Pour
8 millions d'euros, la banque britannique sur Internet
Egg Plc a racheté son homologue française
Zebank filiale de Groupe Arnault (à 80%) et de
Dexia (à 20%). Jusqu'à la conclusion définitive
de l'accord, les actionnaires de Zebank, dont l'actif
net serait évalué à 31 million
d'euros, devront en outre renflouer la banque en ligne
à hauteur de 30 millions d'euros. Une somme que
Egg pourrait ensuite rembourser aux actionnaires à
l'issue des opérations.
Le
montant de 8 millions d'euros versé par Egg aux
deux anciens propriétaires restera en tout cas
minimal par rapport à l'investissement consenti
par Groupe Arnault et Dexia. Depuis 1999, la banque
aurait ainsi englouti près de 175 millions d'euros
pour son développement. Mais les deux vendeurs
n'étaient pas en mesure de négocier, au
vu de l'état financier de la société.
Depuis octobre dernier, date à laquelle Groupe
Arnault avait annoncé chercher un adossement
pour son établissement Internet, Zebank, qui
disposerait de 60.000 comptes (dont quelques centaines
actifs) devait faire face à un niveau de trésorerie
en chute libre, avec un rythme de consommation hebdomadaire
de "cash" de 2,5 millions d'euros.
Selon
des sources proches du dossier, Zebank aurait négocié
début décembre un nouvel apport de 30
millions d'euros auprès de ses investisseurs.
Une somme que Groupe Arnault et Dexia n'auraient pas
voulu apporter, préférant chercher un
racheteur pour la banque en ligne. Ce refus avait entraîné
l'annonce de la fermeture du siège parisien de
Zebank, toutes les opérations devant être
délocalisées à Tours.
La
bonne affaire financière sera donc surtout pour
Egg qui s'offre ainsi une fenêtre de tir rapide
sur le marché français. Car en rachetant
Zebank, la filiale de Prudential, n'a pas vraiment visé
le faible nombre de comptes actifs mais surtout "les
murs" de l'établissement. Avec Zebank, Egg
s'offre à bon compte un agrément bancaire
souvent long et dificile à obtenir, ainsi qu'une
infrastructure informatique et un centre d'appels déjà
en place.
Mais
cela ne suffira pas selon ses dirigeants. Egg a d'ores
et déjà annoncé qu'il consacrerait
près de 25 millions d'euros au développement
de ces structures et près de 82 millions d'euros
en marketing, sur une enveloppe globale de près
de 170 millions d'euros, et tout cela sans faire de
nouveau appel au marché. Ses dirigeants n'ont
toutefois pas voulu révéler si la marque
Zebank serait conservée et si la banque française
ferait l'objet d'un plan de restructuration.
L'objectif, très ambitieux, sera d'atteindre
près "d'un million de clients" d'ici
trois ans et "une rentabilité de la filiale
française dès 2004". Les experts,
estiment qu'Egg lorgnera notamment sur le marché
des cartes bancaires, qui ont constitué son fonds
de commerce en Angleterre et ont contribué à
ses premiers bénéfices opérationnels
de l'histoire au cours du quatrième trimestre
2001. Un analyste du Cabinet Forrester estime d'ailleurs
que "la vraie plus-value dans ce rachat" se
trouvait surtout dans un accord connexe de distribution
des cartes de crédit signé avec les magasins
Sephora et La Samaritaine, deux structures contrôlées
par LVMH. En Grande-Bretagne, Egg avait ainsi largement
profité d'un accord de distribution avec la chaîne
Boots (700 magasins au Royaume-Uni) pour gonfler le
nombre de ses titulaires de carte bancaire.
La
banque Merrill Lynch a relevé sa recommandation
d'achat du titre, coté à la Bourse de
Londres, en indiquant "que si Egg obtenait la même
performance en France qu'en Angleterre, elle pourrait
disposer d'ici 2005 de 340.000 nouveaux possesseurs
de cartes de crédit", ce qui augmenterait
considérablement sa valeur boursière.
Le titre a terminé en hausse de plus de 5% hier
sur le London Stock Echange.
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