Le futur de l'amour passera-t-il par l'intelligence artificielle ?

Il manque encore aux chatbots un élément important avant de pouvoir créer une étincelle avec un utilisateur : la capacité à comprendre réellement le sujet de la conversation ainsi qu'à développer une personnalité cohérente. 

Rajesh Koothrappali qui tombe amoureux de Siri dans un épisode de Big Bang Theory ou encore Theodore de Samantha dans le film Her. Avec les avancements récents en intelligence artificielle (IA), de plus en plus d'œuvres culturelles présentent des humains développant des sentiments pour des machines. Mais à quel point sommes-nous en passe de voir vraiment des personnes s'amouracher de chatbots dopés à l'IA ?

Nous en sommes encore loin, mais les progrès actuels sont considérables, et des chatbots intelligents pourraient un jour égaler un ami ou même un partenaire romantique.

Les avancées de l’IA

L’une des avancées majeures est l’architecture réseau neuronal appelée "transformer". Ces derniers sont des programmes conçus pour prédire le mot suivant dans un texte. De tels réseaux permettent aux chatbots de construire des phrases correctes et sensées en fonction du contexte. L’objectif est que les utilisateurs pensent avoir une conversation avec une entité intelligente.  Une autre de leurs composantes importantes est la capacité des machines à apprendre directement à partir des conversations avec une vraie personne. En théorie, cela permet au chatbot d’améliorer son niveau après chaque conversation. Un chatbot peut en outre bénéficier de plusieurs conversations en parallèle, comme autant de sources d’apprentissage. 

Une technologie encore imparfaite

Actuellement, il manque encore un élément important avant de pouvoir créer une étincelle avec un utilisateur : la capacité des chatbots IA à comprendre réellement le sujet de la conversation ainsi qu’à développer une personnalité cohérente.  Bien qu’ils puissent tenir une conversation sensée, ils ne sont pas conçus pour comprendre le sens profond de ce dont ils parlent. Habituellement, les conversations avec les chatbots sont plutôt ennuyeuses et superficielles. C’est loin d’être surprenant car, comme dans une conversation appropriée, il ne suffit pas de répondre avec des termes génériques courts ou des paraphrases de ce que votre partenaire vient de prononcer. C’est pourtant ce que les chatbots font beaucoup trop souvent, selon de nombreux utilisateurs. De plus, des chatbots expriment parfois une personnalité, ce qui les rend plus accueillants et plus humains. Ils ne parviennent cependant généralement pas à maintenir une personnalité cohérente tout au long des conversations. Cela est dû au fait que leur algorithme de base formule une réponse en fonction du contexte le plus récent. Or, différents contextes peuvent susciter des réactions différentes. Il s’agit là d’un domaine de recherche en développement et les algorithmes progressent dans la bonne direction. 

Passer au niveau supérieur

Pour enseigner à l’IA les émotions humaines, les chercheurs ont besoin de beaucoup de textes labellisés, catégorisés selon des émotions exprimées dans des phrases. Cela nécessite une grande quantité de travail manuel, c’est pourquoi il est si difficile de produire ces différentes catégories. L’apprentissage des émotions est donc très différent de celui des langues qui peut, lui, être effectué sans données étiquetées, mais seulement à partir de beaucoup de contenu. Il existe déjà des bots dotés d’une part émotionnelle, par exemple, le chatbot chinois XiaoIce. Enseigner à l’IA comment comprendre les émotions humaines est une étape essentielle afin qu’elle nous comprenne mieux. Cependant, cela est compliqué car les émotions exprimées dans le contexte d’une conversation peuvent en modifier le sens. Par exemple, "Quelle journée !" peut être compris différemment selon l’humeur de l’orateur : il peut s’agir notamment d’une remarque sarcastique ou d’une véritable exclamation joyeuse.

Le langage émotionnel peut être considéré comme une seconde langue à enseigner à un bot. Il doit probablement correspondre à des données séquentielles de la même manière que le texte, et sa tâche serait de prédire "la prochaine émotion". Au lieu de simplement utiliser des catégories, les émotions pourraient également être déduites d’une vidéo correspondante qui montre l’émotion d’une personne lorsqu’elle parle. 

Tomber amoureux d’une IA

Les humains s’attachent facilement à des personnages de fiction : impossible pour nous en effet de ne pas pencher vers l’anthropomorphisme des entités non humaines avec lesquelles nous interagissons. Certaines personnes perçoivent déjà sans doute leurs compagnons IA comme des amis, ou même des partenaires de romance. Mais l’intensité d’une relation avec une IA dépend de la maturité de la technologie ; c’est-à-dire de sa capacité à imiter une communication d’humain à humain. Un aspect bientôt résolu car avec les progrès dans le traitement automatique du langage naturel, la qualité des chatbots va se parfaire. Et, un jour, il ne sera plus possible de distinguer humains et IA.

La technologie derrière les chatbots dispose déjà d’un large éventail d’applications. Elle peut en outre générer d’importants revenus financiers, ce qui est un bon indicateur de son succès futur. C’est pourquoi les entreprises et les chercheurs y investissent énormément de temps et d’argent. Compte tenu de la rapidité de la recherche dans ce domaine, des progrès majeurs verront le jour au cours des 10 prochaines années. Est-ce que cela signifie que les utilisateurs, ou du moins un plus grand nombre, tomberont amoureux de leur chatbot ? Peut-être, peut-être pas, seul le temps nous le dira.