Internet par satellite : la connexion haut débit partout et pour tous
Consulter un mail tout en étant connecté à une session Zoom avec, en arrière-plan un réseau social ouvert, semble naturel pour nous mais relève encore du rêve pour 20% de la population mondiale.
Il faut le rappeler : la connexion Internet – surtout le haut débit – n’est pas accessible à tous. En France, seuls 25% des Français y sont connectés, majoritairement en zone urbaine. Dans les campagnes et les zones avec une faible densité de population, les zones blanches sont monnaie courante.
Face à ce triste constat, une lueur d’espoir venue tout droit de l’espace : l’Internet par satellite. Grâce à cette technologie, l’accès à l’Internet haut débit pour tous et partout sera bientôt une réalité.
Comment fonctionne la connexion par satellite ?
L’Internet haut débit par liaison satellite s’appuie sur 3 éléments :
- une parabole située sur le toit du bâtiment à connecter, couplée à un modem, qui émet des paquets de données vers les satellites ;
- un satellite en basse altitude (LEO) ou géostationnaire, qui reçoit les données envoyées par la parabole et retransmet le faisceau au centre de réception terrestre ;
- un centre de réception terrestre, qui renvoie le signal des satellites vers une ligne de fibre optique.
Ainsi, à chaque requête sur le web, les paquets de données vont faire 4 allers-retours de 36 000 KM -soit une distance totale de 144 000 KM.
L’Internet haut débit par satellite, le sésame des oubliés de la révolution Internet
Le réseau satellitaire répond à un problème fondamental de la révolution numérique : connecter les « oubliés » de l’Internet et limiter la fracture numérique. En effet, pour les fournisseurs d’accès à Internet conventionnels, l’installation d’équipements réseau est proportionnellement rentable au nombre d’abonnés éventuels. Installer des antennes-relais ou des câbles de fibre optique dans des zones faiblement peuplées relève donc de l’hérésie économique pour ces opérateurs.
Conséquence pour les entreprises qui se trouvent dans ces régions : impossible d’exploiter pleinement la puissance de l’IoT, du web 4.0 ou encore de l’industrie connectée. Autant dire qu’elles perdent en compétitivité face à leurs concurrentes qui bénéficient d’un abonnement Internet. Et c’est à ces personnes et entreprises que s’adresse en priorité la connexion Internet par satellite.
Grâce à la technologie bidirectionnelle VSAT, les satellites offrent des débits supérieurs à ceux de la VDSL. À titre d'illustration, le débit ascendant maximal fourni par la VDSL est de 8 Mb/s, contre 22 Mb/s pour la VSAT. Mais l’Internet via le réseau satellitaire ne s’adresse pas qu’aux entreprises situées dans des zones blanches ou oranges : il améliore aussi la connectivité des entreprises situées dans des zones connectées à la fibre optique. Par exemple, les responsables informatiques l’incluent fréquemment dans leurs plans PCA/PRA informatique pour effectuer immédiatement des backups en cas de sinistre.
Internet par satellite et opérateurs de télécoms conventionnels : une relation de synergie
Comme évoqué plus haut, les FAI traditionnels et les opérateurs de téléphonie ne peuvent desservir la totalité d’un territoire, faute de rentabilité. C’est pour cela que ces derniers entretiennent des relations de complémentarité – et non de compétition – avec les fournisseurs de l’internet satellitaire. Preuve en est l’accord entre Orange et Eutelsat.
GAFAM, sociétés aéronautiques, FAI… tous présents dans la course à l’espace
La nouvelle course à l’espace attire des entreprises aux profils variés, notamment :
- les opérateurs de satellite, qui mettent en orbite basse des constellations de satellites ;
- les fournisseurs d’accès à internet, qui louent ensuite la bande passante aux gestionnaires de satellites ;
- les distributeurs spécialisés uniquement dans les abonnements internet via le réseau satellitaire ;
- les GAFAM, dont Kuiper de Amazon ou encore Athéna de Facebook, dont les missions sont variées.
À ceux-là, on peut aussi ajouter les pouvoirs publics. En effet, depuis la crise des gilets jaunes en France – en partie liée à la fracture numérique -, les États font tout pour résorber les déserts numériques.
Le marché de l’Internet par satellite, une expansion inarrêtable
En 2021, le marché de l’Internet par satellite était estimé à 3,985 millions de dollars. D'ici à 2030, il devrait monter à 17,431 millions de dollars, selon le rapport « Satellite Internet Market Share, Analysis report and Region Forecast 2022-2030 ».
Preuve de cette croissance future exponentielle : les opérateurs de l’Internet par satellite veulent tous augmenter la taille de leurs constellations spatiales. Que ce soit Starlink de SpaceX et ses 12 000 satellites en orbite d'ici à 2027 ou Amazon Kuiper et ses 3 236 satellites LEO, l’orbite terrestre est vouée à accueillir de plus en plus de satellites.
La latence, le talon d’Achille de l’Internet par satellite
En guise de rappel, chaque requête via un réseau satellitaire parcours 144 000 km. Fatalement, ce voyage atmosphérique entraîne une latence et un ping élevés rendant l’usage de service à faible latence difficile. Les opérateurs de l’Internet satellitaire les plus optimistes prédisent une latence de 20 millisecondes via l’usage des fréquences Ku-bands… contre presque 0 ms pour la fibre optique à l’heure actuelle.
Pour réduire la latence de sa connexion par satellite lorsque cela est crucial pour leur activité, comme dans la finance par exemple, les entreprises doivent choisir un opérateur proposant une infrastructure à faible latence, et possédant de nombreux PoP (Point of Presence), reliant par câble sous-marin tous les centres névralgiques de l’économie moderne : Londres, Francfort, Tokyo, Singapour, New York, Moscou, etc.
Pour les entreprises souhaitant s’implanter dans l’empire du milieu, l’idéal est un opérateur directement connecté aux trois places d’échanges chinoises : Hong Kong, Shenzhen et Shanghai.