Métaverse et santé : une révolution prématurée ?
S'il y a un sujet qui résonne depuis des semaines dans les médias, c'est bien le métaverse. Considéré comme la prochaine révolution numérique, le métaverse bouscule les entreprises qui se l'approprient.
Mais pour le grand public, c'est tout autre chose, le métaverse, décrit comme “le futur d’internet”, est plutôt obscur et sa notoriété encore bien relative. En effet, 75% des Français émettent des craintes vis-à-vis du métaverse, selon l'étude menée en janvier 2022 par l’Ifop pour le cabinet de conseil en innovation Talan.
Le métaverse appliqué à la santé : késako ?
C’est un monde virtuel fictif, partagé et persistant, accessible en ligne, dans lequel chaque individu pourrait se déplacer et interagir au sein de différentes communautés sous la forme d'un avatar.
Dans le domaine de la santé, le métaverse aura sans aucun doute une incidence considérable d’ici quelques années. A la fois sur le volet de la formation médicale, du parcours du patient, de la chirurgie ou encore pour la prise en charge de pathologies comme la gestion des phobies. Il pourrait apporter des solutions pour relever les nombreux défis de demain. Par exemple, il permettra de créer des rencontres entre patients et professionnels de santé dans un lieu virtuel tel qu’un hôpital ou un cabinet médical. Le patient n’aura plus à se déplacer et suivra son traitement à son domicile, accédera à une expertise et échangera avec son médecin dans cet espace de réalité virtuelle partagée.
Dans un contexte de vieillissement global de la population, il apportera une véritable réponse à l’engorgement des hôpitaux, des urgences, mais aussi à la désertification médicale.
Mais ne soyons pas trop éblouis… cette technologie du futur ne remplacera pas la prise en charge du patient dans un monde réel, et encore moins l’évaluation clinique et le contact humain que l’on sait indispensables dans ces métiers du soin. Il sera plutôt considéré comme un outil parmi tant d’autres pour faire face aux enjeux de demain.
Un monde médical virtuel : mythe ou réalité ?
La pandémie a mis un véritable coup d’accélérateur à la numérisation de la santé grâce au développement de la télémédecine, des plateformes de téléconsultations ou encore d’applications de santé… prouvant ainsi que l’homme est capable de s'adapter à ces nouveaux outils connectés.
Mais cette crise sanitaire a surtout révélé les carences profondes de notre système de santé : pénurie des soignants, tension à l'hôpital, crise des urgences… des sujets martelés par les journalistes aux heures de grande écoute.
Sous les feux des projecteurs, les médias ont proposé de nouveaux supports innovants (podcast, liveblog, vidéos…) pour se démarquer et rendre la masse d’informations plus accessible et pédagogique. Et le défi était de taille ! Les diverses prises de positions médiatiques de médecins, de politiques, qui ont multiplié leurs interventions sur les plateaux TV, ont formé un véritable “brouhaha” et une réelle défiance. Entre passion et scandale, théorie du complot et chiffres apocalyptiques, les Français ont été déroutés par cette médiatisation ultra-massive… L'épidémie a généré, dans les JT du soir des grandes chaînes (TF1, France 2, France 3, Arte et M6), près de 8.500 sujets au cours du premier semestre 2020, soit “50 sujets en moyenne par jour" selon une étude publiée dans la Revue des médias de l'Ina. Un chiffre démesuré...
Mieux communiquer pour protéger les praticiens et les structures de soins : une nécessité !
Il faut que les professionnels de santé prennent conscience de l’impact de la communication et acceptent de se former. Il faut savoir sortir de son univers et de son environnement scientifique pour communiquer efficacement. La communication n’est pas innée, elle se travaille et demande de l'entraînement au même titre qu’une technique médicale. Media-training, mises en situation, interviews face caméra, prises de parole sur les réseaux sociaux, le panel des “bonnes pratiques” est large et les marges de progression également. La santé est l’affaire de tous et ses thématiques, qui peuvent toucher chacun d’entre nous au plus intime, sont facteurs d’émotion et donc de polémique ! Et dans un cadre aussi réglementé et sensible que la santé, dans ce domaine ou la judiciarisation explose, une communication non maîtrisée peut vite se transformer en crise.
Afin d'éviter de vous mettre en danger lors de prise de parole pourtant nécessaire et pour protéger les structures au sein desquelles vous travaillez ainsi que leur réputation, formez-vous ! Les Français réclament des professionnels de santé plus humains et qui communiquent mieux, et c’est tant mieux, car cela prouve l'intérêt de la population pour la santé.
Poser les bases, simplifier le discours, fuir le jargon médical, écouter et créer une véritable relation de confiance, voilà la clé d’une communication “santé” réussie. En innovant par ailleurs dans le métavers, pourquoi pas ?
Le métaverse : une plus-value pour la communication en santé ?
Le métaverse constitue évidemment un nouvel univers pour la communication, au même titre que les médias sociaux ou les relations médias. Mais, afin de l'intégrer dans de futures stratégies de communication, plus créatives et imaginaires, quelques intrants s'imposent : comprendre la communication, maîtriser ses techniques, former les communicants, créer un cadre fiable et sécurisé… En effet, les perspectives du métaverse sont immenses, mais il y a un enjeu majeur : savoir s’adapter à toutes les cibles et en particulier les personnes les plus éloignées du numérique telles que les personnes âgées.
Le monde médical virtualisé est déjà pleinement présent dans le domaine de la santé et sera encore plus prégnant dans un avenir proche. A l’heure où Mme Cynthia Fleury, titulaire de la chaire de philosophie à l’Hôpital Saint-Anne déclare « le soin est un Humanisme », est-il complètement paradoxal d’attendre du métaverse qu’il soit un outil à forte plus-value dans le domaine de la santé, voire qu’il recrée du lien ? On entend qu’il faut de toute urgence se reconnecter à "la vraie vie"...