Depuis Paris, Jensen Huang pousse l'Europe à accélérer sur l'IA
J-Day pour Viva Tech. Le rendez-vous annuel de la tech européenne s'est ouvert ce 11 juin sous le signe de l'automatisation, à grands renforts d'agents intelligents et de robotique. De quoi faire, cette année encore, la part belle à l'intelligence artificielle. Et qui de mieux que Nvidia pour incarner cette tendance ? Le spécialiste des puces a tenu son GTC européen à proximité directe du salon, avec en point d'orgue la venue sur scène de Jensen Huang, son CEO charismatique.
L'IA agentique et la robotique, fer de lance de Nvidia
Dans un discours assez visionnaire, Jensen Huang a présenté l'IA comme une nouvelle infrastructure industrielle, comparable à l'électricité et à Internet. "Ces centres d'IA ne sont pas des centres de données classiques, mais des usines de génération d'intelligence", explique-t-il en évoquant notamment le projet Stargate. Nvidia voit ces infrastructures comme de véritables sites de production, capables de générer du token en masse (voir notre article Les "IA factories", futur moteur d'une nouvelle révolution industrielle). Le PDG de Nvidia a également rappelé l'engagement européen dans l'intelligence artificielle notamment en France, en Allemagne ou encore en Italie. "L'Europe s'éveille à l'importance des infrastructures d'IA", estime-t-il, prédisant une augmentation de facteur 10 de la capacité de calcul IA dans les deux prochaines années au sein du vieux continent.
Sur le front de la robotique, verticale de plus en plus prégnante au sein de Nvidia, Jensen Huang a également détaillé la vision globale de l'entreprise. La stratégie repose désormais sur la création de robots intelligents, passant des modèles logiciels à des systèmes physiques autonomes. Par la simulation massive, Nvidia entraîne ses agents dans des centaines de milliers de scénarios, leur permettant d'apprendre et de s'adapter avant toute interaction réelle. Au lieu de programmer des comportements rigides, Nvidia veut construire des systèmes capables d'apprentissage dynamique. Jensen Huang en est sûr, l'automatisation passera assurément par la robotique.

Lors d'un échange avec des journalistes spécialisés, dont le JDN, le PDG de Nvidia a ensuite livré sa vision de l'IA comme "le plus grand égalisateur que le monde ait jamais créé". Sur la sécurité, Jensen Huang prône la transparence : "Si vous voulez que les choses soient faites de manière sûre et responsable, vous le faites au grand jour. Pas dans une pièce sombre", en taclant entre les lignes Anthropic.
"Avec l'IA, tous les emplois seront transformés, y compris le mien"
Huang prédit une transformation complète de l'emploi : "Je crois que tous les emplois seront transformés, y compris le mien." Il envisage non pas une disparition massive d'emplois mais leur évolution : "Certains emplois deviendront obsolètes, mais beaucoup vont être créés." Sa logique : les entreprises plus productives embauchent davantage.
Sur l'AGI, cette super IA capable d'égaler les capacités humaines, le CEO prévoit son arrivée dans moins de cinq ans. "La définition exacte de l'AGI n'est pas complexe du tout. Nous vous donnons une série de tests, et nous disons : quand vous réussissez tous ces tests - mathématiques, anglais, raisonnement, droit, médecine, toutes ces choses - mieux que n'importe quel humain, vous êtes une AGI. C'est facile à accomplir. Nous l'accomplirons en moins de cinq ans", lance avec assurance le dirigeant.
Un partenariat stratégique Mistral / Nvidia
Lors de cette première journée déjà très chargée, Mistral AI et Nvidia ont ensuite détaillé, sous l'œil du président de la République, un partenariat historique visant à propulser l'intelligence artificielle européenne. Mistral AI va déployer 18 000 puces Nvidia Blackwell, représentant un investissement potentiel d'un milliard d'euros, pour créer la première infrastructure d'IA européenne totalement indépendante. "L'intelligence d'un pays ne peut pas être simplement importée", a martelé Jensen Huang, rappelant la nécessité d'acteurs nationaux dans l'IA.

L'infrastructure, qui devrait être déployée en région parisienne, vise à offrir aux entreprises européennes un écosystème souverain et sécurisé. Plusieurs grands comptes ont déjà manifesté leur intérêt. "J'étais au bureau du Président pour lui présenter cette idée. J'ai expliqué à monsieur le Président qu'Arthur et Mistral avaient besoin du soutien des grandes entreprises françaises. Sa réaction a été immédiate : 'Laissez-moi les appeler.' En quelques jours, les grands groupes français se sont mobilisés en masse. C'est remarquable de voir comment l'écosystème économique français peut se mobiliser aussi rapidement", se souvient Jensen Huang.
Pour Emmanuel Macron, l'IA est un "combat pour la souveraineté et l'autonomie stratégique", une opportunité de "préserver notre intelligence et notre diversité". Le Président voit dans cette alliance non seulement un moyen de renforcer l'écosystème tech français, mais surtout de construire une alternative crédible aux géants américains du cloud.