Repositionnement "stratégique" oblige, Vivendi Universal ne s'étend guère sur les résultats financiers de ses activités Internet. Malgré tout, quelques
indications sur le sujet sont accessibles dans le rapport intégral 2003 du groupe, qui vient d'être rendu public. L'année dernière, les activités Internet du groupe VU ont représenté
un chiffre d'affaires de 79 millions d'euros, contre 174 millions
en 2002. La lecture de ce document financier montre à quel point le groupe français tourne le dos à son passé : les données chiffrées concernant les activités Internet sont regroupées dans
une note désormais intitulée "Restructuration".
Dans cette note, le groupe de communication indique avoir "principalement
fermé ou cédé ses activités Internet,
dont les pertes cumulées depuis quatre ans s'élevaient
à environ 2,5 milliards d'euros". En 2003, ce sont ainsi 560 salariés de Vivendi Universal
Net qui ont fait l'objet de procédures de licenciement.
Ces efforts
de restructuration devraient se poursuivre cette année.
Les provisions pour indemnités de départ liées
aux différents plans de licenciement s'élèvent à
23 millions d'euros en Europe. Elles concernent e-Brands (marketing interactif et mobile, aujourd'hui fermé), CanalNumédia
(prestataires Internet) et Allociné (portail
ciné sorti du giron VU, cf article
JDN du 10/06/03). D'autres
cas, qui ont pourtant suscité des polémiques,
ne sont pas nommément évoqués dans le rapport. Il s'agit notamment
de la cession de Flipside France
(jeux en ligne) et d'iFrance (portail de services Internet)
au groupe ACC.
Un montant de 16 millions d'euros a également été
provisionné dans le cadre des restructurations Internet. Ces provisions concernent la fermeture de bureaux aux Etats-Unis (l'ex-régie Ad2One
et l'incubateur Atviso), la mise en sommeil de la structure
holding de VUNet Europe, ainsi que des "problèmes"
de copyright aux Etats-Unis, sur lesquels le rapport n'apporte
aucune précision.
L'opération de "Total Return Swap" (Ndlr : échange des revenus générés par un portefeuille de crédits contre un revenu fixe prédéterminé et indexé) liée aux actions
AOL Europe, qui étaient passées des mains
de VU au fond LineInvest (cf article
JDN du 10/04/03), est parvenue à son terme. En mai
2003, Time Warner a exercé son option d'achat sur ses
titres AOL Europe et a opté pour un règlement
en numéraire de 812,5 millions de dollars. En 2002,
VU avait déjà comptabilisé ce montant sous forme de provisions
pour couvrir le risque de marché lié au contrat.
En 2003, cette provision a été reprise et constitue
une charge financière nette pour le groupe de communication.
Le cas de Vivendi Universal Net, dont le siège
est situé avenue de Friedland à Paris (l'adresse du siège
social du groupe VU) est, lui, plus spécifique. Selon le rapport, cette structure
holding dispose d'un chiffre d'affaires constitué de
"produits d'exploitation et des produits financiers de
participation". L'année dernière, elle
a affiché un CA plus de 3 millions d'euros. Elle présente
parallèlement une perte de 20 millions d'euros.
Sur le plan des activités Internet américaines, la note indique que Vivendi Universal Entertainment s'est engagé à apporter 30 millions
de dollars au sein du projet MovieLink. La branche
"divertissement" (télévision et parcs
à thème aux Etats-Unis) du groupe de communication,
en cours de rapprochement avec NBC, dispose de 20 % du capital
du service en ligne de films à la demande. Au 31 décembre,
le montant de ces apports s'établit à 14,9 millions
de dollars. VUE devrait "apporter les 15,1 millions
de dollars restants au cours des prochaines années".
Autre élément singulier à charge : dans
le cadre de l'acquisition de Moviso (prestataire technologique
américain de solutions mobiles), Vivendi Universal
a l'obligation de payer un complément de prix si le
résultat de sa filiale dépasse 47,5 millions
de dollars en 2003. Ce complément de prix est plafonné
à 20 millions de dollars.
Enfin, d'autres éléments spécifiques restent
à la charge de VU à l'occasion de son désengagement
dans des projets comme Scoot (des "garanties usuelles"
à son ancien partenaire Vodafone) et du démantèlement
des activités de MP3.com (engagements souscrits
par l'ancien service de musique en ligne vis-à-vis
d'un groupe d'assureurs). On comprend pourquoi, en début d'année,
une partie des actifs du pionnier de la musique en ligne ont
fait l'objet d'enchères en ligne (cf article
JDN du 23/03/04).
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