TOURISME
Pierre Paperon (Lastminute) : "Voyages-sncf.com doit dissocier la vente de billet et de voyages"
Lastminute a décidé de saisir, début juin, le Conseil de la concurrence contre le tour opérateur en ligne de la SNCF pour abus de position dominante. Pierre Paperon explique les fondements de cette action.   (26/05/2004)
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Lundi 24 mai, Pierre Paperon, directeur général de Lastminute France, a annoncé qu'il allait saisir au début du mois de juin le Conseil de la concurrence contre Voyages-sncf.com. Lastminute reproche en effet à l'agence de voyage en ligne (joint-venture entre la SNCF et l'américain Expedia) de fausser la concurrence sur la vente de séjours, de chambres d'hôtel ou de billets d'avion. Pierre Paperon revient sur les tenants de cette action en justice.

JDN. Sur quels points précis va porter cette action en justice à l'encontre de Voyages-sncf.com ?
Pierre Paperon. Notre action porte sur cinq à dix points relativement précis que nous détaillerons plus tard. Mais, je peux vous énumérer quelques éléments d'ordre globaux. Voyages-sncf.com est, depuis le début, un mélange entre service public et pratiques capitalistes. Ses actions s'inscrivent aujourd'hui en porte-à-faux par rapport à la vocation de la SNCF qui est un service public dont le coeur de métier est le train et dont le périmètre commercial est la France. Avec Internet, la SNCF, en collaboration avec Expedia, s'est attaquée aux destinations étrangères et à d'autres moyens de transport que le train, y compris en France. Pour nous, Voyages-sncf.com ne relève pas du service public. Par contre, le site capte des fonds dédiés à un service public. Par ailleurs, Voyages-sncf.com, de par sa puissance, représente un risque d'abus de position dominante dans le domaine du voyage en ligne. L'historique de la progression des ventes du site va en ce sens. De même que certaines de ses pratiques. On s'est rendu compte, par exemple, qu'il y avait quelques pratiques anormales en matière de recrutement par e-mail. Nous avons des arguments solides. Nous ne voulons pas faire du bellicisme pour faire du bellicisme.

Pourquoi attaquer maintenant ?

Parce que Voyages-sncf.com commence à peser lourd dans le secteur. Son développement commence à menacer les acteurs online comme les acteurs de la distribution traditionnelle. Par ailleurs, elle est capable d'investir des sommes collosales dans des opérations de marketing que nous ne pouvons pas suivre, y compris pour des raisons de retour sur investissement. Nous ne sommes pas les premiers à attenter une action en justice contre Voyages-sncf.com. Il y a deux ans, Promovacances avait commencé une procédure analogue, mais l'on ne disposait pas du recul historique suffisant. Maintenant, nous l'avons. En ce moment, nous finalisons les démarches juridiques et nous déposerons notre dossier au Conseil de la concurrence entre la première et la deuxième semaine du mois de juin.

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Qu'attendez-vous de cette action en justice ? Et dans les faits, ne pensez-vous pas que l'alliance Expedia-SNCF est déjà caduque ?
Nous sommes en train de finaliser l'évaluation de notre préjudice. Mais nous voulons aller plus loin. Nous demandons à ce qu'il y ait une nette différenciation entre les activités de vente de billets de train de la SNCF et les autres activités commerciales du site. Il serait logique qu'il y ait un site baptisé Sncf.com ou Sncf.fr sur lequel les internautes pourraient trouver des billets de train ainsi qu'une offre de location de voiture et d'hébergement en France et qu'il bascule sur kiosque ou une galerie marchande pour tous les voyages en dehors des frontières, où Voyages-sncf.com ne serait qu'un acteur parmi d'autres. On pourrait même imaginer que les logos des différents acteurs changent de place tous les jours pour éviter que certains soient mieux placés que d'autres.

Concernant la deuxième partie de votre question, je pense qu'Expedia, dans ses relations avec la SNCF, a joué le rôle du coucou. Principalement parce qu'elle a mis son oeuf dans le nid d'un autre, ce qui lui a permis d'apprendre et de faire une très belle opération financière. Maintenant, il y a de fortes chances pour que le coucou ne fasse pas que du vol aérien et du package dynamique.

 
 
Anne-Laure BERANGER, JDN
 
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