La décision de Yahoo
Inc. de retirer les objets nazis de son service américain
de ventes aux enchères met un terme sur le fond à
l'affaire l'opposant à plusieurs associations antiracistes
françaises (Licra, L'UEJF, le Mrap). Mais le conflit
juridique reste encore à trancher et la polémique
pourrait bien reprendre sur le front des pages perso.
|
|
Yahoo
se défend pourtant d'avoir pris la décision
de retirer les objets nazis de ses ventes aux enchères
à la suite de sa condamnation en référé
par le tribunal de grande instance de Paris (lire l'article
JDNet du 21/11/00). "L'évolution de notre politique
est liée au nouveau modèle économique
de notre site d'enchères, explique Philippe Guillanton,
directeur des opérations de Yahoo Europe. Auparavant
nous étions simplement hébergeurs d'annonces
et nous risquions de contredire le premier amendement de la
constitution américaine si nous avions voulu filtrer
certains objets". En
devenant payant, Yahoo considère désormais qu'il
lui est possible de mettre en place une charte éthique
excluant la vente d'objets associés à la haine
et à la violence dès lors qu'il s'agit d'une
plate-forme de commerce électronique.
Marc Knobel, membre du conseil
exécutif de la Licra se réjouit vivement de cette décision
"Nous sommes très loin du discours tenu par Yahoo
il y a encore quelques semaines. On nous expliquait à
l'époque qu'il était immoral de s'attaquer ainsi
à la liberté d'expression". Le représentant
de l'organisation affiche ouvertement sa satisfaction: "Le
plus important pour moi est que l'on ne permette plus aux
membres de Klu Klux Klan ou autres groupuscules néo-nazis,
de faire un commerce d'objets évoquant des heures sordides
de notre histoire. Peu importe la motivation officielle de
cette décision, cette cuisine interne à Yahoo
ne nous concerne pas."
Pour autant la décision
rendue par la juridiction française le 21 novembre
dernier condamnant Yahoo Inc à mettre en place un système
de filtration empêchant l'internaute français d'accéder aux
ventes aux enchères d'objets nazis proposées sur le site Yahoo.com
reste en suspens bien que désormais dénuée
d'objet à compter de l'entrée en vigueur des
nouveaux principes édictés par yahoo.com.
Mais Philippe Guillanton
explique que son groupe attend toujours que le juge américain
saisi de la décision de justice française déclare
l'absence de validité de cette dernière sur
le sol américain. "Il s'agit pour nous de sécuriser
notre environnement juridique en démontrant qu'un juge
non américain ne peut pas imposer de décision
à une société de droit américain
si celle-ci n'est pas conforme au cadre juridique US."
Sur le fond, Philippe Guillanton
exprime l'attachement profond de Yahoo à contribuer
à la lutte contre les idéologies racistes et
xénophobes par la pédagogie plus que par la
censure. Suite à cette décision unilatérale
"de grande bonne volonté" de Yahoo Inc il
invite à la concertation les associations à
l'origine des poursuites contre sa société:
"Nous voulons leur expliquer comment fonctionne le Web
et travailler à partir de là, à leurs
côtés pour dissuader les individus qui véhiculent
les opinions racistes et xénophobes de le faire."
Une démarche d'ouverture
que salue Marc Knobel qui cependant déplore qu'elle
n'aie pas été entreprise plus tôt et évoque
une autre piste de travail pour le futur: "Le Groupe
Yahoo possède la société d'hébergement
gratuit Géocities laquelle est utilisée par
de trop nombreux internautes américains et européens
pour véhiculer des idéologies de la haine et
de la violence via leurs sites Internet. Pourquoi ne pas étendre
leurs nouveaux principes éthiques à cette activité
d'hébergement ?" Une
nouvelle piste de concertation et de réflexion est
désormais ouverte avec, à n'en pas douter de
nouvelles discussions et de nouveaux ajustements à
venir à la fois pour Yahoo et les associations de lutte
contre le racisme la violence et la xénophobie.
|