Le marché des technologies
haut débit alternatives (Wi-Fi, satellite, CPL),
destinées à couvrir les zones territoriales
non desservies par l'ADSL, est en plein essor. Ce développement
est stimulé par des mesures gouvernementales prises
dans le cadre du CIADT pour développer l'accès
Internet dans les zones rurales au nom de la réduction
de la fracture numérique. Parallèlement
à cette politique d'incitation pour équiper
les entreprises et les collectivités locales en
accès Internet haut débit, les opérateurs
satellites ré-orientent leurs offres d'accès
Internet rapide sur un mode bi-directionnel, qui facilite
la circulation des données IP et qui simplifie
l'usage par rapport au schéma unidirectionnel (*).
En sa qualité
de "fournisseur de capacité de satellite",
Eutelsat ne veut pas rater le coche. L'opérateur
européen de satellite, dont le siège social
se trouve en France, va lancer dans quelques semaines
son premier satellite dédié à l'Internet
bidirectionnel : e-Bird. La principale caractéristique
de ce dispositif de satellite "nouvelle génération"
est la puissance de ses répéteurs (réémetteurs
embarqués à bord des satellites) à très
large bande (108 MHz). "L'investissement e-Bird
s'élève à 180 millions d'euros
pour une durée d'exploitation de dix ans",
indique Jean-Paul Brillaud, directeur-général
adjoint d'Eutelsat en charge de la stratégie
de développement.
Avec e-Bird, Eutelsat cherche
à intensifier son recrutement de clients entreprises
(accès Internet haut débit ou réseau
virtuel privé) mais aussi à favoriser
des accords avec les fournisseurs d'accès Internet
haut débit qui souhaiteraient élargir
leur clientèle en dehors des zones ADSL.
Les professionnels représentent
une cible que l'opérateur satellite affectionne
particulièrement : Eutelsat disposait déjà
d'offres Internet haut débit bi-directionnelles
à travers D-Sat et D-Star, commercialisées
à travers un réseau de revendeurs (comme
Sagem en France). Ces offres sont destinées aux
entreprises mais aussi aux collectivités locales.
En matière de projets d'accès haut débit
locaux, Eutelsat a répondu à plusieurs
appels d'offres publics (notamment en région
Aquitaine, dans le Cantal ou l'Eure). De multiples combinaisons
technologiques sont possibles avec le satellite : par
exemple, début octobre, Eutelsat participera
à une expérimentation de courant porteur
en ligne (CPL) à La Haye, dans la Manche, en
partenariat avec EDF et le Conseil général.
En mai 2002, Eutelsat avait
lancé sa première offre broadband par
satellite destinée au grand public : Opensky,
accompagné d'un bouquets de services multimédias.
Au printemps dernier, l'opérateur satelilte a
signé un accord d'accès Internet haut
débit avec Tiscali. La présence du FAI
dans douze pays européens devrait lui permettre
de parvenir à une masse critique d'utilisateurs
plus rapidement. La branche France de Tiscali n'a pas
encore rejoint ce programme mais cela ne devrait plus
tarder. Actuellement, Opensky recense entre 5.000 et
6.000 abonnés, la majorité d'entre eux
étant des clients de Tiscali en Italie.
Au total, une vingtaine de
fournisseurs d'accès Internet alternatifs ont
entamé une collaboration avec Eutelsat (c'est
le cas du service ISP néerlandais Aramiska, qui
s'est implanté en France). Et Eutelsat observe
de près les projets d'accès Internet par
satellite initiés par les exploitants de bouquets.
Même si, pour le moment, l'opérateur satellite
n'a pas encore signé d'accord de ce type en Europe.
Côté client,
les forfaits d'abonnements Internet haut débit
par satellite se situent entre 129 et 549 euros par
mois en l'état actuel. Avec le lancement d'E-Bird,
le prix du terminal bidirectionnel devrait coûter
moins de 1.500 euros (hors abonnement mensuel). Et l'équipement
sera plus discret (un modem satellite et une petite
antenne). Des prix d'équipements et d'abonnements
qui pourraient baisser rapidement si le marché
se montre réceptif.
Le bassin potentiel d'audience
en France n'est pas négligeable : 26% des foyers
n'ont pas accès à l'ADSL (soit 8 millions
de foyers). Le taux est de 45% pour les sites professionnels
(1,5 million). D'ici 2008, en prenant en compte l'élargissement
de la couverture géographique ADSL, 10% de population
et 400.000 sites professionnels
seraient dépourvus d'un accès Internet
haut débit traditionnel. Une évolution
défavorable pour les connexions par satellite
mais qui resterait "en adéquation"
avec les ambitions commerciales d'Eutelsat.
En
l'état actuel, la part que représente
le broadband dans le chiffre d'affaires global d'Eutelsat
(estimé à 715 millions d'euros pour 2002-2003)
reste faible : 3%. "Mais, à l'échéance
2007-2008, cela devrait représenter entre 10
et 15% de notre CA", précise Jean-Paul Brillaud.
Le groupe de télécommunication dispose
d'une nébuleuse de 23 satellites (dont les satellites
Hot Bird), qui diffuse 1.300 chaînes de télévision
et 800 stations de radios. Ce qui représente
une audience de 107 millions de foyers raccordés au
câble ou au satellite, en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.
*
Sur le principe du bi-directionnel, les émissions
et les réceptions de flux IP transitent directement
entre l'antenne de réception du client et le
satellite. Dans un schéma unidirectionnel, les
données IP émises par un internaute nécessitent
un transfert par voie terrestre : elles passent par
le réseau d'un FAI haut débit traditionnel
puis sont transmises à une tête de réseau
de l'opérateur satellite, qui prend le relais
pour l'envoi ascendant des flux vers le satellite.
Locatel monte sur la Video On Demand avec Eutelsat
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"Nous parvenons à
la convergence des mondes audiovisuels et de l'Internet,
ce qui représente un potentiel énorme
pour Eutelsat", explique Jean-Paul Brillaud,
le directeur-général adjoint d'Eutelsat
en charge de la stratégie de développement. Les services de vidéos à la demande (VOD) entrent dans
ce schéma : en partenariat avec Eutelsat
SA et Castify Networks (spécialiste de plates-formes
technologiques), Locatel, filiale de Perfect Technologies
connue pour ses services de distribution vidéo
dans les hôpitaux et les hôtels, monte
un nouveau service d'offre numérique de films disponibles
à la location pour ses établissements collectifs
clients.
Jusqu'ici, la société proposait un
système de télévision payante à la séance
avec un choix de quatre films VHS diffusés chaque
jour à heure fixe par une baie de magnétoscopes
collectifs installée dans chaque établissement.
Dorénavant, les clients vont pouvoir accéder
à un service de vidéo à la
demande par satellite, avec une liberté d'horaire
et de temps d'interruption, et ce à travers une
offre permanente de 18 films.
Aujourd'hui, Locatel équipe 135.000 chambres d'hôtel
et 70.000 lits hospitaliers de matériels. Les 50
premiers hôtels seront desservis d'ici la
fin de l'année. |
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