Guillaume
Cornu-Thenard
Chef de projet Internet de Runaworld
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Guillaume Cornu-Thenard : "On peut imaginer
plusieurs impacts sur notre secteur, le premier étant
d'ordre financier. En effet, les investisseurs ont de
plus en plus de mal à faire confiance à un secteur qui
reste très friable. Malheureusement, lors de conflits
d'intérêts comme celui-ci, les premiers secteurs qui
pâtissent de ce manque de confiance sont les plus faibles,
comme celui de la nouvelle économie.
Au
sens commercial, sur le secteur du voyage, l'impact
sera sans doute le même que pour la vente traditionnelle.
Dans un premier temps, les gens seront plus réticents
au fait de prendre l'avion. Sur le moyen et le long
terme, nous assisterons sûrement à une baisse
de la croissance des ventes. Par
ailleurs, l'e-ticket va être momentanément supprimé
étant donné que les bornes de retrait dans les aéroports
vont être désactivées. Or cette mesure touche directement
les activités Internet."
(propos
recueillis le 14/09/2001)
Jean-Michel Hamdi : "Au sens large, je pense
que l'on va assister à un coup de frein des achats
sur le secteur e-marchand. Mais les services liés
à l'information et à la communication
vont en revanche tirer leur épingle du jeu. Pour
le secteur du tourisme sur Internet, il faut s'attendre
à une baisse des activités, à l'instar
du secteur du tourisme en général. Les
déplacements vont se limiter au monde professionnel.
Si
les tensions persistent, le secteur de l'hôtellerie
ne rebondira que dans plusieurs mois. A l'heure actuelle,
il faut savoir que les américains du Nord annulent
d'ores et déjà leurs réservations
en France. Pour nous préparer à ce ralentissement,
nous avons d'ailleurs mise en place une task force afin
d'étudier les différents scénarios
dont, notamment, celui de la guerre du Golfe. Nous
étudions également des incursions dans
le monde offline afin de contre-balancer une baisse
éventuelle des ventes en ligne."
(propos
recueillis le 18/09/2001)
Jean-François Rial : "Cette crise va
avoir un impact très fort pour la nouvelle économie
car celle-ci manque toujours de capitaux. La plupart
des entreprises n'ont pas encore atteint le point mort
et sont donc très fragiles. Ensuite, elles manquent
de confiance. Les entreprises de ce secteur ne sont
pas à proprement parler des valeurs refuges.
Globalement,
sur toute notre activité, nous constatons depuis le
11 septembre 30% de baisse sur les inscriptions. Quant
au Web, il est encore plus durement touché. Nous avons
enregistré 60% de baisse des incriptions. Le même phénomène
se produit sur les annulations. Nous avons contaté deux
fois plus d'annulations que d'ordinaire concernant le
Net. Elles doivent aujourd'hui se trouver autour de
20%. Il est vrai, que les annulations sont toujours
plus élevées sur Internet, car l'achat sur ce média
est plus spontané. A titre d'exemple, 100% des réservations
vers la Syrie ont été annulées. Mais nous constatons
également beaucoup d'annulations sur la Jordanie et
l'Asie Centrale qui regroupent beaucoup de pays frontaliers
à l'Afganistan. 70% des ventes à destination des zones
sahariennes ont été également annulées. Pour
ce qui est des Etats-Unis, nous contatons une forte
annulation du nombre de billets d'avion. Mais je pense
qu'à terme, le nombre de demandes sera bientôt plus
élevé que l'offre et que le business vers les Etats-Unis
va se rétablir beaucoup plus vite que sur les destinations
orientales.
Pour
nous préparer à ce ralentissement, nous
allons stopper nos investissements publicitaires et
nos recrutements, ainsi que l'ouverture de nouvelles
agences. De même, sur le Web, nous allons suspendre
nos investissements. Il faut s'attendre à six mois de
difficultés. En effet, il y a trois périodes
pendant lesquelles peut se développer l'incertitude :
tant que les Etats-Unis n'ont pas réagi, les suites
à la réaction des Etats-Unis et, après, les réactions
des pays musulmans. Aujourd'hui, comme nous n'affrêtons
pas d'avions, nous allons essayé de réorienter nos clients
vers des destinations comme l'Europe ou l'Asie."
(propos
recueillis le 17/09/2001)
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