Unédic : la dette de l'assurance-chômage bloquée par les ponctions de l'Etat
L'Unédic, en charge de l'assurance-chômage en France, voit son désendettement compromis. Alors qu'elle prévoyait un retour progressif aux excédents, la conjoncture économique défavorable et les ponctions de l'État sur ses finances l'obligent à revoir ses prévisions. Avec un déficit attendu en 2025 et une dette stable autour de 59,3 milliards d'euros, l'organisme se retrouve dans l'incapacité de réduire son endettement.
Un déficit inattendu et une dette qui stagne
L'Unédic tablait initialement sur un excédent de 1,5 milliard d'euros en 2025, mais ses prévisions financières ont été revues à la baisse. Désormais, l'organisme anticipe un déficit de 200 millions d'euros cette année, suivi d'un léger excédent en 2026 (+200 millions). Sans les ponctions de l'État, l'Unédic aurait pu enregistrer des excédents de 3,4 milliards d'euros en 2025 et 4,5 milliards en 2026, selon les chiffres communiqués par l'organisme.
La dette de l'assurance-chômage, qui atteint 59,3 milliards d'euros, restera stable jusqu'en 2027 au moins. En principe, les excédents attendus auraient dû permettre de commencer à la réduire, mais les décisions budgétaires de l'État rendent cette perspective impossible.
"Entre 2024 et 2026, les prélèvements de l'État obèrent la totalité des capacités de désendettement de l'Unédic, qui doit donc réemprunter dans un contexte de taux encore élevés", a souligné Christophe Valentie, directeur général de l'Unédic, cité par Les Échos.
L'organisme doit aussi faire face à une conjoncture défavorable sur le marché du travail. En 2025, il prévoit la suppression de 49 000 emplois salariés, après une première baisse de 50 000 postes en 2024. Une reprise est attendue en 2026 (+78 000 emplois) et 2027 (+139 000), mais elle ne compensera pas immédiatement les pertes accumulées.
L'impact des prélèvements de l'État
Entre 2023 et 2026, l'Unédic devra verser 12,05 milliards d'euros à l'État pour financer divers dispositifs, notamment France Travail et l'apprentissage. Ce montant inclut un prélèvement de 2,6 milliards d'euros en 2024, qui augmentera à 4,1 milliards en 2026. Cette ponction pèse directement sur les comptes de l'assurance-chômage et empêche toute réduction de la dette.
"Le régime est construit pour être contracyclique, accumuler des réserves quand la conjoncture est favorable, pour jouer un rôle d'amortisseur économique et social quand elle est défavorable", a rappelé Patricia Ferrand, vice-présidente de l'Unédic (CFDT), citée par Le Monde. Elle a également insisté sur le fait que ces ponctions fragilisent la capacité du régime à remplir cette mission.
Selon l'Unédic, ces prélèvements correspondent presque exactement aux excédents qu'elle aurait pu générer. Ainsi, au lieu de pouvoir rembourser sa dette, l'organisme doit continuer d'emprunter, augmentant encore le poids de ses charges financières.
Des réformes pour générer des économies
Face à ces difficultés, l'Unédic mise sur la réforme de l'assurance-chômage pour limiter ses dépenses. À partir du 1ᵉʳ avril 2025, de nouvelles règles entreront en vigueur, avec un objectif d'économies de 2,2 milliards d'euros entre 2025 et 2028, et 1,5 milliard par an en régime de croisière.
Ces économies seront principalement réalisées grâce à des ajustements sur l'indemnisation des demandeurs d'emploi, notamment la réduction de la durée d'indemnisation et le décalage des seuils d'accès aux droits pour les seniors. Près de 900 000 chômeurs verront leur indemnisation réduite de plusieurs jours par an, tandis que les demandeurs d'emploi de plus de 53 ans subiront une baisse médiane de 17% de leurs allocations.
Malgré ces mesures, le désendettement du régime reste bloqué tant que les prélèvements de l'État persistent. Un amendement à la loi de finances impose désormais que toute nouvelle ponction soit votée par le Parlement, mais l'incertitude demeure quant à l'évolution future des finances de l'Unédic.