Les assurtech boostées à l'IA : l'assurance de demain ?

A l'ère où l'IA révolutionne le monde, des assurtech utilisent ces technologies pour construire l'assurance de demain. Les acteurs traditionnels sont en revanche très majoritairement spectateurs de ce mouvement d'avant-garde, alors qu'il y a urgence à plonger dans le XXIe siècle !

Back to the future … Nous sommes en 1954 en France, à Rouen où le groupe Ancienne Mutuelle devient le premier groupe d’assurances en Europe à se doter d’un ordinateur ! Cette industrie nourrie de chiffres, de tonnes de papiers, de calculs et de tâches souvent répétitives était évidemment le lieu idéal pour que l’informatique y exerce une puissante révolution !

Encore quelques décennies hégémoniques jusqu’à l’aube des années 2000 où malheureusement les architectures IT du siècle passé commencèrent  à montrer quelques signaux faibles d’incompatibilité avec les défis technologiques du XXI ° siècle.

Depuis maintenant plus de 20 ans nous vivons au cœur de la IV° Révolution Industrielle, l’ère digitale où des milliards de personnes sont connectées entre elles, où les datas circulent à la vitesse de la lumière dans des fibres optiques, où notre simple smartphone possède, à lui tout seul, la puissance de calcul qu’il avait fallu pour envoyer les premières fusées dans l'espace !  

La pandémie que nous vivons agit comme un facteur d’accélération de la transformation digitale de notre monde. L‘intelligence artificielle est de plus en plus sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes. Pour projeter ce que sera ce nouveau monde nous puisons tous consciemment ou inconsciemment dans l’univers de la science-fiction.

Malheureusement, entre le gouvernement ultra-préventif de "Minority Report" et le monde "génétiquement puré et protégé du hasard de "Bienvenue à Gattaca", le futur qui émerge du cinéma et de la littérature est bien souvent à même d’alimenter de grandes peurs et de nombreux fantasmes. 
Et pourtant ce qui se joue en ce moment même dans le monde des assurances va profondément bouleverser toute la chaîne de valeur que nous connaissons. À l'avant-garde de ce mouvement, les assuretch, ou insurtech pour les plus anglophiles, sont en train de révolutionner chaque maillon de la chaîne.

Mais, reprenons un peu de hauteur pour bien comprendre le cœur même de l’assurance.

Les actuaires qui sont les gardiens du temple ont pour mission de collecter en grand nombre des données, de les structurer pour analyser le risque puis déterminer le pricing, c'est-à-dire le coût du risque. Une fois l’offre construite, garanties et prix , vous avez un contrat d’assurance qui pourra être distribué à de futurs clients qui auront besoin de se protéger d’un risque. Enfin, le jour où le risque se réalise, l’accident, l’incendie, la maladie, il faut pouvoir ouvrir un sinistre, récolter les données et justificatifs pour indemniser l’assuré.

Les enjeux sont clairement identifiés : traiter des données en très grand nombre, les structurer et les rendre exploitables pour garantir un pricing juste et un service au client de plus en plus digital tout ça dans une échelle de temps de plus en plus courte.bDevant de tels défis, l'intelligence artificielle est à même de rebattre les cartes, et les jeunes start-up qui s’y intéressent l’ont bien compris.

Tout d’abord dans le champ sacré de l’actuariat et du pricing des risques. 

Le cocktail gagnant : big data et intelligence artificielle

Pensez à la startup Akur8 qui grâce à sa technologie promet de "pricer" des risques 10 fois plus vite que des équipes humaines. La solution qu’elle propose va permettre d’allier modélisation du risque et transparence.

Côté gestion des sinistres les enjeux ne sont pas moindre tant pour les compagnies d’assurances que pour les clients. En effet, le risque de fraude à l’assurance représente plusieurs centaines de millions d’euros par an et bien souvent les procédures en place ralentissent le règlement des sinistres pour les bons clients et donnent une perception du service très mauvaise.

Shift Technology propose une solution basée sur l’IA qui détecte les risques de fraude et permet de mieux cibler les fraudeurs et payer plus rapidement les assurés.

Côté client, savoir si on est bien assuré et comparer les contrats proposés par le marché s’avère souvent un exercice impossible. L’émergence de Robot Advisor permet en quelques clics d’être coaché pour comprendre ses risques, comparer les assurances en place. A la clef, être mieux assuré et optimiser son budget annuel d'assurance.

Ce qui était impossible hier le devient aujourd'hui grâce à de nouvelles technologies intelligentes comme les OCR (Optical Character Recognition) capable de lire vos contrats et surtout de détecter des failles. Le traitement massif de données pourra aussi ouvrir la voie à des outils intelligents de "monitoring" des risques en temps réel capable de prévenir des risques prévisibles et assurer de nouveaux risques.

L’IoT n’est pas en reste avec des néassureurs comme Luko qui proposent un logement connecté pour rendre sa couverture plus efficace et le règlement de sinistre plus rapide.

Enfin le grand défi de notre époque, le réchauffement climatique, est une source immense de dommages et pose la question de l’assurabilité de certains risques. La jeune pousse Descartes Underwriting repousse les limites de l’industrie grâce à l'utilisation de l’intelligence artificielle capable d’absorber le traitement intelligent de "mégas données" et de donner naissance à l’assurance paramétrique.

La question n’est donc plus de savoir si l’intelligence artificielle est l’avenir de l’assurance, mais qui détiendra ces technologies et à quelle vitesse ils pourront les faire évoluer grâce au machine learning et l’open data.
Ces nouvelles technologies portées par des insurtech visionnaires bâtissent le futur de l’assurance mais elles ne doivent plus rester seules à l’avant-garde.

Il est urgent que les partenariats et collaborations entre ces acteurs et les assureurs et réassureurs s’accélèrent pour que l’assurance reprenne une place de leader de l’innovation qui fut la sienne au siècle dernier.