DeepIP lève 13 millions de dollars pour son IA qui rédige les brevets deux fois plus vite
L'avenir de la propriété intellectuelle passera, lui aussi, par l'IA. Et DeepIP l'a bien compris. La jeune start-up franco-américaine fondée il y a trois ans développe un système d'IA visant à automatiser, en partie, la rédaction de brevets. Le but ? Dégager du temps et de l'argent pour les cabinets spécialisés en propriété intellectuelle et les grands groupes.
DeepIP a été fondée au sein de Key Technology, entreprise spécialisée dans la data pour améliorer la qualité des modèles. Depuis sa création, DeepIP a ciblé la propriété intellectuelle, un domaine qui avait le double avantage d'être spécialisé et épargné par l'automatisation. Le secteur est "massivement basé sur l'écrit, et les limites cognitives humaines y créent des inefficiences majeures. Il existe énormément de brevets qui sont mal rédigés, de qualité insuffisante, et qui ne protègent pas efficacement les inventions sous-jacentes", explique François-Xavier Leduc, CEO et cofondateur de l'entreprise.
Rédaction des brevets et des lettres de réjection
DeepIP a déjà développé deux produits complémentaires. Le premier, commercialisé il y a environ un an, est un assistant de rédaction intelligent qui s'intègre directement dans l'environnement de travail des juristes. Le copilote s'intègre dans Microsoft Word et permet d'économiser jusqu'à 50% du temps de rédaction. Un gain de temps mais également financier pour les grands groupes. "Aux Etats-Unis, une heure d'avocat coûte 500 dollars, contre 300 euros en Europe. Donc, à ce niveau-là, on parle d'économies concrètes : entre 2 000 et 6 000 euros pour la rédaction d'un brevet", estime François-Xavier Leduc.
Le second produit, lancé il y a quatre mois, est dédié à la prosécution. "Une fois que vous avez déposé un brevet, les instances de régulation vont l'analyser et vous indiquer s'il n'est pas valide pour différentes raisons. Les avocats doivent alors adresser ces objections", précise le CEO. La solution permet, là encore, de gagner 30 à 40% du temps de rédaction des lettres de réjection.
Techniquement, la solution DeepIP repose sur une architecture complexe combinant plusieurs modèles d'intelligence artificielle générative. "Nous utilisons deux modèles de langage fondamentaux sur différentes étapes de la rédaction. Ces derniers sont complétés par des modèles de qualité qui évaluent chaque génération et relancent le processus jusqu'à ce que le résultat corresponde à nos critères", explique François-Xavier Leduc.
15 millions pour accélérer le go-to-market
Pour avancer plus rapidement vers le marché, DeepIP vient de lever 13 millions de dollars en série A plus 2 millions de dette auprès d'investisseurs de renom tels que Resonance, Headline (déjà présent chez Mistral AI), Serena Capital (Dataiku) et Balderton Capital. De nouveaux fonds qui serviront principalement à accélérer la commercialisation des solutions et le développement de nouveaux produits, toujours dans la propriété intellectuelle. L'entreprise renforce actuellement ses équipes de vente des deux côtés de l'Atlantique. "Nous venons de recruter trois personnes aux Etats-Unis et deux autres sont en cours d'intégration. Nous étoffons également notre équipe en France pour adopter une démarche plus proactive et structurée sur le marché", annonce encore le CEO.
Le développement technologique constitue l'autre priorité majeure. "Notre plan est de doubler notre équipe technique ce trimestre," précise le dirigeant. Et d'ajouter : "D'ici trois mois, nous doublerons encore nos effectifs tant sur le produit que sur la commercialisation." Avec 80% de son chiffre d'affaires actuellement réalisé outre-Atlantique, l'entreprise, qui a déjà conquis les plus grands cabinets américains spécialisés en propriété intellectuelle, compte maintenant renforcer sa présence en Europe, un marché qui représenterait environ 30% de la valeur mondiale du secteur. Et les chiffres sont déjà là. En seulement trois mois, "l'entreprise a réalisé 50% de sa croissance enregistrée sur l'ensemble de l'année 2024".