Chez OpenAI, des Français à tous les étages
Mais pourquoi donc les Français sont-ils aussi nombreux chez OpenAI ? Car l'arrivée de Fidji Simo, ancienne CEO d'Instacart, à la direction des opérations de l'entreprise masque un phénomène plus large : qu'ils soient chercheurs, ingénieurs ou cadres, les Français font partie des nationalités les plus représentées à des postes stratégiques dans l'entreprise. Une French touch qui intrigue mais qui ne doit rien au hasard.
Des postes clés sous direction française
La concentration française chez OpenAI ne relève pas de l'anecdote. Elle traverse toutes les strates de l'organisation : de la recherche fondamentale avec Sébastien Bubeck (research lead) aux interfaces produit pilotées par Olivier Godement (head of product, API platform), en passant par l'expérience développeur coordonnée par Romain Huet (connu et reconnu par la majorité des développeurs) aux côtés de Katia Gil Guzman (membre clé de l'équipe développeur experience) avec Adrien Ecoffet (chercheur). Sans oublier Sara Conlon, responsable de l'ingénierie financière.
La présence française s'étend jusqu'aux politiques publiques, où trois Français structurent la stratégie européenne d'OpenAI : Martin Signoux (AI policy lead Europe), Julie Lavet (directrice EMEA des relations institutionnelles) et Ludovic Peran (policy research). Enfin, plus parlant encore, le français Arnaud Fournier, basé à Paris, est responsable d'une équipe dédiée aux développement de produits OpenAI en lien avec les partenaires de l'entreprise (Forward Deployed Engineers). Une escouade d'ingénieurs composée en majorité de profils issus du bureau parisien d'OpenAI.
La diaspora française de l'IA
Mais comment OpenAI est-il parvenu à recruter autant de talents issus de l'Hexagone ? La réponse tient, selon nos informations, en deux explications. La première est classiquement l'excellence de la formation à la française, mais aussi de son volume. Que ce soit Polytechnique, CentraleSupélec, Télécom Paris, l'ENS, ou encore Mines Paris, chaque année, les grandes écoles et universités françaises produisent un vivier exceptionnel de chercheurs et d'ingénieurs à très forte dominante mathématique : un réservoir de talents rare à l'échelle mondiale.
Plus que leur connaissance théorique, c'est également l'esprit créatif français qui est recherché par nombre d'entreprises d'intelligence artificielle dont OpenAI, nous explique une source bien informée. Les talents français se distinguent par leur capacité à conjuguer une formation mathématique exigeante et une ouverture interdisciplinaire, les rendant particulièrement à l'aise dans la transition entre recherche fondamentale et mise en œuvre opérationnelle, avance encore notre source.
Des profils nombreux et bien formés, qui choisissent souvent de s'expatrier pour jouer toutes leurs cartes à l'étranger, là où on sait payer l'excellence. La diaspora française de la tech a, en effet, fini par devenir le meilleur atout… des entreprises américaines. En entretenant des liens étroits entre anciens diplômés, elle facilite aujourd'hui le départ des jeunes ingénieurs français vers la Silicon Valley, renforçant un cercle vertueux pour l'écosystème de l'IA autour de San Francisco. Un French touch qui infuse directement chez OpenAI, notamment sur les usages et les discussions autour des choix stratégiques au sein du Vieux continent, selon des éléments que nous avons pu recueillir.
OpenAI mise sur la France
OpenAI assume pleinement ce tropisme français et compte bien l'amplifier. "Ce qui est assez intéressant, c'est qu'on a beaucoup de Français chez OpenAI, à tous les niveaux de séniorité. Dans mon équipe en particulier, on en a beaucoup, aux Etats-Unis comme en France. Ce n'est pas un hasard, c'est lié à la qualité des talents et de la formation qu'on a en France", confirme Arnaud Fournier. L'entreprise voit dans la France un vivier stable de compétences rares et une passerelle naturelle vers l'Europe. Et Arnaud Fournier d'ajouter : "Le bureau de Paris est devenu un mini-hub technique pour nous. C'est plus facile d'intégrer des profils, de les développer. La France va naturellement devenir un hub important pour OpenAI, notamment sur la partie technique."
Pour les ingénieurs et chercheurs concernés, un passage chez OpenAI constitue un accélérateur de carrière sans équivalent : exposition à des projets de pointe, reconnaissance internationale, et surtout un effet de prestige considérable sur le CV. De quoi maximiser leur valeur sur le marché, que ce soit pour rebondir chez un autre géant de la tech, lever des fonds pour une startup, ou négocier des conditions premium ailleurs. Un tremplin redoutable qui, paradoxalement, alimente aussi la fuite des cerveaux.