Vivatech 2025 : le rendez-vous de la boring tech ?

C'était donc un Vivatech très sage et raisonnable auquel nous avons pu assister il y a quelques jours, Porte de Versailles à Paris. L'heure est au bilan.

Il fut bien entendu généreusement nappé d'Intelligence Artificielle ! Mais l’on peut se demander : puisqu’elle est intégrée partout désormais, ne deviendrait-elle pas gentiment un absolu non sujet ? Et bien qu’il fut également saupoudré de Generative AI, les quelques cas d’usage présentés sont tellement niches, qu’il est aujourd’hui toujours impossible de se projeter sur des impacts à grande échelle. Quant-à l’agentique, les exposants les plus honnêtes ne l’ont citée qu’avec parcimonie, en ce que, disons-le, personne n’a encore proprement intégré cette technologie. D’ailleurs, en creusant bien, pleins de produits présentés comme "agentiques" se résumaient en réalité à du script et de la routine d'automatisation… Décevant.

Citons en outre les “plateformistes” et les “cloudistes”, qui avaient naturellement massivement répondu à l’appel de la Grand Messe de l’innovation tricolore, et qui n’ont finalement fait que rappeler qu’ils vendaient encore et toujours du compute, du storage, de la fiabilité de la performance. Bref, on tire encore les câbles de partout en attendant de trouver la gouvernance qui marche.

On y aura également appris, ou plutôt ré-entendu, que le SaaS se consolide, et que les GAFAMs promettent de tout intégrer dans un parcours agentique avec la fin du navigateur, du web sémantique et de la search. On cherche donc de la niche et du BtoB pointu côté startups, si possible avec du capteur amassant de la donnée propriétaire, et une dimension hardware difficile à copier via LLM.

N’oublions pas non plus les consultants, grands soucieux du cas d’usage, et ultra confiants dans la capacité de la GEN AI pour donner aux équipes le grain de folie qui leur manquait pour repeindre leurs présentations de couleurs plus chatoyantes.

Enfin, dans cet âge d'anxiété géopolitique et de post-mondialisation, les grandes entreprises vendent des solutions responsables, éco-conçues et souveraines : du familier et du rassurant. Des repères dans un monde en plein bouleversement.

La crise d'adolescence de la disruption semble bel et bien passée, et avec elle le frémissement de la première course en Uber, de la gueule de bois post GAFAMS, de la lente descente aux enfers d'Elon Musk, et de la fin actée de la free money. On ne peut pas nier pour autant que cette soudaine maturité aura au moins fait du bien à notre santé mentale… Mais on reste sur notre faim. Vivement les futurs Vivatech marqués par le développement de l’informatique quantique !