TELECOMS–FAI
Mésentente cordiale entre l'industrie du cinéma et les FAI sur la vidéo à la demande
Les professionnels du cinéma ont posé leur condition pour l'exploitation d'une offre payante de films sur internet : neuf mois après la sortie en salle. Les FAI réclament une offre plus attractive.   (29/11/2004)

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A l'image des offres légales de musique en ligne, la vidéo à la demande (VOD) est présentée comme la parade indispensable au piratage de films sur Internet. A ce titre, l'industrie du cinéma se mobilise pour développer prochainement une offre légale de diffusion de films sur Internet. Lles fournisseurs d'accès Internet, partenaires incontournables de ce projet, sont montrés du doigt comme incitateurs au partage illégal de fichiers à travers leurs offres d'accès haut débit. Les deux parties se sont réunies mercredi 24 novembre sous l'égide du Centre national de la cinématographie (CNC). L'occasion d'une guerre de position entre professionnels du cinéma et FAI.

Une première rencontre officielle avait déjà eu lieu le 20 octobre dernier, dans un esprit de coopération. Mais personne ne s'était alors aventuré à entrer dans le vif du sujet : la place de la VOD dans la chronologie des médias (lire l'article du 11/12/03). Car une fois énoncé le souhait de lancer une offre légale de de films en ligne, reste à encore en définir le modèle économique. Mercredi dernier, ils étaient de nouveaux tous présents : les représentants du cinéma (distribution, production et exploitation), les éditeurs vidéo, les chaînes hertziennes et les chaînes payantes (TF1, TPS, Canal+), et bien sûr, l'Association des fournisseurs d'accès Internet (AFA). Mais cette fois-ci, l'ambiance était plus tendue.

L'ARP (société civile des auteurs réalisateurs producteurs), la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques), la FNCF (Fédération nationale des cinémas français) et le Syndicat de l'édition vidéo (SEV) ont soutenu cinq propositions. Cinq principes qui doivent encadrer une future offre légale, sécurisée et payante de films : le développement de la VOD seulement sur des réseaux sécurisés, le paiement exclusivement à l'acte, la rémunération minimale aux ayant-droits à chaque téléchargement, la non-diffusion sur la VOD avant l'ouverture de sa fenêtre d'exploitation, et l'obligation de pré-achat de films au-delà d'un certain volume de chiffre d'affaires. Jusque là, rien qui ne fâche les FAI.

Sauf que selon Michel Gomez, délégué général de l'ARP et rapporteur de ce programme, la fenêtre de la VOD ne s'ouvrirait que douze mois après la sortie en salle des films. Le délai se réduirait à neuf mois pour les films ayant fait moins d'un million de spectateurs. L'offre de VOD ainsi présentée ne court-circuite pas celle des éditeurs et des loueurs de vidéos. Encore moins celles des chaînes de cinéma, Canal Plus et TPS. Mais elle ne répond pas aux enjeux commerciaux des FAI.

Désaccord sur le délai de diffusion
"La VOD à l'acte s'apparente à de la location de vidéo, argumente Marie-Christine Levet, présidente de l'AFA. Dans cette logique, nous demandons à être sur le même créneau que les vidéo-clubs : une diffusion des films à six mois." Autre point d'achoppement : la distinction entre les films de plus ou moins d'un million de spectateurs. "Pour lutter efficacement contre le piratage, poursuit la présidente de l'AFA, l'offre de VOD doit être attractive. Et pour cela, il faut que nous puissions proposer en catalogue tous les films, y compris les blockbusters."

Prévu par certains FAI pour 2005, le lancement d'une offre de vidéo à la demande pourrait bien connaître les mêmes déboires et reports que la TNT. D'autant que chacun campe sur ses positions. "Deux critères sont essentiels pour la réussite de la VOD : le timing, c'est-à-dire une durée minimum de diffusion, et un catalogue attractif", rappelle Marie-Christine Levet. Du côté des professionnels du cinéma, la priorité est de ne pas perturber les chaînes de télévision payantes, principales sources de financement du cinéma français. La VOD à neuf ou douze mois est donc le seul plan susceptible de contenter les intérêts des exploitants de salle, des éditeurs de vidéo, des producteurs et des diffuseurs.

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La porte n'est cependant pas totalement close. Les cinq propositions de l'industrie du cinéma sont "le point de départ d'une discussion", indique Michel Gomez. "Le point positif, souligne pour sa part Marie-Christine Levet, c'est une volonté commune de faire avancer les choses, avec des propositions concrètes." Excepté l'épineux problème de la chronologie des médias, "nous devrions parvenir sans trop de difficulté à un accord sur les autres propositions émises par les professionnels du cinéma", conclut la présidente de l'AFA. D'ici quelques jours, l'Association va réunir tous ses membres afin d'élaborer à son tour un projet commun. Le CNC, qui tient le rôle d'arbitre, adressera de son côté un document de travail aux participants de la réunion afin de poursuivre la réflexion sur la VOD.

Le piratage vidéo en France
36,4 % des films sortis en salle en france sont disponibles en version française pirate sur les réseaux de peer to peer.
Seuls 24 % des films français sortis en salle sont piratés sur Internet, contre 85 % des films américains.
Plus d'un tiers des films piratés sur Internet sont disponibles avant leur sortie dans les salles françaises.
91 % des films piratés sont disponibles avant leur sortie vidéo ou DVD.

Source : "L'offre pirate de films sur Internet", étude réalisée par le CNC et l'Alpa pendant la période du 1er août 2003 au 31 juillet 2004.
 
 
Emilie LEVEQUE, JDN
 
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