Comment ChatGPT a déjà bousculé les plus grands groupes de la planète

Comment ChatGPT a déjà bousculé les plus grands groupes de la planète Effondrements en bourse, licenciements, revirements stratégiques… En à peine six mois, ChatGPT et l'intelligence artificielle générative ont renversé l'ordre établi.

Six mois et déjà des dégâts. En un semestre seulement, ChatGPT, et plus généralement l'IA générative, ont bouleversé la sphère économique, y compris les plus grands groupes de la planète. Certains d'entre eux ont vu leur business model menacés presque du jour au lendemain, comme Chegg, un géant américain de l'aide aux devoirs. Son cours de bourse s'est effondré de 50% le 2 mai, 24 heures après avoir révélé que ChatGPT pesait sur sa croissance. Un mouvement de panique qui s'est étendu chez son concurrent britannique Pearson. Valorisé à plus de 5 milliards de livres début 2023, ce mastodonte a vu son action perdre 12% le même jour. En cumulé, avec ces seuls deux groupes, c'est 1,5 milliard de dollars de valorisation boursière qui se sont évaporés en une seule journée…

La roue tourne chez les Gafam

Même des groupes que l'on croyait intouchables sont ébranlés. Fin 2021, Facebook faisait du métaverse sa priorité, au point de se renommer Meta. Un an et demi plus tard, le projet est presque enterré. Dans un communiqué publié le 14 mars, l'entreprise a annoncé que l'IA devenait sa nouvelle priorité. Chez Google, une directive interne a demandé aux salariés d'incorporer l'intelligence artificielle dans tous ses produits. Le chatbot d'OpenAI l'a poussé à dévoiler dans la précipitation son outil Bard, avec des erreurs à la clef qui lui ont valu les railleries des observateurs. D'un coup, la firme de Mountain View est devenue ringarde.

Un qualificatif qui collait à la peau de Microsoft depuis des années. Là aussi, ChatGPT a changé le cours de l'histoire. Avec ses 10 milliards investis dans OpenAI, couplés à l'intégration de l'IA dans ses produits, la groupe de Richmond s'est offert un coup de jeune doublé d'un sacré coup de fouet en bourse : +76% depuis le début de l'année, contre +33% pour Google.

Dernier épisode en date chez les champions du digital, Adobe a dévoilé en cette fin mai une nouvelle version de son célèbre logiciel Photoshop, au fonctions d'IA générative impressionnantes. Le groupe lui-même l'admet : après plus de trois décennies d'existence, c'est un "nouveau chapitre" qui s'ouvre pour l'outil de retouche photo.

L'IA générative de… licenciements

Chez IBM, le DG ne s'en cache pas, il prévoit de remplacer une partie des effectifs de l'IA : "30% du personnel administratif pourrait être facilement remplacé d'ici cinq ans". Dropbox n'a pas attendu. A la recherche d'économies, la société a dû licencier une partie de son personnel. Celles-ci seront investies pour que l'entreprise "soit à l'avant-garde de l'ère de l'IA" selon son CEO.

A mi-chemin entre les secteurs menacés par ChatGPT et ceux qui profitent de ses fonctionnalités, on trouve les médias. Le groupe allemand Axel Springer, propriétaire des publications phares Bild et Die Welt, a annoncé le 1er mars la transformation de ses deux publications papier en purs médias web, avec des licenciements à la clef. Pas grave : "l'intelligence artificielle est capable de remplacer certains journalistes", s'est félicité le patron du groupe. Des propos sans nul doute approuvés par son homologue de chez CNET. D'après Futursim, la branche nord-américaine du média aurait licencié la moitié de son staff chargé de la rédaction des news et du montage des vidéos. Le lien entre ces licenciements et l'IA n'a pas été évoqué par la direction du média. Mais une telle hypothèse ne semble pas si farfelue quand on sait que CNET a confirmé début 2023 utiliser ChatGPT pour écrire des articles.

Car du côté des créateurs de contenus, l'objectif n'est pas de dominer la course à l'intelligence artificielle, mais bien de profiter de ses prouesses. Netflix a diffusé un court-métrage généré par l'IA tandis que Spotify a lancé une fonction "DJ" où l'intelligence artificielle crée des playlists. L'AMPTP, qui représente plus de 350 sociétés américaines de production télévisuelle et cinématographique, a refusé de signer une proposition interdisant l'usage professionnel de l'IA et souhaite au contraire profiter de "ses progrès technologiques". Mais a-t-elle le choix ? C'est cela, ou être balayé.