"Ma start-up tourne avec 120 euros par mois" : ils ont monté leur boîte grâce à l'IA
Il y a deux mois, nous vous proposions un article sur les sommes que doivent investir les entrepreneurs pour lancer leur première start-up. Celles-ci allaient de 900 euros à 10 000 euros selon les profils. Mais tous avaient créé leur boîte entre 2016 et 2018, une époque où ChatGPT et la plupart de ses concurrents n'existaient pas encore.
Désormais, l'avènement de l'IA semble alléger la note pour ceux qui se lancent dans l'aventure entrepreneuriale. "La boîte tourne avec 120 euros par mois", confie Livio-Emilio Sanna, fondateur en janvier 2025 de Nomad, une start-up spécialisée dans l'assurance voyage. La somme paraît modeste. Mais l'explication est assez banale : les fondateurs s'appuient désormais sur l'IA pour réaliser des tâches qu'ils déléguaient autrefois à des employés, freelances ou agences spécialisées.
"ChatGPT m'aide pour coder, pour me familiariser avec des outils tech, pour brainstormer. Il est aussi très utile pour mettre des mots sur des idées, pour rédiger un pitch avec de bonnes formulations, pour générer des slides et pour écrire des posts LinkedIn avec un bon storytelling", énumère Livio-Emilio Sanna. "Il n'y a que pour l'élaboration du business plan que je l'ai trouvé défaillant. Sinon, on peut clairement dire que Nomad est une boîte ChatGPT", ose même l'entrepreneur.
Cas d'usage multiples
De son côté, Baptiste Parpette, qui a cofondé en 2025 Clustor, une plateforme SaaS qui automatise la création de dossiers de compétences pour les cabinets de conseil, profite aussi de l'IA pour un large éventail de cas d'usage. "On a utilisé Perplexity, Grok et Gemini pour réaliser nos premières études de marché afin d'analyser la concurrence et de lister nos potentiels clients. Pour le marketing, on a eu recours à ChatGPT et à Claude pour écrire des posts LinkedIn, générer quelques visuels et rédiger du contenu sur notre site. En ce qui concerne la partie développement, on utilise Cursor. Pour coder, c'est un outil très puissant".
Enfin, Arthur Huppert nous explique à son tour comment l'IA a facilité la création de sa start-up MIA, une solution de SaaS management commercialisée fin 2024. "On a commencé avec ChatGPT pour la partie développement. Maintenant, on est passé à Cursor. Pour la partie sales, l'intelligence artificielle nous aide à identifier nos cibles et à rédiger des séquences de mail avec une tonalité adaptée. Elle nous sert aussi pour le SEO et la production de contenus. Dans l'ensemble, on utilise beaucoup Mistral".
"Un non codeur peut tout à fait s'en sortir seul"
Voilà pour l'inventaire des cas d'usage. Si nos interlocuteurs utilisent l'IA pour des tâches plus ou moins différentes, tous tiennent à souligner un point : elle facilite grandement la création d'une start-up en rendant la partie tech accessible, même sans compétences poussées en informatique.
"J'ai une formation en marketing et mon associé a plutôt un profil bancaire. Mais on a réussi à développer la partie tech sans faire appel à un freelance !", raconte Livio-Emilio Sanna. "Ce n'est plus obligatoire de s'associer avec un cofondateur technique. Un non codeur peut tout à fait s'en sortir seul", confirme de son côté Arthur Huppert. "Avec Cursor, on est davantage product manager que développeur. On n'a plus besoin d'apprendre un langage pour coder", ajoute Baptiste Parpette.
Raccourci vers la rentabilité
L'IA ne se contente pas de simplifier la création d'une start-up. En diminuant la dépendance aux embauches et prestataires externes, elle allège les coûts et réduit ainsi le chemin vers la rentabilité. "Nos coûts de fonctionnement se limitent à un hébergement pour notre serveur et à nos abonnements IA. On se demande si on va prendre un stagiaire mais l'embauche d'une personne en CDI n'est pas du tout d'actualité. Si on continue à ce rythme, on sera rentable avec quatre salaires (les quatre cofondateurs, ndlr) dans les six prochains mois", assure Baptiste Parpette.
"Sans l'IA, on aurait sans doute eu besoin de lever des fonds pour faire des tests. Là, on peut le faire à moindre coût. En janvier, on a créé la boîte. En mars, on a généré des revenus. C'est un sacré accélérateur", s'enthousiasme Livio-Emilio Sanna. Un "sacré accélérateur" aux nombreuses vertus : "En résumé, il réduit les coûts, augmente nos capacités et réduit la charge mentale du fondateur. Il n'y a plus de barrière à l'entrepreneuriat et plus aucune excuse pour ne pas oser se lancer".