J'ai testé pour vous COMET, le navigateur boosté à l'IA de Perplexity

JulienRio.com

Test sur plusieurs semaines du navigateur COMET et partage de résultats.

Pourquoi ai-je voulu tester Comet, le nouveau navigateur AI de Perplexity

Je suis passionné par les nouvelles technologies et, plus particulièrement, par l’intelligence artificielle. Au fil des années, j’ai testé de nombreux outils basés sur l’IA : ChatGPT, Gemini, NotebookLM de Google, DeepSeek, et même brièvement Claude. Chacun m’a offert une expérience unique, mais j’ai toujours été à la recherche de solutions qui puissent réellement transformer notre manière d’interagir avec l’information.

Lorsque j’ai découvert le lancement de Comet, le nouveau navigateur de Perplexity basé sur l’IA, suite à l’excellente présentation de Ludovic Salenne, j’ai immédiatement voulu le tester. Mon objectif était simple : me faire une opinion éclairée sur cette technologie prometteuse et comprendre ce qu’elle pouvait apporter de différent dans l’écosystème déjà riche des outils d’intelligence artificielle.

Qu'est-ce que j'ai fait concrètement ?

La première étape a été simple : j’ai téléchargé Comet, un outil gratuit, incroyablement bien conçu. Ce qui m’a frappé, c’est la transition fluide entre Google Chrome et Perplexity. En quelques clics seulement, Comet a pu absorber tout ce que j’avais accumulé dans Chrome au fil des années : mes tabs, mes sessions, mes mots de passe, toutes mes informations. Tout était pré-connecté et pré-rempli dès que j’interagissais avec un formulaire.

Bien sûr, quelques ajustements ont été nécessaires : certains mots de passe ou formulaires ont dû être renseignés manuellement, mais dans l’ensemble, la migration a été rapide et efficace.

Pour aller plus loin, j’ai pris un abonnement à la version Pro (20 dollars par mois). Cela m’a permis de tester toutes les fonctionnalités de Comet, et surtout l’outil qui m’a semblé le plus révolutionnaire : l’assistant de Comet, basé sur l’Agentic AI.

Ce que j'ai testé
L’utilisation classique du navigateur

Mon tout premier test n’avait rien à voir avec l’Agentic AI. Il s’agissait simplement de l’utilisation du navigateur. Dans les grandes lignes, Comet est très proche de Chrome : rien n’est déroutant, beaucoup de fonctionnalités sont similaires, et on s’y retrouve très vite. C’est comme être à la maison.

Mais la vraie différence réside dans la gestion des tabs. Je ne sais pas comment vous organisez votre Google Chrome, mais chez moi, il y a toujours entre 5 et 10 fenêtres ouvertes, chacune contenant 3 à 15 tabs. Avec le système actuel de Chrome, retrouver une table spécifique est souvent un casse-tête, un vrai gouffre de temps perdu.

Avec Perplexity Comet, c’est totalement différent. Le navigateur propose un système simple et efficace de regroupement des tabs par groupe, avec des couleurs personnalisables. On peut fermer et rouvrir tous les groupes d’un seul geste.

Cette fonctionnalité de gestion des tabs est un vrai succès : elle m’a conquis dès le départ et, attention spoiler alert, c’est peut-être encore aujourd’hui la partie de Comet que je préfère.
L’Agentic AI, l’assstant Comet

1. Premier test - les courses

Ensuite, je suis passé à l’aspect le plus différenciant et unique de Comet : l’Agentic AI, l’assistant intégré au navigateur. J’ai mené plusieurs tests pour explorer ses capacités, et le premier était d’analyser ma liste de courses.

Pour cela, je me suis connecté via Comet sur intermarché.com avec mes identifiants et j’ai donné à l’assistant un accès direct à mon compte, comme s’il prenait le contrôle de mon navigateur. J’ai demandé à Comet d’examiner mes achats passés et d’en tirer une liste des produits que j’achète quasiment toutes les semaines, afin d’analyser mes habitudes de consommation.

Le résultat a été impressionnant : Comet décrit pas à pas tout ce qu’il fait. Il analyse la page, prend des captures d’écran, identifie où cliquer, change de page, découvre les factures… Son raisonnement détaillé est fascinant à observer, et il montre à quel point l’IA peut être intelligente sur certaines tâches complexes.

Mais ce test s’est malheureusement terminé par un échec. Sur Intermarché, les tickets de caisse sont au format PDF, et Comet n’a pas été capable ni de télécharger ni de lire ces fichiers. Malgré sa démonstration de logique et de contrôle, l’Agentic AI se heurte donc encore à certaines limites techniques.

2. Deuxième test - nettoyage de ma boîte mail

Pour ce deuxième test, j’ai donné à Comet l’accès à ma boîte mail, que j’utilise depuis près de 15 ans. L’objectif était de voir si l’Agentic AI pouvait m’aider à nettoyer et organiser ma boîte.

Première tâche : les fichiers volumineux.
Je lui ai demandé de trouver tous les fichiers avec une pièce jointe de plus de 5 Mo et de les placer dans un dossier pour que je puisse décider quoi supprimer. Après plusieurs minutes, Comet n’a réussi à identifier que 5 ou 6 fichiers, alors que ma boîte contient probablement des centaines de fichiers correspondants sur ces 15 années.

Deuxième tâche : désinscription des newsletters.
Je lui ai demandé de repérer automatiquement les newsletters en détectant des mots tels que "désinscrire" ou "unsubscribe" et d’ouvrir chaque e-mail pour cliquer sur le lien de désinscription, en le laissant réfléchir par lui-même sur la manière de procéder. Une fois encore, Comet n’a trouvé que 3 ou 4 e-mails, loin des milliers qui auraient dû être concernés.

Troisième tâche : classement des factures.
Enfin, je lui ai demandé de rechercher tous les e-mails contenant un mot-clé précis lié aux factures et de les déplacer dans un dossier spécifique. À mon retour, j’ai eu un moment de panique : tous les e-mails de ma boîte avaient disparu. Heureusement, ils n’avaient pas été supprimés, mais déplacés dans un autre dossier au nom étrange, ce qui m’a permis de récupérer l’intégralité de ma boîte.

Ce deuxième essai confirme que, malgré ses promesses, l’Agentic AI est encore limité sur certaines tâches complexes et sur la gestion d’une grande quantité de données personnelles.

3. Troisième test - analyse de ma chaîne YouTube

Pour ce troisième test, j’ai voulu exploiter Comet pour comprendre les performances de mes vidéos et shorts YouTube. Je suis curieux de savoir pourquoi certains de mes shorts atteignent plusieurs milliers de vues alors que d’autres, très similaires, plafonnent à quelques centaines.

J’ai donné à Comet l’accès complet aux analytics de YouTube Studio et lui ai demandé d’analyser mes publications pour identifier :

  • le jour et l’heure de publication optimal,
  • les titres les plus performants,
  • les thèmes qui génèrent le plus d’engagement.

Après une longue attente et plusieurs relances, le résultat a été décevant. Comet n’a trouvé aucune information utile et m’a conseillé de télécharger un fichier CSV depuis YouTube Studio pour faire moi-même l’analyse.

J’ai insisté pour qu’il essaye d’autres méthodes et obtienne au moins quelques insights. La meilleure analyse qu’il ait pu fournir se résumait à des conseils très généraux : faire des titres plus accrocheurs, ou certains thèmes plaisent à certains publics, mais sans aucun exemple concret.

Ce troisième test est donc, encore une fois, un échec cuisant pour l’Agentic AI, qui montre ses limites sur l’analyse approfondie de données complexes et variées, et qui a l'audace de me suggérer de faire son travail !

Quatrième test - organisation de ma Dropbox

Pour ce quatrième essai, j’ai donné à Comet l’accès complet à ma Dropbox. Utilisateur Android depuis des années et fidèle de Dropbox depuis plus de dix ans, j’utilise la fonction Camera Upload : toutes les photos prises par mon téléphone et celui de mon épouse sont automatiquement stockées dans le dossier Camera Upload.

Avec le temps, ce dossier a accumulé plus de 8 000 photos mal rangées. L’objectif était simple : demander à Comet de classer les photos par date, en créant un dossier pour chaque jour et en y déplaçant toutes les photos correspondantes.

Sur le plan cognitif, la performance de Comet est impressionnante. Il réfléchit à chaque étape : prendre un screenshot, identifier où cliquer, compter les fichiers, sélectionner, créer de nouveaux dossiers, déplacer les fichiers… La logique est là, claire et structurée.

Mais l’exécution est catastrophique. Après de longues minutes, Comet ne déplace que 3 à 5 photos par cycle. Il faut le relancer manuellement à chaque fois, et il oublie parfois les instructions précédentes, ce qui oblige à tout répéter. Après plusieurs jours de test, seulement 300 à 500 photos avaient été déplacées sur les 8 000 à traiter.

Le verdict est sans appel : malgré une réflexion impressionnante, l’Agentic AI reste extrêmement lent et laborieux, au point qu’il est plus rapide et moins frustrant de faire le travail soi-même. Pire encore, la nécessité de répéter constamment les instructions donne l’impression de travailler pour l’IA plutôt que l’inverse.
5. Cinquième test - planification de vacances avec Google Calendar

Pour ce dernier essai, j’ai donné à Comet l’accès à mon Google Calendar ainsi qu’à un fichier G.sheet contenant notre planning de vacances. Dans ce fichier, chaque jour était détaillé : activités du matin, midi et soir, restaurants, heures de départ, adresses, numéros de réservation, numéros de téléphone pour hôtels… Tout était prêt à être transformé en événements Google Calendar.

Comme pour le test Dropbox, la réflexion de Comet est impressionnante. L’Agentic AI prend le contrôle des deux interfaces, découvre comment créer un nouvel événement sur Google Calendar, et remplit correctement les champs disponibles. Après quelques minutes, le premier événement est parfaitement créé : bonne heure, bon jour, bonne description, bonne couleur.

Mais, malheureusement, l’exécution globale est catastrophique. Pour remplir un agenda de 5 jours avec environ 4 activités par jour (soit 20 événements), il m’a fallu plus d’une quarantaine de relances pour que Comet termine la tâche. Le processus a été si laborieux qu’il aurait été beaucoup plus rapide de créer les événements moi-même que de tenter de le faire faire par l’assistant.

Ce test confirme encore une fois le constat général : une réflexion intelligente mais une exécution lente, peu fiable et très dépendante d’interventions répétées de l’utilisateur.

Pour aller plus loin : bugs et sécurité

Au-delà des tests pratiques, deux aspects méritent d’être soulignés : les bugs et la sécurité.
1. Les bugs
Lors de mon utilisation de Comet, j’ai remarqué plusieurs dysfonctionnements :

Ralentissement du navigateur : l’assistant, probablement très gourmand en ressources, a tendance à ralentir considérablement Comet. Certains sites mettent beaucoup de temps à se charger. Au début, j’ai pensé à un problème de connexion, mais en ouvrant le même site sur Google Chrome simultanément, il s’affiche instantanément. L’intelligence artificielle intégrée semble donc limiter la capacité du navigateur à gérer d’autres tâches en parallèle.

Problèmes de téléchargement : dès que j’essaie de télécharger un fichier — PDF, MP3 ou vidéo — le téléchargement échoue dans neuf cas sur dix, sans aucun message d’erreur. Refaire la même opération sur Chrome fonctionne immédiatement. Ce problème m’a souvent forcé à revenir à Chrome pour accomplir des tâches simples.

2. La sécurité
Tester Comet est excitant pour un passionné de nouvelles technologies, mais il faut être conscient des risques : le navigateur semble aujourd’hui vulnérable à plusieurs failles de sécurité.

Un risque majeur est lié aux assistants d’IA et à l’injection de prompts. Des sites malveillants pourraient insérer des instructions cachées dans leur code, invisibles pour un utilisateur humain, mais interprétées par l’IA. Cela pourrait permettre de récupérer des mots de passe ou d’accéder à des sites sensibles comme ceux de votre banque ou des impôts.

En l’état actuel, ces nouvelles technologies ne sont pas prêtes à répondre à ces risques, et les pionniers qui souhaitent se lancer doivent rester très prudents.

Conclusion : faut-il se lancer avec Comet ?

Alors, devriez-vous télécharger Comet de Perplexity et payer la version Pro pour utiliser l’assistant de ce nouveau navigateur ? Je me suis longuement posé la question. Après avoir pesé le pour et le contre, voici mon verdict :

La seule fonctionnalité qui me donne vraiment envie de continuer à utiliser Comet est la gestion des tabs. Pour les utilisateurs comme moi, qui ont parfois des dizaines de fenêtres et des centaines d’onglets ouverts, cette organisation par groupes colorés rend l’expérience beaucoup plus fluide et agréable.

Mais au-delà de cette innovation, l’assistant IA a un coût mensuel de 20 dollars et, dans la réalité de mes tests, s’est montré globalement inefficace. Tous les essais que j’ai réalisés — qu’il s’agisse de gérer des e-mails, d’analyser des vidéos YouTube, de classer des fichiers Dropbox ou de planifier un calendrier — ont révélé des lenteurs extrêmes, des échecs à répétition et une dépendance constante aux relances de l’utilisateur.

Comet souffre également de bugs importants et présente des failles de sécurité préoccupantes, notamment liées à l’injection de prompts malveillants, ce qui rend l’expérience risquée pour tout utilisateur non averti.

Pour ma part, je vais désinstaller Comet et revenir sur mon bon vieux Google Chrome, qui ne propose certes pas d’IA intégrée, mais qui remplit son rôle de manière fiable et sécurisée.