Trop c'est trop... Esso/Exxon
Mobil a attaqué en justice GreenPeace et son site
Internet pour détournement de son logo : "E$$O"
au lieu de "Esso", double symbole du dollar
américain remplaçant les deux S de la marque
pour servir de drapeau à la virulente campagne
internationale lancée par l'association de défense
de l'environnement à l'encontre du groupe pétrolier.
Bien que le logo détourné soit installé
depuis 2001 sur les sites des 'green warriors' de Grande-Bretagne,
des Etats-Unis, du Canada, du Luxembourg et d'Allemagne,
ce sera en France que se règlera le conflit.
Le choix de la France pour une première riposte
n'a rien d'anodin. La législation française,
qui avait condamné le site
"JeboycotteDanone.net" l'année dernière,
protège davantage les marques que celle des autres
pays. Malgré ce souvenir récent, l'assignation
au Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris le 1er
juillet prochain a "beaucoup
surpris" les responsables du site. Comme le souligne
Pierre-Emmanuel Rouzineau, webmaster de GreenPeace.fr,
"Esso ne nous a jamais averti au préalable.
Nous avons reçu l'assignation par lettre recommandée".
Face à la menace
des 80 000 euros d'indemnité demandés,
les responsable du site restent néanmoins optimistes.
"Les charges ne portent que sur la forme, raconte
Pierre-Emmanuel Rouzineau. Esso en foat
des tonnes : nous avons utilisé que de la police
'Arial' pour faire le logo, et eux voient une référence
aux 'SS', en plus écrits en gothique." Pour
lui, une chose est certaine : "Quoi qu'il en ressorte
de cette histoire, nous ne nous arrêterons pas
là, nous agirons contre Esso tant qu'il restera
un criminel climatique qui agit sur l'ensemble de la
planète". D'ailleurs, le webmaster a déjà
en tête d'autres stratégies d'attaques,
avançant "pourquoi pas une tête d'un
tigre barrée" pour remplacer l'actuelle
image en cas de condamnation.
Comme pour "JeboycotteDanone",
le site de GreenPeace France connaît actuellement
une hausse de sa fréquentation. L'audience qui
s'établirait à plus de 10 000 visiteurs
uniques depuis l'ouverture du site, va sans doute augmenter
ces prochains jours "grâce au relais médiatique"
du conflit qui oppose Greenpeace à Esso. Mais
les véritables relais de notoriété
sont les 10 000 activistes français ou les 180
000 dans le monde, tous invités à venir
sur le site pour envoyer des e-cards.
Quant à la compagnie
pétrolière du monde, elle entend "vouloir
ne défendre que ce qui lui est propre",
soit sa marque. "Nous ne sommes pas contre l'existence
même du site, quoique nous aurions beaucoup de
choses à redire des allégations qui y
sont faites", indique Emmanuel du Granrut, directeur
de la communication d'Esso. Pour
lui, la multinationale n'a "aucun souci" à
se faire quant à sa respectabilité. Idem
pour des conséquences 'fâcheuses' au niveau
du rating social et environnemental : "Nous avons
de quoi nous défendre, affirme-t-il. Nos salariés
réprouvent la manière d'agir de GreenPeace.
Ils ont plus un sentiment d'injustice qu'autre chose".
Au TGI de Paris, il y aura
sans doute débat, mais pas sur le fameux Protocole
de Kyoto, car "cela n'est pas le lieu pour y répondre",
commente Emmanuel du Granrut. Il n'y aura pas non plus
d'arrangement à l'amiable, car "avec de
telles personnes, vous ne pouvez pas dialoguer".
Les deux parties semblent se préparer à
une guerre froide, l'un accusant l'autre d'être
le "leader des tentatives de sabotage de l'action
internationale de lutte contre le réchauffement climatique",
l'autre démentant fermement les "accusations
non fondées sur notre dumping environnemental".
Entre temps, et au moins jusqu'au 1er juillet 2002,
le site Greenpeace.fr continuera à afficher son
"E$$O"...
|