Data Act : saisir l'opportunité des écosystèmes collaboratifs de données

Pourquoi le projet de réglementation européenne Data Act représente une véritable opportunité pour les entreprises et comment en tirer en parti.

Avec le projet de réglementation Data Act, la commission européenne affiche son ambition en termes d’exploitation des données produites en Europe afin de favoriser l’innovation. En clarifiant les règles, les entreprises peuvent désormais explorer un nouveau terrain de jeu autour du partage de la donnée et en tirer des avantages compétitifs certains. Il est surtout au cœur de la mesure des émissions du type Scope 3 du bilan carbone des entreprises.

La nouvelle proposition de la Commission européenne Data Act cherche à harmoniser les règles d’accès aux données produites au sein de l’union afin de favoriser l'échange de données entre entreprises européennes pour favoriser l'innovation ou la co-innovation. L'objectif est de libéraliser le potentiel de la donnée en posant un certain nombre de règles. En effet, près de 80% des données industrielles générées au sein de l'Union européenne ne sont jamais exploitées. 

Alors que de nombreuses entreprises se sont lancées dans une transformation pilotée par la donnée afin d’exploiter un maximum de leurs données, elles se tournent de plus en plus vers d’autres sources de données externes pour enrichir leur patrimoine d’information ou partager leurs propres données ou insights. Cette nouvelle tendance ouvre la voie vers un écosystème data dépassant le périmètre de l’entreprise. 

Qu’est-ce qu’un écosystème collaboratif de données ?

L’écosystème collaboratif de données peut permettre de créer de nouveaux produits, services ou expérience client impossible à développer sans données externes à l’entreprise. Skywise, la plateforme de données développée par Airbus pour l’industrie de l’aviation est un très bel exemple d’écosystème collaboratif. Ainsi, la brique Skywise Health Management centralise les alertes et messages de maintenance, les hiérarchise,  rapproche les dysfonctionnements à leur procédure de dépannage, fournit l’historique de maintenance du système afin d’aider les compagnies aériennes à identifier et déterminer les priorités d’entretien. Un écosystème collaboratif de données a donc pour objectif d’élaborer pour l’entreprise un système de valorisation de la donnée qu’elle ne serait pas capable de créer en propre, en concluant des partenariats avec des entreprises du même secteur, d’autres secteurs d’activité ou institutions. Il repose sur un partage des données ou des insights entre les partenaires en préservant la confidentialité des données et en s’assurant de rester conforme aux réglementations en vigueur.

La maîtrise de la donnée, principe directeur des écosystèmes de données partagés 

Il ne s’agit pas d’un partage ou d’un transfert d’une entreprise à une autre, mais plutôt de mettre à disposition (sous formes de marketplace par exemple) des insights ou des indicateurs, il s’agit bien d’une donnée qui a été extraite et raffinée, contextualisée pour lui donner de la valeur. Par exemple dans le cadre du calcul de l’empreinte carbone d’un produit, le lieu de fabrication de l’emballage carton n’est pas une information de valeur en soi, mais dans une démarche de consommation locale, elle prend toute sa valeur. Seul un écosystème collaboratif de données est en mesure d’équiper les entreprises avec les bonnes informations pour comprendre l’impact carbone dans son ensemble.  

Les écosystèmes de données collaboratifs n’en sont qu’à leur début, ils nécessitent de lever des freins sur la mise en commun des données, mais leur potentiel est immense, ils sont un moyen de faire progresser l’innovation afin répondre aux enjeux de notre époque. Dans la recherche pharmaceutique, par exemple, le projet européen Melloddy vise à améliorer les modèles prédictifs d'apprentissage automatique sur les données décentralisées de dix entreprises pharmaceutiques, sans exposer d'informations exclusives. Cette collaboration pionnière dans le secteur va permettre d'accélérer la découverte de médicaments et d'améliorer les résultats pour les patients en permettant, pour la première fois, de mener des recherches à travers les bases de données décentralisées et hautement propriétaires de bibliothèques chimiques annotées du consortium.

Enfin, sans écosystème collaboratif de données, pas de gestion des émissions carbone du scope 3

Lorsque l’on quantifie les émissions d’une entreprise, on les répartit en trois catégories : les émissions directes (Scope 1), les émissions indirectes liées à l’énergie (Scope 2) et tout le reste (Scope 3). Le Scope 3 couvre donc les émissions produites par l'entreprise comme l’achat de marchandises ou de services par exemple. Mais aussi toutes celles qui ne sont pas liées à la fabrication du produit de manière directe. Les autres étapes du cycle de vie du produit allant de l’approvisionnement en matière première à sa fin de vie sont aussi concernées. Il devient donc évident que sans partager ses données au sein d’un écosystème de chaine de valeur de ses produits ou service, aucune entreprise ou organisation ne pourra réellement quantifier ses émissions carbone de Scope 3. Et encore moins définir et piloter les actions qui pourraient conduire à un bilan carbone neutre.