L'intelligence artificielle replace l'humain au cœur du recrutement

Alors que la crise marque une nouvelle accélération dans la transformation numérique, le recrutement n'échappe pas à la règle. Sélection des profils, entretiens, intégration, tout passe désormais par le digital. Une chose reste inchangée : le rôle clé de l'humain dans le recrutement.

L’impact de l’intelligence artificielle (IA) et de l’automatisation du marché du recrutement a généré beaucoup d’appréhension ces dernières années, laissant sous-entendre que la machine remplacerait l’homme. A chaque nouvelle avancée, la fin des cabinets de recrutement était annoncée. Or, nous sommes convaincus que nous n’avons jamais été aussi utiles qu’aujourd’hui.

Ainsi que le concluait encore un rapport de l’APEC en octobre 2020, l’émergence de l’IA, l’adoption massive des nouvelles technologies dans le monde du travail sont nos nouveaux outils. Mais, ils restent des outils, et ne sauraient remplacer l’intelligence émotionnelle et l’intuition ; deux composantes majeures de notre expertise, d’autant plus indispensables en cette période où la majorité du processus se fait à distance.

Le rôle de l’IA : nous permettre de nous concentrer sur notre vraie valeur ajoutée

Les bénéfices des outils numériques ont rapidement été perçus des managers : il y a un an notre étude Robert Half montrait que 63% d’entre eux estimaient déjà que ces nouvelles technologies avaient un impact positif sur le nombre d’emplois et 78% qu’elles avaient même un impact positif sur leur rôle.

L’IA, en particulier, est déjà indispensable à de nombreux secteurs, et en particulier le recrutement. Bien utilisée, elle fait gagner du temps aux recruteurs car elle leur permet de mieux sélectionner et de se concentrer sur les échanges avec les candidats et les employeurs, notre vraie valeur ajoutée.

L’IA a pour vocation de soulager la charge de travail au quotidien, notamment dans la prise en charge des tâches basiques. Elle est appelée par exemple à gagner en importance dans le recrutement prédictif, première étape de sélection qui réalise un matching entre candidats potentiels et entreprises. Mais elle n’a pas encore, loin s’en faut, la capacité de faire la partie la plus intéressante de notre quotidien : évaluer le savoir-être du candidat et déterminer s’il s’intègrera et s’adaptera bien à la culture de l’entreprise.

A ce jour, elle présente des biais et limites suffisamment forts pour qu’ils soient relevés par le législateur : le RGPD restreint l’action de l’IA au pré-recrutement uniquement.

Pourquoi ne serez-vous pas recrutés par une application uniquement ?

En résumé, ce qui fait notre valeur ajoutée peut se résumer en trois points très humains :

  • Identifier les soft skills des candidats : notre étude menée en janvier 2019 auprès de 700 cadres montrait que près de 88% des recruteurs considèrent qu’il est important que les collaborateurs bénéficient d’une intelligence émotionnelle (IE) élevée, et 39% que c’est une compétence dont l’entreprise ne pourra plus se passer d’ici 5 ans du fait de l’automatisation. Cette dimension s’est encore renforcée avec la crise, qui a rendu la capacité d’innovation, l’agilité, l’aptitude à la communication, essentielles à la pérennité de l’entreprise. Et cela, aucune application ne peut l’identifier à ce jour.
  • Comprendre le besoin d’un recruteur et identifier la typologie de profils correspondants : l’IA sait dénombrer, mesurer, comparer mais n’a pas d’intuition. Alors que ce qui caractérise un bon recruteur c’est sa capacité à identifier non seulement les profils et les compétences recherchés aujourd’hui mais aussi d’être capable de détecter les compétences de demain.
  • Accompagner employeurs et candidats dans leur prise de décision : il est désormais quasiment impossible de cocher toutes les cases, ce qu’une machine aura a priori du mal à comprendre. Le candidat idéal n’existe pas, le recrutement est en définitive un choix qui dépend de l’humain. D’autant qu’il ne suffit pas de répondre à une liste de compétences, ce sont les candidats qui décident au final de rejoindre une entreprise, pas l’inverse.  

Aucune crainte, donc, aujourd’hui d’être recruté par un chatbot ou par un ordinateur quantique ! Qu’en sera-t-il demain ? Faut-il s’attendre à être recruté par une intelligence artificielle ? Faut-il anticiper la fin du recrutement par des humains ? La technologie évolue chaque jour, mais il apparaît improbable qu’un processus de recrutement puisse être automatisé de bout en bout.

A l’heure où les choix de recrutement revêtent une dimension hautement sensible pour les entreprises confrontées à la crise, notre intelligence humaine montre plus que jamais son importance. Elle permet à la fois de répondre aux enjeux actuels mais aussi et surtout de se préparer à l’avenir en accompagnant les entreprises dans le recrutement des talents et compétences dont elles auront besoin demain.