Botz, le produit financier qui mise tout sur l'IA et la robotique

Botz, le produit financier qui mise tout sur l'IA et la robotique Ce tracker avait attiré 1,5 million de dollars d'investissements à son lancement en septembre 2016. Il en gère désormais plus de 784 millions.

La fierté pointe dans la voix de Jay Jacobs lorsqu'il parle de son bébé, Botz. Le dirigeant du pôle recherche de la société de gestion new-yorkaise Global X Funds a créé et lancé en septembre 2016 ce tracker, qui investit des fonds dans des entreprises cotées du secteur de l'intelligence artificielle et de la robotique. Les trackers sont des outils de placement à durée indéterminée, visant à reproduire la performance d'un indice boursier ou d'un secteur d'activité donné en acquérant des actions dans les sociétés qui le composent. Egalement appelés exchange traded funds (ETF), ces instruments financiers composés d'un panel de participations peuvent être achetés et vendus comme de simples actions en Bourse, par monsieur ou madame Tout-le-monde.

Au moment de son lancement, Botz n'avait attiré que 1,5 million de dollars d'investissements. "Aujourd'hui, nous avons collecté plus de 784 millions. C'est le plus gros ETF que Global X Funds (qui en a créé plus de 50, ndlr) ait jamais géré. En général, un tracker à succès capte 150 millions de dollars d'investissements au maximum. La moyenne tourne plutôt autour des 50 ou 100 millions. En septembre 2016 nous avons également lancé un ETF centré sur l'Internet des objets. Il marche bien mais n'a pour le moment capté que 60 millions de dollars, ce qui est déjà une belle performance", se félicite le père de l'instrument de placement. Entre le démarrage du projet et août 2017, la capitalisation boursière des entreprises dans lesquelles Botz place ses fonds a crû en moyenne de 39,1%.

Les trois plus gros investissements de Botz sont Mitsubishi, Keyence Cord et Nvidia, leur capitalisation boursière est en moyenne en hausse de 77,4% depuis septembre 2016

La plupart des ETF sectoriels misent sur des domaines d'activité larges, comme l'énergie. Ils acquièrent alors des actions d'entreprises spécialistes du nucléaire, du gaz, de l'électricité… Botz n'investit, lui, que sur une étroite frange du marché des nouvelles technologies. Ses cibles génèrent toutes plus de 50% de leur chiffre d'affaires dans l'IA ou la robotique. "Ce critère nous permet d'éviter de placer des fonds dans des entreprises qui utilisent les solutions d'intelligence artificielle ou de robotique pour rendre leur core business plus efficace. Aujourd'hui, cela leur donne peut-être un avantage concurrentiel, mais à long terme elles seront rattrapées par leurs concurrentes. Nous n'investissons pas dans les chercheurs d'or mais dans les entreprises qui fabriquent les pelles et les pioches, celles qui tireront vraiment des bénéfices du décollage de l'IA et de la robotique", analyse Jay Jacobs.

Botz détient aujourd'hui des participations dans 29 sociétés. "La composition de notre instrument financier ne devrait pas changer, sauf si l'une de ces holdings change de cap et ne tire plus la majorité de son CA de ses activités IA ou robotique. Nous pouvons également être amenés à la modifier si une entreprise fait faillite ou est rachetée", précise le directeur de la division recherche. Elles ont été choisies pour la croissance forte de leur chiffre d'affaires et pas parce qu'elles sont profitables. Elles réinvestissent pour le moment une grosse partie de leurs revenus dans leur R&D ou dans leur développement commercial, afin de s'emparer d'un maximum de parts de marché. "Nous recommandons à nos investisseurs de placer leurs fonds dans Botz pour une durée de 5 à 10 ans afin de profiter de la croissance de ces groupes sur le long terme."

Ces entreprises appartiennent à quatre sous-catégories : intelligence artificielle, véhicules autonomes, automatisation industrielle et robotique non-industrielle. "Pour l'instant, les compagnies dont la capitalisation boursière croît le plus vite appartiennent aux deux premiers groupes, probablement car il faut plus de temps aux sociétés robotiques pour conclure des contrats et installer leur matériel, qui est physique, chez leurs clients", suppose Jay Jacobs.

"Pour l'instant, c'est la capitalisation boursière des compagnies IA et véhicules autonomes qui croît le plus vite"

Botz investit au minimum 0,3% et au maximum 8% des fonds qu'il manage dans ces établissements. Le tracker ne dépasse jamais cette barre des 8% pour limiter les risques. Si une entreprise perd de la valeur en Bourse, cette chute doit être compensée par les performances des autres sociétés intégrées au tracker. Les trois plus gros investissements de Botz sont le groupe robotique japonais Mitsubishi, son compatriote spécialiste de la vision par ordinateur Keyence Cord et l'américain Nvidia, qui développe des processeurs destinés notamment aux véhicules autonomes. Ces trois entreprises représentent chacune 7,5% des placements de l'ETF, la valeur de leur capitalisation boursière est en moyenne en hausse de 77,4% depuis son lancement.

"Nous avons conçu ce fonds en ciblant les millennials", indique Jay Jacobs. Selon une enquête d'opinion réalisée par Global X Funds avant le lancement de Botz, 83% des personnes appartenant à cette catégorie de la population sont intéressés par l'investissement dans des ETF thématiques, notamment dans le secteur de l'IA et de la robotique. "Les trackers sont des outils de placement anonymes. Nous ne connaissons pas l'identité de nos investisseurs, mais les questions que nous recevons en ligne viennent en majorité de ce type de profils", avance le directeur du pôle de recherche. Et même si les membres de la génération Y n'étaient finalement pas les principaux investisseurs de Botz, donner à l'ETF ce verni "jeune" lui permet de se distinguer de ses concurrents sur le marché en plein boom des ETF et d'attirer un maximum de cash.