Le Net
4. Marché du travail : on se calme (un peu)
En prouvant qu'elle pouvait aussi mener à l'échec, la Net économie a aujourd'hui quelques difficultés à trouver des séniors.--> (Vendredi 15 septembre 2000)
         
Ce qui a changé depuis l'e-krach
Financement, stratégie, perspectives...
La correction boursière du printemps a déstabilisé les "jeunes pousses" du Web. Enquête en cinq volets sur les nouvelles règles du jeu de l'Internet business.

Il n'est pas loin le temps où des start-up emmenées par une poignée d'étudiants osaient se payer des managers de multinationales. L'Eldorado du Net, ses stock-options et sa cure de jouvence, marchaient alors à plein. Mais, depuis l'e-krach de mars, un vent de méfiance s'est levé parmi les séniors. A leurs yeux, la Net économie a perdu son image paradisiaque, pour devenir un casino. Voire un piège. "En juillet dernier nous voulions recruter un directeur général et nous avions pressenti un sénior, explique le fondateur d'une start-up française très en vue. Mais lorsqu'il a vu que eToys aux Etats-Unis repoussait son introduction en Bourse, il a décliné notre offre pour rester en poste au sein de son groupe."

Le jackpot n'est plus garanti

Aujourd'hui dans l'Internet, les histoires de consultants venus de grands cabinets internationaux pour goûter aux joies de l'Internet à la fin de l'année 1999 et repartis vers leur fonctions premières après l'e-krach ne sont pas rares. "Les stocks options ne suffisent plus à attirer les gens expérimentés, constate un autre PDG de start-up. Il faut qu'ils aient confiance dans le projet et dans la viabilité de l'entreprise pour accepter de nous rejoindre". Jusqu'en mars dernier, l'appât du gain rapide était souvent le seul critère pour franchir le pas de la Net économie. Mais, depuis les reculs boursiers et l'affaire Boo.com, un certain goût pour l'aventure s'avère à nouveau indispensable. Or, les semaines à 60 heures et plus font réfléchir les séniors si le jackpot n'est plus garanti à la sortie. "Il faut une vraie motivation, insiste Jacques Birol, 49 ans, HEC et vice président de Keljob.com. Moi je me régale, c'est un vrai plaisir d'entreprendre. Mais il n'y a rien de plus aléatoire, j'en suis conscient..."

Malgré tout, les start-up ont besoin de ces séniors. Seuls des cadres expérimentés, souvent issus de l'économie traditionnelle, savent gérer la croissance exponentielle des jeunes pousses qui découvrent, parfois amèrement, les lois du marché. Une réalité que la plupart des investisseurs obligent désormais à respecter. "On ne fonctionne pas à 100 personnes comme on le faisait à 15, souligne Philippe Vallach, directeur administratif et financier de CanalWeb, qui a fait une partie de sa carrière chez Vivendi. Il faut structurer les activités et avoir des gens qui font référence." Bref, la séniorisation de la Net économie est en marche.

"Il nous faut maintenant des spécialistes..."

Mais l'âge n'est pas le seul critère. Les start-up ont aussi besoin de spécialistes. Le paradis des avant-gardistes polymorphes, souvent jeunes et férus d'informatique, s'éloigne à grands pas. "On ne peut plus recruter des gens qui sont simplement intéressés par Internet et qui surfent beaucoup, indique-t-on chez Business Interactif. Il nous faut maintenant de vrais professionnels." La polyvalence indispensable aux débuts de la "nouvelle économie" n'est donc plus le premier critère de sélection. Ce qui complique encore un peu plus le recrutement des start-up. Pour dénicher les talents, des sociétés comme Luckyvillage.com n'hésitent pas à solliciter leurs abonnés afin de drainer des candidatures. Car les spécialistes sont rares. "Nous offrons 5.000 francs à ceux de nos 100.000 adhérents qui nous permettront de trouver les 4 profils que nous cherchons", explique Ouriel Ohayon, un des fondateurs du site.

Cette difficulté dans le recrutement n'est pas une nouveauté pour la Net économie. En particulier dans le domaine technique. "On note une véritable tension sur le marché des ingénieurs informatiques, souligne Philippe Vallach. Ce n'est même pas une question d'argent puisqu'il y a une véritable pénurie de main d'oeuvre". Développeurs et spécialistes des bases de données sont en effet des espèces rares sur le marché du travail. Alors, pour empêcher que ces employés ne soient débauchés, les start-up rivalisent d'imagination afin de garantir un cadre convival à leurs troupes : sauna chez Spray.fr, massages au bureau, parties de foot dans les couloirs... Une évolution indispensable notamment face à des grands groupes qui montent leur propre filiale Internet. Or, ces filiales, adossées à une grande marque et qui se donnent des apparences de start-up, séduisent de plus en plus les spécialistes et les séniors. Pour s'en convaincre, il suffit de voir les enjeux internes qui naissent aujourd'hui pour nommer le "monsieur Internet" de tel ou tel grand compte...

Les start-up doivent donc inventer leur propre culture d'entreprise. L'ambiance décontractée, le "sans cravate", l'appât du gain semblent avoir fait leur temps. Cette mutation devient un enjeu central pour la Net économie afin de brider les vélléités de départ, limiter le turn-over et attirer les talents. Mais qui dit culture d'entreprise dit "vrai projet". Ce qui est peut-être le signe de la maturité de l'Internet.

[Alexandre Lazerges, JDNet]
 
 
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