La fiabilisation des mesures
d'audience et trafic conditionne aujourd'hui largement le
développement économique du média Internet.
Par mesure d'audience, on entend l'appréhension de
l'Internaute alors que par la mesure de trafic, on quantifie
le nombre de pages affichées. Devant le développement
des outils offerts, les principaux organismes de certification
des médias traditionnels (CESP et Diffusion Contrôle)
travaillent à la mise au point de normes pouvant garantir
la fiabilité des données fournies. Vaste chantier.
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Diffusion Contrôle, l'association
des professionnels des médias qui audite et contrôle
les chiffres de diffusion et de distribution des médias
traditionnels, a annoncé l'adoption de nouveaux principes
conditionnant l'attribution de son label.
L'évolution la plus marquante est l'adoption du principe
d'un marquage du site par des tags placés en bas de
page. "Nous avons aujourd'hui à définir
des normes pour le marché de la mesure de trafic qui
soient contrôlables et cohérentes", rappelle
Philippe Rincé, directeur général adjoint
de Diffusion Contrôle. "L'idée est de permettre
au marché de disposer de normes fiables et équitables."
Sur la base de ces nouvelles
normes, Diffusion Contrôle attribuera ou "confirmera"
son label avant la fin de l'année pour les outils de
mesure respectant ces nouvelles prescriptions. Dans
un second temps, Diffusion Contrôle prévoit de
rendre public à partir du premier semestre 2001 les
résultats de ses contrôles et audits effectués
sur les sites avec le nom de l'outil de mesure labelisé
utilisé par ces derniers.
Le débat risque
donc d'être rapidement relancé et alimenté
sur leur fiabilité, mais cela probablement dans l'intérêt
de l'ensemble du marché qui réclame surtout
de la clarté et de la fiabilité dans les chiffres
fournis.
En imposant ses nouvelles règles,
Diffusion Contrôle révèle la complexité
d'appréhension de la mesure physique du trafic d'un
site. Un exemple, si l'on place le marqueur en haut de page,
on comptabilise l'affichage d'une page dès l'apparition
du haut de cette dernière, même si l'Internaute
interrompt son chargement en cours ou utilise les flèches
"précédent" ou "suivant"
de son navigateur pour cause de lourdeur ou d'encombrement
du réseau.
Pour Rodolphe Rodriges, PDG de
Weborama, éditeur d'un des outils déjà
certifiés par Diffusion Contrôle sur la base
du premier cahier des charges retenant l'utilisation de marqueurs
pour la mesure de trafics "le choix de l'emplacement
du marqueur a fait l'objet de vastes débats au sein
de Diffusion contrôle. En plaçant le marqueur
en haut de la page on favorise l'audience brute qui ne correspond
pas à un affichage complet de cette dernière.
En plaçant le marqueur à proximité des
bannières publicitaires on apprécie le trafic
en fonction de l'espace publicitaire réellement généré
ce qui ne signifie pas que toute la page a été
affichée. Enfin avec l'option retenue de placer le
tag en bas de page, on valorise le trafic en fonction du contenu
éditorial. Le critère est en quelque sorte l'affichage
complet des informations.
Les membres de Diffusion Contrôle sont d'abord des producteurs
de contenu d'où cette sensibilité au contenu
éditorial. Personnellement, je pense que c'est un bon
choix. Ce n'est pourtant pas un choix évident ou incontestable".
Derrière cette volonté
de perfectionner ou fiabiliser les chiffres fournis par les
outils de mesure de trafic dits "site-centric",
on pense naturellement aux interrogations actuelles sur la
fiabilité de l'outil cybermonitor de Cybermétrie.
Wanadoo et Voila viennent de renoncer à l'utilisation
de Cybermonitor, rejoignant Yahoo qui a pour sa part toujours
refusé l'utilisation de cet outil (Lire l'interview
de Isabelle
Bordry). C'est ainsi une part majeure de l'audience du
Web français qui disparaît de l'indicateur fourni
chaque mois par Cybermétrie. Bernard Ochs, directeur
marketing de la société NetValue spécialisée
dans la mesure d'audience "user-centric", défend
l'approche des panels: "Les outils site-centric et user-centric
sont complémentaires, mais les outils site-centric
ne parviennent pas à assumer la mesure d'audience des
sites majeurs. Il y a là un problème d'infrastructure
technique, c'est la raison pour laquelle ces sites utilisent
aujourd'hui les panels".
Interrogé sur le nouveau
cahier des charges de Diffusion Contrôle, Charles Juster
qui dirige la communication externe de Médiamétrie
répond : "Nous avons été les
premiers à recevoir le label Diffusion Contrôle
et nous nous adapterons naturellement aux nouvelles prescriptions.
Toutefois, je pense que le vrai critère d'appréciation
des chiffres fournis par les différents outils, c'est
le marché. C'est le marché qui arbitre et nous
faisons évoluer notre outil en fonction des besoins
et priorités de nos prescripteurs. Nous publions chaque
mois les résultats de 76 sites, mais nous travaillons
dores et déjà avec 240 souscripteurs chez lesquels
nous mettons en place progressivement notre outil."
Diffusion Contrôle avait
déjà procédé à une labellisation
de trois outils "site-centric" présents sur
le marché sur la base de son premier cahier des charges:
Cybermonitor (Cybermétrie), eStat (Echo) et Weboscope
(Weborama). Tous déclarent qu'ils s'adapteront aux
nouvelles règles et cinq nouveaux acteurs ont d'ores
et déjà eux aussi demandé leur labellisation.
Pour en savoir plus sur les principaux
outils du marché, lire le dossier
mesure d'audience de Solutions JDNet.
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