TRIBUNE 
PAR DIEGO MASSIDDA
"L'ART favorise une France à trois vitesses numériques"
La grande majorité des départements français ne compte qu'un ou deux sites dégroupés. Nous sommes là au cœur de la nouvelle faille numérique.  (19/10/2004)
 
Diego Massidda, Président de Tiscali France
 
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Tiscali France
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L'ART refuse de réguler le prix de l'ADSL
Lors de sa dernière consultation, consacrée à l'analyse du marché du haut débit en France, l'Autorité de Régulation des Télécommunications a estimé qu'il n'était pas pertinent de réguler le marché du détail, c'est-à-dire le mode de fixation des tarifs grand public.

En revanche, elle a accepté que cette régulation s'applique au marché du dégroupage de la boucle locale ainsi qu'au marché de gros d'accès DSL livré au niveau régional et a reconnu l'opérateur historique comme puissant sur ces deux marchés.

Cette double décision a pour conséquence d'approfondir la fracture numérique française et d'élargir une nouvelle faille actuellement en formation.
 
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
 
Nous sommes nombreux à regretter la fracture qui sépare les zones éligibles à l'ADSL de celles qui en sont privées. Or désormais, les Français sont une nouvelle fois traités selon deux poids deux mesures.

Ceux qui ont la chance de résider dans de grands centres urbains peuvent maintenant bénéficier d'un accès ADSL haut, voire très haut débit, qui leur permet d'accéder à des services d'une grande diversité, pour un prix très attractif se situant autour de 30 euros.

De surcroît, ces mêmes Français peuvent déjà, ou pourront bientôt, économiser le coût de leur abonnement à France Telecom s'ils décident de s'en affranchir. Pour reprendre une dénomination barbare, ce sont les "ADSLlisables ou éligibles des zones dégroupées". L'ART estime qu'à fin octobre un million de lignes sont concernées.

France Telecom s'enorgueillit que seule une petite quinzaine de départements ne soient pas encore accessibles au dégroupage aujourd'hui. Pourtant, quand on regarde de plus près les départements dits "éligibles", on ne compte que très peu de sites dégroupés.

Ainsi, en dehors des Bouches du Rhône, qui avec une quarantaine de sites dégroupés représente le département le plus favorisé en France, on n'en compte qu'une vingtaine à peine en Gironde, Haute Garonne, Isère, … une petite dizaine du coté de Nantes, Poitiers, Tours… et la grande majorité des départements français ne compte qu'un ou deux sites dégroupés… c'est le cas de la Vendée, des Landes, de la Nièvre, la Dordogne, le Cher, l'Aude, la Charente, etc. Nous sommes là au cœur de la nouvelle faille numérique.
 
Quand ces zones pourront-elles être dégroupées ? Et comment ?
 
Les opérateurs, sur ces régions de plus faible densité démographique, souffrent d'un retard de plusieurs années sur France Télécom, et n'ont pas encore investi dans le dégroupage. Il ne leur reste d'autre choix que de s'appuyer sur les offres de gros de France Telecom, à des prix trop élevés. D'ailleurs certains FAI, à l'instar de Télé 2, annoncent d'ores et déjà leur désengagement des zones non dégroupées.

Ceci pourrait être acceptable économiquement si tout le monde était logé à la même enseigne. Or, cela ne semble pas être le cas de Wanadoo qui commercialise des offres à des prix tellement bas qu'aucun fournisseur d'accès alternatif ne peut s'aligner sans subir des pertes insupportables.

Il s'agit là d'un véritable dumping qui, à terme, sera préjudiciable au consommateur puisqu'il ne pourra plus bénéficier de la dynamique de la concurrence.
 
Il existe heureusement une solution, qui est double
 
Elle passe tout d'abord par une baisse significative (de 20 à 30%) des prix de gros de France Telecom dans les zones non dégroupées ce qui nous permettra de proposer des services innovants -notamment de téléphonie sur IP- à des prix comparables à ceux que propose Wanadoo.

Et, parallèlement, elle nécessite, de toute urgence, la mise sous surveillance du marché de détail afin d'empêcher le dumping actuellement pratiqué.

C'est le choix qu'a refusé l'ART il y a quelques jours préférant une simple "revue" au lieu de l'analyse en profondeur qu'exige ce marché complexe et qui devient encore plus opaque du fait de l'intégration récente de Wanadoo dans France Telecom.

Une situation particulièrement préoccupante pour laquelle j'ai souhaité interpeller le Président de la République et plusieurs membres du Gouvernement dans une lettre ouverte.

J'espère que ces derniers prendront conscience de la gravité de cette situation afin d'éviter que certains français ne soient une nouvelle fois privilégiés au détriment du plus grand nombre actuellement délaissé et mal considéré. 
 
 

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