La réserve stratégique en cryptos de Donald Trump soulève des soupçons

La réserve stratégique en cryptos de Donald Trump soulève des soupçons L'annonce présidentielle a immédiatement impacté le marché des cryptomonnaies, faisant grimper les prix de certains actifs. Mais derrière cette décision, des coïncidences troublantes impliquant des proches de Donald Trump interrogent sur d'éventuels conflits d'intérêts.

Donald Trump a annoncé la création d'une réserve stratégique en cryptomonnaies, intégrant plusieurs actifs numériques. Cette décision a immédiatement fait réagir le secteur, provoquant une hausse des cours et suscitant des soupçons de manipulation de marché et de conflits d'intérêts. Plusieurs personnalités du monde économique et politique appellent désormais à une enquête sur les circonstances de cette annonce.

Une annonce aux conséquences immédiates sur le marché

Donald Trump a dévoilé dimanche sur Truth Social la liste des cryptomonnaies qu'il envisage d'intégrer à une réserve stratégique fédérale. Parmi elles figurent le Bitcoin (BTC) et l'Ethereum (ETH), mais aussi le Ripple (XRP), le Solana (SOL) et le Cardano (ADA). Peu après, ces actifs ont enregistré une hausse notable de leur valeur.

Un trader a ainsi réalisé un gain de 7 millions de dollars en quelques minutes, en misant sur cette annonce avec un effet de levier de 50x. L'opération, effectuée 16 minutes avant la publication de Donald Trump, alimente les soupçons de délit d'initié. L'économiste Peter Schiff a réagi en appelant à une enquête officielle : "Une enquête du Congrès est désormais nécessaire pour faire toute la lumière sur ce stratagème qui agit sur le marché crypto", a-t-il déclaré sur X, cité par Le Figaro.

Certains observateurs s'interrogent sur les critères de sélection des cryptomonnaies retenues. Parmi elles, Solana est liée à des meme coins lancés par Donald Trump et Melania Trump sur cette blockchain avant son investiture. Peu avant l'annonce, Eric Trump a également incité ses abonnés à investir dans les cryptomonnaies, renforçant les soupçons d'une stratégie concertée.

Des tensions au sein de l'administration Trump

La nomination de David Sacks en décembre en tant que conseiller sur l'intelligence artificielle et les cryptomonnaies attire aussi l'attention. Cet entrepreneur et investisseur a vendu ses positions en Bitcoin, Ethereum et Sol peu avant l'annonce de la réserve stratégique. Face aux accusations de conflits d'intérêts, il s'est défendu en publiant sur X : "C'est un mensonge. J'avais une position de 74.000 dollars dans l'ETF Bitwise, que j'ai vendu le 22 janvier. Je n'ai pas de 'grandes participations indirectes' et je fournirai une mise à jour à la fin du processus d'éthique".

D'autres figures proches du président sont également mises en cause. La sénatrice Cynthia Lummis, nommée à la tête du premier sous-comité du Sénat dédié aux actifs numériques, défend depuis longtemps l'idée d'une réserve stratégique en Bitcoin. En décembre, elle affirmait que "2025 sera l'année du bitcoin et des cryptomonnaies". Or, elle a elle-même investi dans ces actifs dès 2013 et possédait au moins 230.000 dollars de bitcoins en 2021, selon plusieurs médias spécialisés.

Un sommet sur les cryptos sous haute surveillance

Vendredi, un sommet sur les cryptomonnaies se tiendra à Washington sous la présidence de David Sacks. Cet événement, organisé sous l'égide de la Maison-Blanche, réunira les grandes figures du secteur pour discuter des modalités de la réserve stratégique. La sénatrice Cynthia Lummis a évoqué l'idée d'un achat de 200.000 bitcoins par an pendant cinq ans, suggérant que ces actifs pourraient servir à réduire la dette américaine.

L'initiative de Donald Trump intervient alors que les États-Unis disposent encore d'un cadre juridique flou en matière de régulation des cryptomonnaies. Contrairement à l'Europe, où la législation est plus stricte, les lois américaines restent sujettes à interprétation. Thibault Langlois-Berthelot, fondateur de Kryptosphere, souligne que "les textes sont bien plus facilement interprétables" aux États-Unis. "Il faut vraiment que la notion de conflit d'intérêts soit catastrophique pour qu'elle advienne", cité par Le Figaro.

En attendant les conclusions du sommet et d'éventuelles investigations, cette affaire continue d'alimenter les débats sur les liens entre sphère politique et marché financier.