L'IA au service de l'écologie collaborative

L'intelligence artificielle (IA) permet le monitoring de CO² en temps réel à partir des voitures connectées.

Dans le cadre du Green Deal mis en place par la Commission Européenne, la France s'engage dans une course à la réduction des émissions de CO². Juridiquement contraignants et malaisés à atteindre, les objectifs de ce Pacte Vert qui ne sont pas négociables, vont exercer sur les Etats et les citoyens une pression croissante.

Un « Permis de conduire vert » ?

L'intelligence artificielle (IA) qui révolutionne notre quotidien et dope l’innovation dans de multiples domaines peut les aider et le secteur automobile est potentiellement l’un des premiers bénéficiaires possibles. En effet, les voitures connectées recueillent une multitude d’informations qu’elle est capable de traiter en temps réel. Elles sont aujourd’hui largement sous-exploitées et les possibilités sont immenses, à commencer par la réduction des émissions de CO² des véhicules.

Déjà réalité chez les constructeurs en quête de compétitivité qui s’en servent pour gagner et fidéliser des clients (sécurité, confort, économie), l’IA pourrait permettre de mettre en place un "permis de conduire vert", qualification à forte valeur ajoutée attribuée sur la base de l’analyse conjointe des données techniques du véhicule et des comportements de son conducteur, recueillies et traitées en temps réel.

Un tel dispositif permettait d'une part d’améliorer la sécurité et la fiabilité des véhicules, par exemple en déterminant l'impact en termes d'usure technique de certains comportements du conducteur, et de mesurer en temps réel leurs émissions de CO² réel pour l’impliquer dans la lutte en faveur du climat.

Étendue à un ensemble de véhicules circulant dans un périmètre donné (voie de circulation, ville, région) cette collecte permettrait l'élaboration de tableaux de situation fiables au bénéfice de toutes les parties prenantes. Ils constitueraient de précieux outils d'aide à la décision en se substituant aux estimations statistiques parfois décorrélées de la réalité ou obsolètes actuellement utilisées en matière d'aménagement urbain.

Source : Émissions de CO2 des voitures : faits et chiffres (infographie) | Actualité | Parlement européen (europa.eu)

Une amélioration de la prévention des incidents et accidents grâce à l’IA

Plus de 10 millions de voitures connectées circulent aujourd’hui en France, un nombre en augmentation de plus de 200% depuis 2017 (données 2022). Quasiment toutes sont équipées de capteurs qui collectent en temps réel des données relatives au comportement du conducteur, l’état de son véhicule, l’environnement de la conduite, etc... Ce sont autant d’informations utiles pour améliorer l'efficacité énergétique, la performance et la sécurité du véhicule et faciliter la maintenance. 

De tels véhicules, intégrant des technologies avancées offrant des services toujours plus sophistiqués à leurs utilisateurs, sont un facteur de sécurité pour ceux qui les conduisent. Ils sont désormais capables de détecter des anomalies et des situations dangereuses, prévenant ainsi certains accidents. 

L’IA peut aussi servir à anticiper la survenance de problèmes techniques. Elle permet en effet de détecter des anomalies ou des signes avant-coureurs de dysfonctionnements et d’alerter le conducteur ou le garagiste avant que la panne ne se produise. Il est démontré qu’une telle veille prédictive réduit le coût des réparations, augmente la durée de vie des équipements et celle des véhicules tout en limitant le risque d'accident dû à une défaillance mécanique pendant un trajet.

L’analyse d'une panne par l'IA permet d’en identifier rapidement la cause et de réduire le temps et le coût de la réparation. Elle fournit des informations appréciées par toutes les parties prenantes -: utilisateurs, assureurs, garagistes et même constructeurs - en cas de contentieux.

Rappelons aussi que la Commission européenne a défini en 2021 un ensemble de mesures législatives appelé "Fit for 55" qui se réfèrent à l'objectif de l'Union de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % d'ici à 2030. Au premier semestre 2023, le Parlement Européen en a approuvé plusieurs volets. Il y a donc urgence à tout mettre en œuvre et travailler ensemble pour s’y conformer. Un véhicule connecté dispose pour cela d’avantages indéniables si on le dote de fonctionnalités telles que la surveillance en temps réel de ses émissions de CO².

On peut enfin envisager d’utiliser les données recueillies par un ensemble de véhicules pour en organiser la circulation de façon à réduire les embouteillages et donc les émissions de gaz d'échappement par la mise en place d’une optimisation du trafic routier en temps réel.

L’instrument d’une politique d’éducation à la conduite écologique et responsable.

Le « Permis Vert » peut être aussi un outil pédagogique. En effet la connaissance en temps réel des émissions de CO² générées par son véhicule mettra en évidence pour le conducteur leur lien avec son comportement au volant pendant son trajet. Cela peut l'inciter à adopter une conduite plus écologique.

Imaginons que l’on dispose sur les sites web de nos mairies, départements et régions de cartes précises et en temps réel des émissions de CO² sur leur territoire dont chacun pourrait prendre connaissance pour adapter son comportement dans le but de les diminuer. Imaginons des usagers agréablement surpris de voir le montant de leur péage ou de tarif de stationnement réduit, ou bénéficiant d’une baisse d’impôt en récompense d’une conduite vertueuse qui a contribué efficacement à la lutte en faveur du climat. Imaginons aussi que l’on puisse sanctionner les comportements condamnables.

Tout cela devient possible si l’on fournit en temps réel aux conducteurs, grâce au système embarqué basé sur l’IA, qui équipe leur véhicule, toutes les informations dont ils ont besoin pour choisir en fonction de la capacité de leur réservoir de carburant le meilleur itinéraire et la meilleure façon de conduire pour gagner leur destination. Dans le cas d’une voiture électrique, l’IA peut de la même manière leur permettre d’optimiser de manière semblable la charge initiale et les besoins de recharge de leur batterie et donc de limiter leurs dépenses et rallonger sa durée de vie, tout en évitant des surconsommations sur l’ensemble du réseau.