L'IA sera humaine ou ne sera pas !

Il est grand temps de faire le point entre les immenses possibilités offertes par les dernières avancées en matière d'IA et les peurs qu'elle suscite en même temps.

La mise à disposition d’interface basée sur l'intelligence artificielle a fait prendre conscience au grand public des immenses possibilités en la matière mais elle a aussi fait naître des peurs, parfois irrationnelles.

L’IA au service de l’individu augmenté 

Lorsque nous avons mis à disposition de nos clients une interface basée sur un modèle d’intelligence artificielle, à notre grande surprise, ceux-ci ne l’ont pas utilisé pour créer des contenus, mais les améliorer, c'est-à-dire y apporter des modifications, des corrections orthographiques ou surmonter le syndrome de la page blanche. Des exemples qui prouvent que l'intelligence artificielle est un formidable assistant qui “valide nos instincts”. D’ailleurs, si je demande à une IA 10 idées pour résoudre un problème, il est fort probable que j'en aurais déjà trouvé 6 sur les 10 proposées par la machine. De ce fait, l’IA va aider les individus dans leur réflexion et stimuler leur créativité en les nourrissant de nouvelles idées. Dans tous les cas, il revient toujours aux individus de décider, d’arbitrer, pour désigner laquelle est la plus adaptée à la situation. Il n’y a pas de remplacement, mais seulement une aide, voire une automatisation rendue possible. Outre un accès à un réservoir de connaissances quasi illimité, l’IA peut également être utilisée pour apprendre. Par exemple, dans le cas de demandes de traductions en anglais, l’IA nous permet d’identifier la meilleure traduction des expressions canadiennes en américain.  

Embarquer l'IA, c'est d'abord miser sur l'humain ! 

De manière plus globale on observe d’ailleurs que les interfaces d’intelligence artificielle récemment accessibles au grand public sont encore peu utilisées pour la création, hormis les premières utilisations pour tester ses possibilités, mais pour améliorer l’existant. La création reste donc l’apanage de l’humain, contrairement à ce que l’on aurait pu croire. L’IA a le potentiel d'augmenter l'intelligence humaine de plusieurs façons et de nous aider à reprendre possession de notre temps. Sous réserve qu’elle soit encadrée pour servir l’intérêt général, elle peut contribuer à nous aider à résoudre de grands problèmes (médecine, droit de l’homme, changement climatique…) mal maîtrisés jusqu’à présent. 

Concernant le futur du travail, l’IA peut aussi offrir de nombreux avantages facilitant le quotidien et améliorant la qualité de vie des travailleurs. Au service de l'intelligence collective, cette révolution technologique pourrait notamment réduire la pénibilité du travail et les tensions en matière de recrutement à l’échelle globale. A la faveur de l’automatisation des tâches répétitives et à faible valeur ajoutée, un manager pourra ainsi capitaliser sur le temps dégagé pour se former et un développeur pour élargir son périmètre de compétences. À terme, Goldman Sachs estime que l’IA générative permettra de stimuler  la productivité mondiale du travail et de faire grimper le PIB mondial annuel de 7 %.
 

Le “grand remplacement” n’aura pas lieu !

La réaction suscitée par la mise à disposition d’interface conversationnelles basées sur des modèles d’Intelligence Artificielle comme ChatGPT ou Bard (mais il en existe bien d'autres) rappelle celle que l’on a pu observer à l’arrivée des précédentes technologies.  Les plus anciens d’entre nous se souviennent sûrement de la peur qui s’était emparée du grand public lors de l’arrivée du micro-ordinateur au début des années 80.  Il avait été présenté comme le grand remplaçant de tous les employés, et ceux-ci n’auraient plus alors qu’à profiter d’une vie de loisirs. La réalité nous a montré un futur quelque peu différent. Non seulement l'ordinateur n’a pas remplacé nos emplois mais nous n’avons pas pu non plus profité d’une vie oisive… A la place, l'ordinateur à permis à l’humain de gagner du temps, en particulier dans des tâches répétitives et peu intéressantes, et il a été à l’origine de la création d’une puissante industrie toujours en évolution. On pourrait en dire tout autant des réactions suscitées par l’arrivée des premières machines dans le monde du travail, que ce soit les premiers métiers à tisser au débit du 19ème siècle, ou les premiers robots dans les lignes d’assemblages automobile dans les années 90. 

Pourtant, la technologie n'est pas une fin en soi, seulement un moyen, que l’on peut façonner en fonction de la société qu’on souhaite construire.
 

“Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités”

La célèbre citation de Spiderman est plus que jamais d’actualité. Même si l’intelligence artificielle ne va pas remplacer les humains, les dernières avancées en la matière constituent un gap technologique important et décuple ses possibilités. Les deux prochaines années seront particulièrement déterminantes en ce qui concerne la technologie proposée et les usages par l’industrie. Parmi les applications positives, on peut citer la médecine, la défense des droits humains, la vérification de l'information. A l’inverse, il faut aussi être conscient des applications négatives possibles comme la désinformation ou la création de virus informatiques.  

La vitesse actuelle de développement des applications basées sur l’IA est incroyable : il y a quasiment un nouveau produit par semaine. Il faut donc dès à présent se poser la question des usages de l’intelligence artificielle dans le futur, en particulier pour éviter des dérives négatives. Dans 10 ans, son marché sera très différent : de nombreux nouveaux acteurs auront surement émergé créant un solide écosystème, et la technologie sera toujours plus puissante. Il faut donc dès à présent veiller à conserver de bonnes pratiques pour éviter les dérives trop capitalistes qui, par exemple, susciteraient une inégalité d’accès à cette technologie. OpenAI, créé en 2015, avait bien pris en compte cette dimension et ces potentiels écueils. C’est pour cela qu’elle a été fondée en tant qu’association à but non lucratif. Si elle est devenue une entreprise “à but lucratif plafonné” depuis 2019, c’est pour gagner en indépendance vis-à-vis de ces donateurs. Elle est désormais relativement à l’abri des tentations trop mercantiles. 
 

Et puisque nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait, gardons un oeil dessus pour que l’intelligence artificielle reste un bien commun !