscrire
30 à 35% des contrats avec des PME. Les projets d'entreprises
sont parfois mieux formalisés dans les PME. Il convient
de trouver le bon mélange entre stabilité / pérennité
et innovation / réactivité.
La constitution de short lists limite les entreprises
dans le recours aux prestataires. Il y a des logiques
adaptées à des métiers plus simples qui ne peuvent être
retranscrites dans le domaine informatique. La simplification,
je n'y crois pas. De même qu'il n'est pas pertinent
de limiter le choix des prestataires au seul facteur
de coût. Le DSI doit convaincre la direction des achats
et ses nouveaux partenaires de l'intérêt stratégique
de certains projets à valeur ajoutée.
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Propos recueillis par Yves DROTHIER, JDN Solutions |
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PARCOURS
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Christophe Legrenzi, a débuté sa carrière
au siège de BASF, en Allemagne, où il a passé 18
mois en tant que chef de projet. Il a ensuite collaboré
chez Hoffmann-La Roche à la Direction de l'Etat-Major
informatique. Chez Acadys, il a tout d'abord créé
le centre de R&D qu'il a par la suite dirigé, avant
de devenir PDG de la société.
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