Veille stratégique : une boussole pour naviguer dans un monde incertain

Longtemps assimilée à un exercice de synthèse documentaire, la veille stratégique est devenue un outil proactif d'aide à la décision.

C’est un levier que les organisations ont identifié de longue date. Permettant de suivre avec précision les évolutions des nouvelles règlementations, des technologies émergentes, des dynamiques concurrentielles ou des tendances du marché, la veille stratégique s’est peu à peu imposée au sein des grands groupes. Ces dernières années, elle a été de plus en plus plébiscitée par des entreprises de taille moyenne et petite (ETI, PME, mais aussi start-ups) ainsi que par la puissance publique. Elle l’est d’autant plus aujourd’hui qu’elle permet de faire face à deux grands défis de notre époque : les incertitudes géopolitiques du monde et l’essor de l’intelligence artificielle générative.

Un processus structuré de collecte, d’analyse et de diffusion

Rappelons tout d’abord que la veille stratégique repose sur un processus structuré de collecte, d’analyse et de diffusion d’informations. Son objectif est de transformer les données en connaissances exploitables pour soutenir la prise de décision. Ce processus se déroule en quatre étapes majeures :

  •  Identification des besoins en information : il s’agit ici de définir précisément les objectifs de la veille.
  • Collecte et traitement de l’information : une fois les besoins identifiés, les outils (logiciels spécialisés) sont paramétrés pour automatiser la collecte d’informations pertinentes.
  • Diffusion de l’information : une fois collectée, l’information doit être partagée avec les équipes décisionnelles et opérationnelles. Cette diffusion peut se faire via différents canaux : intranet, newsletters internes, briefings réguliers.
  • Suivi et évaluation : cette étape est essentielle afin de mesurer régulièrement l’efficacité du dispositif de veille.

La mondialisation comme aiguillon

Au fil du temps, la veille stratégique s’est particulièrement développée, notamment sous l’impulsion d’Internet et des réseaux informatiques. Ainsi a-t-elle pris de l’ampleur à partir du début des années 2000, grâce notamment à une gestion facilitée des multiples sources et, disons-le, de l’infobésité grandissante. Elle a également été influencée par la mondialisation de plus en plus opérante, laquelle a tout naturellement amené les entreprises à prendre la mesure de l’information inhérente à chaque région dans laquelle elle était présente.

Ce phénomène est tout particulièrement visible à travers l’exemple de la veille règlementaire. Concernant l’ensemble des règlementations nationales et internationales en capacité d’exercer une incidence sur l’organisation, cette veille concerne tout à la fois les sites juridiques et institutionnels dédiés, les institutions d’influence, les think tanks, les blogs d’experts et autres forums spécialisés. Elle est d’autant plus complexe à réaliser que les organisations sont mises en demeure de coordonner les régulations à plusieurs niveaux : pays, continents, parfois régions locales… C’est par exemple le cas, pour les établissements bancaires, des règles financières qui permettent de lutter contre le blanchiment d’argent. Ça l’est aussi, pour les constructeurs automobiles, des différentes modalités de lutte contre le dérèglement environnemental et climatique (émissions de CO2 par exemple).

L’IA générative : plus de gains que de difficultés pour les veilleurs

Mais la veille a également connu, depuis deux ans, une autre rupture. Technologique, celle-ci est liée à l’essor de l’IA générative et à ses conséquences sur l’écosystème de la veille et des équipes de veilleurs professionnels. Faut-il craindre le déploiement de cet outil ? Pour l’heure, les retours des professionnels tendent à démontrer que les plateformes de veille augmentées par l’intelligence artificielle leur apportent plus de réponses qu’elles ne génèrent de difficultés. L’IA offre d’importantes capacités de synthèse, de reformulation et de gains de temps, permettant aux veilleurs de se consacrer à des tâches plus stratégiques, où la réflexion prime sur la répétition. Dans un contexte de désinformation et de fake news de plus en plus présentes, elle permet plus aisément de séparer le grain de l’ivraie, faisant là encore gagner un temps précieux aux équipes de veille – et donc aux organisations qui les emploient.

Dilatation du monde d’un côté ; gap technologique lié à l’IA générative de l'autre. Dans un contexte mondial marqué par des changements réglementaires, politiques et économiques incessants, de surcroît soumis à des crises géostratégiques chaque jour un peu plus préoccupantes pour les acteurs économiques et publics, la veille s’impose comme un levier d’action pour les organisations. À tel point qu’il est désormais permis de se poser la question de la manière suivante : peut-on véritablement, lorsque l’on est une entreprise ou une structure publique, se passer de veille ?