La fin des interfaces ? C'est déjà en cours

La voix et l'IA transforment les interfaces en prompts naturels, libérant les usages et redéfinissant le rôle de la DSI, qui doit préserver souveraineté et agilité dans cette révolution numérique.

Les interfaces nous coûtent cher. Très cher. Rien que le développement d’applications métier sur mesure, ces outils aux interfaces souvent rigides, aux workflows complexes, représentera près de 99 milliards de dollars par an d’ici 2028[1], selon les projections du marché mondial du logiciel sur mesure (Une dépense massive, portée par les DSI, souvent sous-estimée, pour fabriquer des écrans qu’on devra ensuite apprendre, maintenir, refaire. Et si on sortait de ce modèle ?

Parler plutôt que cliquer

La voix s’impose comme interface naturelle. Ce n’est plus de la science-fiction. Chez soi, on dicte un message, on règle une alarme, on lance sa musique. Pourquoi, au travail, rester prisonnier de formulaires grisonnants ? Pour les front-line workers sans bureau ni clavier, c’est une libération. Dire "montre-moi les stocks" ou "crée une fiche d’intervention" remplace dix clics, à condition que l’outil comprenne. Et les agents conversationnels dopés à l’IA commencent à y parvenir

Le formulaire est mort, vive le prompt

Le formulaire est un vestige. Un héritage du papier, transposé en numérique sans réinvention. On passe son temps à naviguer de champ en champ, à deviner ce que le système attend. Le prompt casse ce carcan. On dit ce qu’on veut. Et le système s’adapte. C’est moins de rigidité, plus d’élan. On ne remplit plus un cadre, on déclenche une action. Moins d’effort cognitif. Plus de plaisir.

Les bases de données sont trop sérieuses

On a longtemps cru qu’il fallait être ingénieur pour parler à une base de données. Puis est venu Excel, et tout le monde s’est mis à manipuler des tableaux croisés. Aujourd’hui, on va plus loin : on interroge ses données par la langue. Un prompt, une intention, une réponse. Plus besoin de savoir comment écrire une requête ou configurer un rapport. La donnée devient vivante, personnelle, contextualisée. Elle répond. Elle propose. Elle assiste.

Agents intelligents, collègues invisibles

Les agents IA ne remplacent pas les humains. Ils nettoient le terrain. Ils préparent, résument, rappellent, automatisent les gestes chronophages. Ce sont des collègues invisibles, utiles et sobres.

Un nouveau rôle pour la DSI : libérer les usages

C’est ici que le rôle des DSI se transforme. Historiquement, elles développaient ou faisaient développer des applications métiers à la chaîne, avec une interface pour chaque besoin, un outil pour chaque service. Résultat : des silos d’usages, des lourdeurs, des frictions. Mais désormais, la nouvelle valeur réside ailleurs. Il ne s’agit plus de fournir des outils, mais de créer les conditions pour que les utilisateurs puissent dialoguer avec leur environnement numérique. La DSI devient l’architecte d’un socle intelligent : une plateforme ouverte à la voix, aux prompts, aux agents. Une infrastructure souple et adaptable, où chacun peut agir selon ses habitudes, sans avoir à réapprendre une interface à chaque fois.

C’est une révolution tranquille : celle de l’autonomie. Moins d’apps, plus de capacités. Moins de rigidité, plus d’agilité. La DSI ne construit plus des murs fonctionnels, elle trace des chemins pour que chacun puisse avancer plus vite.

Souveraineté : ce n’est plus négociable

Mais cette nouvelle architecture a un revers. Plus l’IA devient centrale, plus elle capte de données sensibles, plus elle façonne les décisions. Ce n’est pas juste une question technique. C’est un enjeu de contrôle, de résilience, de liberté. Externaliser ces briques à des acteurs non maîtrisés met en péril le contrôle et la résilience des organisations. En 2025, la souveraineté numérique n’est plus optionnelle : elle est vitale. Les modèles, les agents, l’IA doivent s’inscrire dans un cadre maîtrisé, auditable et aligné avec les valeurs de l’entreprise et du pays.

Une autre économie du numérique

Développer une application métier coûte cher. Et ce n’est que le début : mise à jour, maintenance, formation, documentation… Chaque app est une dette technique en puissance. Les interfaces pilotées par l’IA offrent une alternative : une approche plus modulaire et évolutive. On ne développe plus des écrans, mais des capacités. On équipe des agents plutôt que de déployer des procédures. Résultat : moins de coûts, plus de souplesse, et une adoption plus naturelle.

La prochaine révolution collaborative ne viendra pas d’un meilleur design, mais de la disparition de l’interface elle-même. Demain, on parlera à un assistant et il agira. Reste à s’assurer qu’il soit bien le nôtre.

[1] Source : GlobeNewswire, 2024).