L'Internet
a parfois un pouvoir de métamorphose sur certains grands
groupes ancrés
dans l'économie traditionnelle. Dans ce domaine, la
SNCF est
en passe de devenir un cas d'école. Déjà
estampillée comme le plus gros site marchand français,
avec un chiffre d'affaires 2000 estimé à 600
millions de francs et une audience de 2 millions de visiteurs
uniques sur l'ensemble de l'année, la SNCF décide
d'accélérer un peu plus sur l'Internet. "Nous
passons en mode 'marche forcée' pour aller encore plus
vite sur l'e-commerce, explique Guillaume Pépy, directeur
général clientèles. Pour cela, nous avons
créé une nouvelle structure, 100% SNCF, baptisée
GL e-commerce [GL pour Grandes Lignes, NDLR]. Sa mission
sera de construire des rapprochements commerciaux et capitalistiques
avec les partenaires capables de soutenir notre développement
sur le commerce en ligne." Si les objectifs de GL e-commerce
sont identifiés, l'enveloppe dont elle dispose pour
ses investissements reste, par contre, inconnue. Cette nouvelle
structure est dirigée par Mireille Faugère (Lire
son interview au JDNet).
Cette
holding e-commerce, discrètement créée
au mois d'août dernier et qui chapeaute la filiale Voyages-SNCF.com,
vient de boucler sa première opération en entrant
à hauteur de 20% dans le capital de Maximiles
via un partenariat commercial de cinq ans. Ce programme de
fidélisation en ligne, qui compte à ce jour
une cinquantaine de partenaires, devient donc l'outil marketing
attitré de la SNCF. Un joli coup de booster pour Maximiles,
un site lancé en avril dernier et qui a opéré
deux tours de table en décembre 1999 et septembre 2000
pour un montant total de 75 millions de francs. "Nous
ne communiquons pas le montant de cet investissement, explique
Mireille Faugère, la présidente de GL e-commerce.
Mais ces 20% n'ont pas uniquement été acquis
en cash." Thomas Chatillon, le directeur général
de Maximiles (Lire son interview
au JDNet), indique néanmoins que "le capital de
la société est désormais détenu
à 50% par les investisseurs privés, à
30% par les fondateurs et à 20% par GL e-commerce."
Si Maximiles
devient donc le nouveau programme de fidélisation en
ligne de la SNCF, avec des cadeaux à la clef pour les
internautes clients (location de voitures, abonnements presse,
spectacles...), GL e-commerce affirme vouloir continuer sa
politique d'investissement "afin de construire un rateau
le plus large possible, souligne Guillaume Pépy. Les
domaines du commerce en ligne, notamment à destination
des seniors, et des nouvelles technologies, comme le Wap ou
la télévision interactive, font partie de nos
centres d'intérêt." Autres chantiers :
dès février 2001, la SNCF va mettre en ligne
son nouveau site, entièrement refondu, et disposant
d'une nouvelle technologie de réservation "permettant
la création de comptes clients". Objectif affiché
: permettre la commande en quelques clics. Parallèlement,
mi-2001, un portail supplémentaire, dédié
cette fois au tourisme et aux voyages, devrait également
voir le jour. Ces deux chantiers ont été dotés
d'un budget total de 100 millions de francs.
Du côté
des objectifs, la SNCF compte confirmer la montée en
charge de ses activités en ligne avec "un chiffre
d'affaires 2001 que nous estimons à 1,2 milliard de
francs, détaille Guillaume Pépy. Cela représente
4% de nos ventes grandes lignes." Pour asseoir ce développement,
GL e-commerce travaille notamment sur le concept de billet
électronique, sur le déploiement d'offres spécifiques
pour les voyages d'affaires et sur l'ouverture européenne
en déclinant son futur site en cinq langues. Pas de
doute, pour la compagnie ferrée, une révolution
est aujourd'hui en marche. Non contente de quitter son image
"ferroviaire", la SNCF cherche désormais
à se séparer de son étiquette "nationale".
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