L'Opep+ accélère sa production de pétrole et inquiète les marchés

L'Opep+ accélère sa production de pétrole et inquiète les marchés Après avoir reporté à plusieurs reprises la remise sur le marché de millions de barils, plusieurs membres du groupe ont enclenché un redémarrage coordonné de leur production depuis avril.

Huit pays de l'Opep+ produiront en juin 411 000 barils par jour supplémentaires. Une annonce qui a fait chuter les cours du brut, déjà orientés à la baisse.

Une annonce coordonnée de huit pays exportateurs

Le samedi 3 mai 2025, l'Opep+ a confirmé que huit de ses membres, dont l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman, augmenteront leur production de 411 000 barils par jour en juin, comme ils l'avaient déjà fait en mai. Cette hausse dépasse largement le volume initialement prévu de 137 000 barils par jour, fixé dans le plan de réintroduction adopté précédemment.

Le groupe de 22 pays producteurs, réunissant les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et leurs alliés conduits par Moscou, avait conclu un accord en 2016 pour coordonner leur action sur le marché mondial. Jusqu'à récemment, ces pays maintenaient une réduction volontaire de leur offre afin de soutenir les prix, conservant en réserve des millions de barils.

D'après Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, interrogé par l'Agence France-Presse et relayé par Le Figaro, la décision prise par les huit producteurs envoie "un message clair : le groupe change de cap et cherche à regagner des parts de marché après des années de coupes".

Réactions immédiates sur les marchés mondiaux

Ce lundi, à l'ouverture des marchés asiatiques, les cours du pétrole ont reculé de plus de 3%. Le baril de WTI américain est tombé à 56,08 dollars, en baisse de 3,8%, et celui de Brent de la mer du Nord a perdu 3,5%, à 59,17 dollars. Cette évolution intervient dans un contexte où les prix étaient déjà à leur plus bas niveau depuis quatre ans.

Selon Les Échos, la hausse annoncée début avril pour le mois de mai avait déjà surpris les acteurs du marché, car elle triplait les volumes initialement envisagés. La nouvelle annonce pour juin s'inscrit dans la même logique d'accélération.

Brian Leisen, stratégiste matières premières chez RBC Marchés des Capitaux, indique dans une note que le seuil des 50 dollars pour le WTI pourrait devenir une nouvelle référence, compte tenu de la tendance actuelle.

La banque Morgan Stanley a révisé ses prévisions à la baisse, anticipant désormais un prix moyen de 62,50 dollars pour le Brent au troisième et au quatrième trimestres 2025, soit 5 dollars de moins que les estimations précédentes.

Une reprise de production en décalage avec la demande

La production supplémentaire intervient alors que les perspectives économiques mondiales restent incertaines. La guerre commerciale menée par l'administration Trump suscite des craintes de ralentissement de la demande, renforcées par l'instauration récente de nouveaux droits de douane.

Pour Ajay Parmar, directeur de l'analyse pétrolière chez Icis, l'augmentation de l'Opep+ "ne peut tout simplement pas être absorbée", soulignant une croissance de la demande jugée faible dans ce contexte.

D'après Le Monde, les membres concernés avaient retardé à plusieurs reprises la réintroduction de ces volumes avant de lancer le processus début avril. Le choix d'un maintien en juin au même niveau que celui de mai confirme leur volonté de poursuivre cette dynamique, malgré l'impact immédiat sur les prix. Selon des délégués saoudiens, d'autres augmentations comparables pourraient suivre.