5 conseils pour attirer et garder les meilleurs développeurs en start-up
En novembre 2014, une grande enseigne d’ameublement passée au E-Commerce il y a quelques années nous approche pour savoir si nous avons des conseils pour attirer les meilleurs développeurs et bâtir un environnement "developer friendly". Cette question est pour nous l’occasion de prendre du recul sur ce que nous constatons chaque semaine sur breaz.io depuis maintenant un peu plus de 8 mois.
Breaz.io est une place de marché sélective qui met en relation des talents (développeurs, data scientist, sales, etc.) avec plus de 250 entreprises tech (Blablacar, Dashlane, Tinyclues, etc.). Après plus de 900 demandes d’entretien acceptées sur breaz.io, nous souhaitons aujourd’hui partager nos retours. À ces retours s’additionne ma propre expérience à PAYMILL (solution de paiement s’appuyant sur une REST API) que j’avais rejoint à ses débuts. En à peine un an, l’équipe tech était passée de quelques développeurs à plus d’une trentaine. J’ai pu analyser et apprécier l’impact de cette évolution sur la culture de l’entreprise et son organisation.
Challenge
Il ne fait aucun doute que les challenges techniques proposés sont incontestablement l’un des éléments les plus importants dans la construction d’une marque developer-friendly. Tant par la stack technique utilisée que par les méthodes de management appliquées. Inutile de dire qu’une startup ouverte aux nouvelles technologies (Ruby, Go, Python, etc.) et frameworks (Node.js, AngularJS, etc.) aura d’emblée une image avant gardiste souvent attractive pour les jeunes talents souhaitant évoluer sur ces nouveautés. Il est bien évidemment difficilement concevable d’appliquer de façon discontinue toutes ces tendances à son entreprise mais il est parfaitement possible de soutenir et encourager la curiosité de son équipe technique. Que ce soit en offrant des tickets pour des événements qui les intéressent (dotConferences, APIDays, Devoxx, etc.), en leur permettant de se libérer plus tôt le soir pour se rendre à des meetups ou tout simplement en co-organisant certains de ces meetups.
A l’instar d’une startup comme Mailjet dont il est difficile de passer à côté lorsque vous vous rendez à des meetups, nourrir cette passion et le faire savoir vous permettra de développer à la fois un réel sentiment d’appartenance au sein de votre équipe et une forte image de marque dans l’écosystème. Dans une startup, les développeurs sont bien souvent vos meilleurs ambassadeurs. “Les développeurs constituent une audience à part entière, exigente mais toujours prête à s’impliquer. Animer cette relation avec eux est pour nous essentiel afin de s’assurer que notre produit répond à leurs besoins et suit les tendances du marché” - Arnaud Breton, responsable des relations développeurs chez Mailjet.
Culture
Pour pouvoir
prétendre accorder toute son importance aux challenges techniques, encore
faut-il prouver qu’ils soient compris et considérés par l’ensemble des parties
prenantes de l’entreprise. Nous avons à cet égard été frappés par la startup Snips
qui a invité plusieurs candidats encore en plein processus de recrutement à
venir un soir faire connaissance avec toute l’équipe autour de bières et
pizzas. Les retours des candidats ont été excessivement positifs et cette
initiative a largement contribué à leur enthousiasme quant à la suite du
processus.
L’organisation d’événements permettant de rompre avec le daily business comme des soirées type innovation meetings ouvertes à tous où tout le monde peut y présenter des idées, les avancées sur un projet, etc. contribuent à développer la culture d’une entreprise tech.
Le cadre de
travail a également son importance mais il doit en être la résultante d’un état
d’esprit plus qu’un cadre factice apposé sur le lieu de travail. L’ensemble de
l’équipe doit pouvoir s’approprier son lieu de travail et comme bien souvent
dans les startups, ce sont les développeurs qui sont de loin les plus impliqués
dans la « customisation » du bureau. Il est donc important de les inclure
autant que possible dans la conception de leur bureau.
Par ailleurs, la reconnaissance qu’il convient d’accorder à son équipe tech
passe aussi par le choix du matériel (Mac/PC et OS) proposé ainsi que certains
avantages (perks) comme des
abonnements deezer ou spotify, un casque audio, etc. Nous avons d’ailleurs
décidé de rendre le champ « Perks & Office » obligatoire lors de la
complétion des profils pour les entreprises sur breaz.
Une autre facette de la culture d’une startup tech réside dans sa capacité à
produire de l’open-source. Que ce soit directement lié au core business ou pour des side
projects, dévoiler et partager certains travaux permet de se démarquer et
d’exposer combien la recherche est au coeur des préoccupations de l’entreprise.
Quelques exemples : Email Controlled
Christmas Tree
(Mailjet), Christmas Gifthub :
awesome autocomplete
(Algolia).
Flexibilité
Sans entrer dans un débat houleux sur le travail en remote, la notion de flexibilité prend une dimension toute particulière lorsqu’il s’agit de l’équipe tech. Accepter des horaires flexibles pour les développeurs en startup a ceci de nécessaire qu’il convient de s’adapter à un rythme de travail souvent différent des autres salariés qui dépendent des business hours. Attirer et garder les meilleurs développeurs en leur imposant des horaires de bureaux stricts sans pouvoir justifier cette astreinte par une méthodologie de travail adaptée peut être une opération délicate pour une jeune startup.
Au-delà de la
flexibilité, nous constatons que certaines startups comme Kontest insistent sur l’importance qu’elles accordent au work-life balance dès les premiers échangent avec les candidats. Il
est toujours bon de rappeler cette notion qui est souvent négligée en startups
(pour des raisons évidentes) ou du moins de montrer qu’un visage humain se
cache aussi derrière l’ambition d’un projet. Sylvain Weber, CEO et co-fondateur
de Kontest, explique à ce sujet : “Nous avons organisé une semaine du bien-être en début d'année avec
échanges de bonnes pratiques de travail : test de travail debout, méditation,
sieste, optimisation du sommeil, rythme de pause (pomodoro) etc. A partir du
moment où les collaborateurs saisissent que leur santé mental et leur équilibre
de vie sont essentiels à leur épanouissement professionnel et à leur
créativité, tout change. Tout est intimement lié et je suis toujours surpris
que peu de managers s'en rendent compte.”
Salaire
Tout le monde sait combien il est difficile de recruter les meilleurs développeurs. Pourtant, contrairement à ce que croient beaucoup d'entreprises, les développeurs sont loin d’être à acheter. D’ailleurs très probablement bien moins que certains profils purement commerciaux.
Nous voyons régulièrement circuler des « études » sur les salaires du marché réalisées par des cabinets de recrutement. Si ces études ont leur importance, elles ne sont selon nous qu’une photographie imparfaite de la réalité du marché et nombreux sont ceux qui leur accordent trop d'importance. Le salaire est loin d’être la composante principale dans la prise de décision de quelqu’un de passionné. Il y a évidemment des exceptions et des bases de salaire liées à l’évolution du marché qu’il convient d’accepter mais nous constatons chaque semaine sur breaz.io que moins d’un cinquième des propositions d’entretien refusées le sont en raison du salaire.
Dans la mesure
du possible, il est également important que le salaire proposé ne soit pas figé
dès le début du processus d’entretien avec un candidat. C’est d’ailleurs la
raison pour laquelle nous demandons à nos clients d’indiquer aux candidats
sélectionnés le montant au-dessus duquel ils sont prêts à les rémunérer. Une
fois la demande d’entretien acceptée, cela permet aux deux partis de s’assurer
que le salaire ne sera pas un frein dans leurs échanges.
La question de l’importance de l’equity (actionnariat
salarié) pour les développeurs nous est régulièrement posée par nos clients. Il
est difficile de répondre à cette question tant il y a de paramètres (taille de
l’entreprise, salaire, perspectives de croissance etc.) à prendre en compte
mais nous avons comparé le taux d’acceptation des demandes proposants de l’equity à celles qui n’en contiennent
pas. Il en ressort que la probabilité de voir sa proposition acceptée
n’augmente que de 10% lorsqu’elle contient de l’equity.
Au-delà de l’equity, nous constatons que certaines startups comme Algolia ont à cet égard parfaitement compris qu’un intéressement commun sur une partie du chiffre d’affaires réalisé (en plus d’une rémunération cohérente) permet d'attirer et retenir les meilleurs talents. Ce point nous amène au suivant, celui de la transparence vis à vis de ses futurs employés.
Transparence
J’ai admiré
chez PAYMILL la capacité de l’équipe dirigeante à inclure tous les salariés
dans les prises de décision et à faire circuler intelligemment les informations
les plus importantes. Notamment pour les nouveaux employés tout juste arrivés.
Nous avons pu constater sur breaz.io combien il est important d’être
transparent sur son activité dès la phase d’entretien. Il faut avoir conscience
que refuser de répondre à des questions sur ses chiffres clés pour des raisons
de confidentialité n’inspirera jamais confiance, or c’est précisément la
confiance du candidat qu’il faut gagner pendant cette phase. De la même manière
que de chercher à gonfler ses prévisions ou décupler son ambition pour faire
adhérer un développeur à son projet en refroidira plus d’un. Lorsque l’on
attend d’un candidat qu’il se dévoile, il est logiquement attendu qu’il en soit
de même pour l’entreprise. N’oubliez jamais que nous sommes dans un écosystème
restreint où les informations circulent vite. Il en va là de l’image de marque
de l’entreprise. Contrairement à ce que croient de nombreux profils business
l’équipe technique est tout autant attachée que les autres départements aux
résultats de l’entreprise.
En plus de la transparence sur les « key metrics » et l’activité de
l’entreprise, il est primordial de permettre aux développeurs de pouvoir
accéder et exploiter l’information/data librement. Ce n’est qu'en leur accordant
cette confiance qu’ils pourront se sentir à bord et pas simplement exécutants.