"L'envoi du MMS doit
être aussi simple que l'envoi d'un Texto". C'est
l'un des objectifs commerciaux que Jean-Pierre Tasseto,
directeur général adjoint de SFR, avait énoncé
en novembre dernier lors d'un Chat JDN. Mais avant d'en
arriver à cette simplicité d'usage, le
Multimedia
Message Service (SMS multimédia intégrant
photos, son et images animées) doit encore franchir
une ultime étape : celle de l'interopérabilité.
Un pari en passe d'être gagné. D'ici la
fin avril, les trois opérateurs mobiles français
(Orange, SFR et Bouygues Telecom) devraient réaliser
l'interconnexion qui permettra à leur plate-forme
MMS respective de communiquer les unes avec les autres.
Avec
cette fameuse interopérabilité, les acteurs
du marché peuvent espérer le grand bond.
Jusqu'ici, les détenteurs de terminaux MMS ne
pouvaient envoyer des messages mobiles multimédias
qu'à des abonnés du même opérateur.
Le mois prochain, cet obstacle devrait enfin être
levé comme dans la plupart des pays européens.
A cette interconnexion tant
attendue, s'ajoute une offre de terminaux compatibles
MMS de plus en plus large sur le marché français.
Orange propose, par exemple, six téléphones
MMS (Nokia 7650 ou 7210, Sony Ericsson T68i ou T300
et le SPV). Des terminaux qui s'avèrent de plus
en plus compatibles entre eux sur la transmission et
la réception de MMS, même si, selon l'avis
des spécialistes, quelques
réglages techniques restent à effectuer
pour harmoniser l'offre.
Un
marché de 70 millions de dollars
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Tous ces développements
sont aujourd'hui suivis de près par les opérateurs,
placés aux premières loges, mais aussi
par les acteurs impliqués
sur le marché des messages mobiles (constructeurs
de terminaux, prestataires technologiques, fournisseurs
de contenus et de services mobiles). Il faut dire que
le jeu en vaut la chandelle. Selon le cabinet britannique
Ovum, le marché mondial du MMS pourrait atteindre
les 70 millions de dollars d'ici 2007, dont 29 millions
pour l'Europe. Mais la
croissance des MMS dépendra plus globalement
du développement du marché de l'Internet
mobile et notamment du GPRS.
Selon l'Idate, 8
millions d'européens devraient être abonnés
à des services Internet mobile dès la
fin de cette année.
En France, les dernières
fêtes de fin d'année ont permis aux opérateurs
de partir à la conquête de ce nouveau marché.
Orange a séduit 520 000 clients avec
ses offres multimédias au cours du deuxième
semestre 2002. De son côté, entre octobre
et décembre derniers, SFR a vendu 260 000
terminaux multimédias. Quand à Bouygues Telecom,
qui a parié sur l'i-mode, il recense aujourd'hui
100 000 abonnés à ses services "Internet
de poche".
"Le succès de l'i-mode
en France, et plus généralement des terminaux
couleurs, a permis de recrédibiliser le marché
de la donnée mobile, estime Jérôme
Doncieux, co-dirigeant de l'agence de contenu délégué
Relaxnews, qui travaille sur l'élaboration
de services MMS. Tous les acteurs considèrent
le déploiement des services GPRS comme une phase
d'apprentissage de l'UMTS."
Un apprentissage entamé
il y a tout juste un an : en mars 2002, Relaxnews
a mené sa première expérimentation
MMS avec Orange à l'occasion d'une rencontre
de rugby du Tournoi des Six Nations.
Des
clips vidéos sur les mobiles
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Plus récemment, le salon
3GSM World Congress, qui s'est déroulé
en février dernier à Cannes, a donné
lieu à une avalanche de nouveautés MMS,
tant du côté des prestataires technologiques
que des éditeurs mobiles. Dans la première
catégorie, Alcatel Mobiles Solutions a
annoncé le lancement de ses services de messagerie
multimédia MMS version 2.0. PacketVideo
et Openwave ont présenté pour leur
part leur solution commune de MMS Video. Une offre qui
permet de recevoir et d'envoyer des clips vidéos sur
les réseaux GPRS.
Parmi les éditeurs,
Musiwave, société dédiée
aux services de musique et de divertissement sur mobile,
a présenté à Cannes sa gamme d'applications
et de services MMS (baptisée MoreMMS), co-élaborée
avec Mobileway. Buongiorno a, lui, annoncé
le lancement de MMS sous forme de bande dessinée inspirés
des comic strips de Warner Bros. Ces produits seront
distribués dans vingt-huit pays européens, dont
la France via SFR.
Les solutions technologiques
et les futures offres dédiées au MMS sont
donc dans les starting-blocks. Reste à convaincre
les utilisateurs. Pour se faire, les
opérateurs mobiles font aujourd'hui preuve de
pédagogie et jouent la carte de l'incitation.
Orange indique sur son site que les envois de MMS entre
ses abonnés sont illimités et gratuits
jusqu'au 27 avril prochain. "Pour le moment, faute
d'accord d'interconnexion, nous ne tenons pas à
faire du MMS un argument de vente", assure-t-on
du côté d'Orange.
La
bataille qui s'annonce
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De son côté, SFR
a coupé la poire en deux : l'envoi d'un MMS sur
un mobile coûte 0,45 euro, mais la consultation
des messages depuis le site de l'opérateur est
gratuite. Si le client adopte la formule découverte
sur les offres "Services Multimedi@ GPRS",
il dispose par ailleurs de deux mois gratuits de MMS
(avec un maximum de 500 envois par mois). Enfin,
chez Bouygues Telecom, l'envoi d'un MMS est facturé
0,30 euro, la réception étant gratuite.
Ces différentes intitiatives
laissent présager, à terme, d'un affrontement
commercial intense. "La bataille des MMS interpersonnels
sera massive", prévient Jérôme
Doncieux de RelaxNews. Dans le ligne de mire des opérateurs :
les "cameraphones" (téléphones
équipés d'un objectif photo) qui devraient,
à l'image du Japon, décupler les usages
des messages multimédias entre les abonnés.
Du côté des MMS
à contenus éditoriaux, une vague d'offres
devrait aboutir à la mise en place, dès
la rentrée prochaine, d'abonnements thématiques
ou transversaux. Mais ici, le modèle reste encore
à valider. "Maintenant, nous cherchons à
monter des offres qui prouvent la valeur spécifique
du MMS", poursuit Jérôme Doncieux.
Dans une enquête menée par Jupiter Research
en septembre dernier, auprès d'un échantillon
d'utilisateurs européens de mobiles, 19 %
des personnes interrogées indiquaient qu'elles
attendaient des offres MMS de "l'information pertinente"
en premier lieu. De quoi donner un avantage aux éditeurs
rodés au support online.
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