Meta AI et données personnelles : l'envers du décor
Meta AI est le ChatBot IA qui collecte le plus de données utilisateurs. Ces derniers peuvent-ils encore reprendre le contrôle sur leurs informations privées ?
Applications utilisées quotidiennement par des milliards de personnes, Facebook, Instagram, Messenger et Whatsapp ont un point commun : elles appartiennent à Meta, un géant du web dirigé par son principal fondateur, Mark Zuckerberg. Si Meta n’a jamais été exemplaire dans le traitement des données des utilisateurs, la récente intégration d’une Intelligence Artificielle (IA) conversationnelle dans certaines de ses applications ne devrait qu'aggraver un peu plus la perte de contrôle des utilisateurs.
Meta AI : un assistant au service des utilisateurs…
Meta AI est apparue dans un premier temps aux États-Unis en 2023, puis en France début 2025. Fin janvier dernier, un communiqué de Meta indiquait que cette technologie comptait déjà plus de 700 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Meta AI repose sur le modèle de langage LLaMA (Large Language Model Meta AI) élaboré par Meta. Ce chatbot amélioré se positionne en tant qu’assistant conversationnel. Il conseille les utilisateurs, leur fournit des informations et leur propose des recommandations. Les utilisateurs peuvent également l’utiliser pour générer du contenu (résumé de texte, image, etc). Meta AI veut se différencier de ses concurrents via la personnalisation des contenus proposés grâce à l’analyse des comportements et des interactions des utilisateurs. Selon une récente étude, cet outil est le ChatBot IA qui recueille le plus de données sur les utilisateurs, avec 32 types de données sur 35, soit plus du double de la moyenne (13).
… Ou le bras droit de Meta ?
La messagerie Whatsapp, qui comptait 3 milliards d’utilisateurs dans le monde au premier trimestre 2025, a accueilli Meta AI il y a quelques semaines. En ouvrant l’application, les utilisateurs ont découvert un cercle bleu en bas à droite de leur écran. Lorsqu’ils cliquent dessus, une conversation peut commencer avec cet assistant qui ne fait pas l’unanimité. En effet, Meta prévoit d’utiliser les vidéos, photos ou commentaires de certains utilisateurs de Whatsapp afin d’entraîner ses modèles d’IA. Ce projet avait été annoncé en 2024 mais suspendu ensuite par l'autorité irlandaise de protection des données (DPC) qui remettait en cause la transparence du traitement de données. Les Européens ne sont pas les seuls à s'interroger sur ces pratiques. En juillet 2024, le Brésil avait demandé à Meta de ne plus utiliser les données des citoyens brésiliens pour entraîner de ses modèles.
Les utilisateurs de Whatsapp s’inquiètent du respect de leur vie privée et craignent également que leurs données personnelles, communiquées lors de discussions avec Meta AI, soient utilisées à des fins commerciales, publicitaires ou exposées publiquement en cas de cyberattaque. Meta AI considère l’absence de réaction des utilisateurs comme un consentement implicite. Or, le Règlement Général de Protection des Données (RGPD) impose l’obtention d’un consentement explicite pour tout traitement de données personnelles.
Reprendre le contrôle
Comment permettre aux utilisateurs de reprendre facilement et à long terme le contrôle de leurs données ? Le moyen le plus simple est aujourd’hui de leur suggérer de ne pas interagir avec Meta AI - qui ne s’active qu’une fois qu’il a été sollicité. S’il existe un formulaire pour s’opposer à cette fonctionnalité, il est difficilement accessible et relève de “dark patterns”, une interface qui a été volontairement conçue pour tromper ou manipuler un utilisateur.
Pour être certain d’échanger en toute tranquillité avec leurs proches ou leurs collègues, les utilisateurs peuvent également opter pour une autre messagerie comme Signal (70 millions d’utilisateurs) ou Telegram (950 millions d’utilisateurs). Ces deux applications ont enregistré une hausse significative de téléchargements ces dernières années, notamment grâce à des fonctionnalités qui assurent une sécurité maximale des données personnelles (chiffrement de bout en bout, aucune collecte de données, pas de publicité ni traqueur, etc). Preuve que pour certains utilisateurs, la confidentialité de leurs données reste primordiale.