Le Sommet pour l'action sur l'IA se conclut par une passe d'armes UE / Etats-Unis

Le Sommet pour l'action sur l'IA se conclut par une passe d'armes UE / Etats-Unis Au second jour du volet international du Sommet sur l'IA, chefs d'Etat, représentants diplomatiques et chefs d'entreprise du monde entier se sont réunis en session plénière.

Suite et fin ! Le Sommet pour l'action sur l'IA s'est achevé ce mardi au Grand Palais à Paris, après avoir réuni une flopée de chefs d'Etat et CEO. Le vice-président américain J.D. Vance, le Premier ministre indien Narendra Modi, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen,  Sam Altman CEO d'OpenAI, Demis Hassabis CEO de Google DeepMind, Dario Amodei CEO d'Anthropic et Arthur Mensch de Mistral AI .étaient notamment présents pour clôturer les échanges. 

Le vice-président américain tacle l'Europe

Le vice-président américain J.D. Vance a rapidement ouvert les hostilités. Dans un discours offensif, le numéro deux des Etats-Unis a critiqué l'approche européenne de la régulation de l'IA, qu'il juge trop contraignante : "Nous invitons vos pays à travailler avec nous mais l'administration Trump est préoccupée par les informations selon lesquelles certains gouvernements étrangers envisagent de serrer la vis des entreprises technologiques américaines." Il s'en est pris aux différentes réglementations, déplorant que les entreprises américaines soient "forcées de composer" avec ces textes notamment sur la modération des contenus. Un point sur lequel il a particulièrement insisté : "C'est une chose d'empêcher un prédateur de s'en prendre à un enfant sur Internet, c'en est une autre d'empêcher un homme ou une femme adulte d'accéder à une opinion que le gouvernement considère comme de la désinformation."

Le numéro deux américain a défendu les priorités de son administration. Parmi les axes majeurs énoncés, la lutte pour la liberté d'expression la plus totale. "L'IA doit rester libre de tout biais idéologique" sans devenir "un outil de censure autoritaire", a-t-il expliqué. Sur la question de l'emploi, la position américaine est claire : "L'IA ne va pas remplacer les êtres humains. Elle ne remplacera jamais les êtres humains." Et d'ajouter : "L'IA, nous en sommes convaincus, va nous rendre plus productifs, plus prospères et plus libres." Vance a par ailleurs réaffirmé la détermination de l'administration Trump à maintenir le leadership américain dans le domaine, rappelant que "les Etats-Unis possèdent tous les composants de la chaîne de valeur de l'IA, de la conception avancée des semi-conducteurs aux algorithmes de pointe", et en rappelant que sur les 700 milliards de dollars qui devraient être investis dans l'IA d'ici 2028, plus de la moitié le seront aux Etats-Unis.

J. D. Vance, vice-président des Etats-Unis. © Capture d'écran / JDN

200 milliards d'euros pour l'IA européenne

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a riposté aux critiques du vice-président américain J.D. Vance en dévoilant une vision offensive pour l'Europe. "Je ne suis pas d'accord. La course ne fait que commencer", a-t-elle lancé face aux accusations de retard européen dans la course à l'intelligence artificielle. Pour répliquer aux annonces américaines du projet Stargate, Ursula von der Leyen annonce alors un investissement massif de 50 milliards d'euros de la part de l'UE qui, combiné aux 150 milliards d'euros du secteur privé, vise à mobiliser un total de 200 milliards d'euros pour le développement de l'IA au sein du Vieux continent. Une réponse musclée au discours américain qui serait, selon la présidente, "le plus grand partenariat public-privé mondial" dans le domaine de l'IA.

Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne. © Capture d'écran / JDN

Face à la pression américaine, la présidente a détaillé une stratégie reposant sur trois piliers : l'adoption de l'IA dans des applications industrielles complexes, une approche coopérative rassemblant les talents de différents pays, et un engagement fort envers l'open source. La Commission entend également simplifier la réglementation européenne avec des règles uniques pour les 27 Etats membres.

Current AI : une fondation dédiée à l'IA de confiance 

A l'occasion de cette dernière journée du Sommet, un nouveau partenariat pour démocratiser l'intelligence artificielle a été détaillé : Current AI. Le projet, sous la forme d'une fondation, vise à garantir que l'IA serve véritablement l'intérêt général en la rendant plus accessible à tous. "Trop souvent, l'intérêt public reste quelque chose auquel on pense un petit peu trop tard", explique Martin Tisné, reponsable de l'AI Collaborative, une initiative créée pour aider à réguler l'intelligence artificielle sur "la base de valeurs et de principes démocratiques." Curent AI réunira gouvernements, chercheurs et organisations de la société civile autour de trois objectifs concrets : faciliter l'accès à des jeux de données publics de qualité, développer des outils en open source et évaluer l'impact social et environnemental de l'IA. 

En parallèle et face aux défis de la consommation énergétique de l'Intelligence artificielle, l'Agence Internationale de l'Energie annonce le lancement d'un observatoire mondial dédié à l'énergie et l'IA en avril prochain. L'initiative vise à cartographier et analyser l'impact énergétique des data centers. L'observatoire fonctionnera en open source et a pour objectif de solutionner "le décalage entre la rapidité de construction des centres de données et le déploiement des infrastructures électriques nécessaires".

Emmanuel Macron clôture sur un "réveil européen"

En clôturant le Sommet, Emmanuel Macron a dressé le bilan des dernières annonces : 109 milliards d'euros d'investissements privés en France dans l'IA et 200 milliards au sein de l'UE. Pour le Président, ces montants témoignent d'un véritable "réveil européen" face à la compétition internationale.

Au-delà des investissements, Emmanuel Macron donne un cap pour les prochains mois avec trois axes majeurs : l'innovation et l'accélération, la construction de la confiance, et la nécessité d'un "multilatéralisme pluriel" dans la gouvernance de l'IA. Le sommet s'est finalement conclu sur une annonce du Premier ministre indien Narendra Modi : l'Inde accueillera la prochaine édition de l'AI Action Summit.