La BCE face à une perte record de 8 milliards d'euros en 2024

La BCE face à une perte record de 8 milliards d'euros en 2024 La politique monétaire menée depuis 2022 continue de peser sur les finances de la BCE. Entre taux élevés et dépréciation d'actifs, l'institution de Francfort doit assumer une perte inédite, tout en maintenant ses objectifs de stabilité.

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé une perte historique de 7,94 milliards d'euros pour l'exercice 2024. Cette dégradation financière marque une conséquence directe de sa politique monétaire, marquée par une hausse rapide des taux d'intérêt depuis 2022.

Un bilan plombé par la hausse des taux

Depuis 2022, la BCE a relevé son taux de dépôt jusqu'à 4% et le taux de refinancement à 4,5%, entraînant une forte augmentation des intérêts versés aux banques commerciales. En 2024, ces charges ont atteint 15,7 milliards d'euros, contre seulement 3,8 milliards en 2022.

"Les pertes de la BCE en 2023 et 2024 ... reflètent le rôle et les actions nécessaires de l'Eurosystème pour remplir son mandat principal de maintien de la stabilité des prix et n'ont pas d'incidence sur sa capacité à mener une politique monétaire efficace", a déclaré la BCE dans un communiqué, cité par Reuters.

Des actifs peu rentables et des dépréciations

L'institution détient un portefeuille d'obligations acquises lors de ses programmes de rachats d'actifs entre 2015 et 2021. Ces titres à taux fixe, achetés à des niveaux historiquement bas, ne génèrent pas de rendements suffisants pour compenser l'explosion des charges d'intérêts. En parallèle, la BCE a enregistré 269 millions d'euros de pertes liées à la dépréciation d'actifs en dollars et en yens.

"Ces politiques ont obligé la BCE à élargir son bilan en achetant des actifs financiers, principalement à taux d'intérêt fixes et à longues échéances", a indiqué l'institution, citée par Funds Magazine.

Un impact sur les banques centrales nationales

En raison de cette perte, aucun dividende ne sera versé aux banques centrales nationales de la zone euro pour l'année 2024. La Bundesbank, qui devrait accuser la perte la plus lourde parmi les 20 banques centrales de l'Eurosystème, prévoit un impact significatif sur son bilan. De son côté, la Banque nationale belge a déjà annoncé une perte de 3,7 milliards d'euros pour l'exercice 2024.

"La BCE pourrait afficher de nouvelles pertes au cours des prochaines années. Si cela est le cas, ces pertes devraient être moindres que celles des années 2023 et 2024", a prévenu l'institution dans son rapport, cité par Le Figaro.

Si la BCE traverse une période de turbulences financières, elle continue d'affirmer que ces pertes n'entravent pas sa capacité à mener sa politique monétaire. Son capital reste solide et ses pertes pourraient être absorbées par d'éventuels bénéfices futurs.