Déficit des retraites : la Cour des comptes contredit les prévisions du gouvernement
Le rapport de la Cour des comptes, remis ce jeudi, revoit à la baisse les projections du gouvernement sur le déficit des retraites. Alors que François Bayrou évoquait un déséquilibre de 55 milliards d'euros en 2035, la juridiction financière l'évalue plutôt entre 14 et 15 milliards d'euros, et à environ 30 milliards en 2045. Ces conclusions, alignées sur celles du Conseil d'orientation des retraites (COR), vont peser sur les négociations entre partenaires sociaux, prévues à partir du 27 février.
Un écart majeur entre les prévisions gouvernementales et le rapport
La Cour des comptes confirme que le système de retraites a affiché un excédent de 8,5 milliards d'euros en 2023, mais anticipe un retour au déficit dès 2025, estimé à 6,6 milliards d'euros. Contrairement aux projections alarmistes du gouvernement, qui incluent les cotisations employeur de l'État pour les retraites des fonctionnaires dans le calcul du déficit, la Cour estime que cette approche fausse l'analyse.
"La Cour considère que ces deux systèmes présentent en fait une telle divergence, une telle différence, qu'ils ne sont pas comparables", lit-on sur BFMTV.
L'institution met en avant une dynamique préoccupante à long terme : un déficit estimé à environ 30 milliards d'euros en 2045. L'augmentation du nombre de retraités et la durée de vie plus longue amplifient les besoins de financement, rendant nécessaire une adaptation du système.
Les pistes envisagées pour stabiliser les comptes
Pour stabiliser le système, plusieurs leviers sont identifiés. Un abaissement de l'âge de départ à 63 ans alourdirait le déficit de 5,8 milliards d'euros en 2035, tandis qu'un report à 65 ans permettrait d'économiser jusqu'à 8,4 milliards. Une hausse d'un point des cotisations générerait entre 4,8 et 7,6 milliards d'euros annuels, et une sous-indexation des pensions pourrait réduire les dépenses de 3 milliards d'euros en 2025.
Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, estime que "le statu quo est impossible" et qu'"il faudra fatalement agir, à travers de nouvelles mesures et de nouvelles réformes", cité par Le Parisien.
Une pression accrue sur les négociations
Les discussions entre syndicats et patronat s'annoncent tendues. Les premiers réclament l'abrogation du report à 64 ans et une meilleure répartition des excédents de certaines caisses. La Cour des comptes ne préconise pas de solution mais fournit une base chiffrée aux débats.
Dans l'entourage de François Bayrou, on tente de minimiser les divergences. Il n'y a "aucune querelle sur le déficit", assure Matignon, cité par Le Monde. Pourtant, l'écart entre les estimations montre des visions opposées de l'avenir du système. Les négociations à venir devront trancher entre ajustements paramétriques et nouvelles réformes pour garantir son équilibre financier.