Bouygues Telecom ne sera pas absent du marché mobile dit de 3ème
génération (3G), officiellement ouvert ces dernières
par ses deux concurrents SFR et Orange. Mais l'opérateur
ne pourrait s'y lancer qu'en 2006 : le groupe préférerait,
pour investir, attendre la deuxième génération
UMTS, la technologie d'accès HSPDA, qui permettra d'atteindre
des débits de l'ordre d'un à deux megabits par
seconde contre moins de 400 kilobits pour l'UMTS "3G".
L'année prochaine, Bouygues Telecom se contentera de
la technologie Edge, dont le lancement est prévu au troisième
trimestre 2005.
"La priorité, c'est la couverture clients",
a rappelé François Fourre, directeur commercial
solutions de données chez Bouygues Telecom, lors d'une
conférence organisée dans le cadre du Salon
Mobile Office à Paris. "Nous ne sommes qu'au commencement
du marché de la mobilité. Pour l'instant, Edge
est largement suffisant pour répondre aux usages des
clients, pour le grand public comme pour les entreprises".
Bouygues considère donc que, pour l'instant,
l'investissement sur la 3G ne vaut pas la peine. "Nous
sommes pragmatiques, mais nous devons aussi considérer
le prix, pour nous comme pour le client", a expliqué
François Fourre.
En revanche, le groupe se positionne comme concurrent d'Orange
sur Edge, la technologie alternative à l'UMTS, dont
le lancement devrait intervenir en 2005. L'UMTS permet d'obtenir
des débits maximum de 384 kilobits par seconde, contre
120 à 180 pour Edge. Mais la couverture en réseau
3G ne devrait être que de 40 % environ à
la fin de cette année (un peu moins pour le réseau
de SFR) et près de 60 % à la fin de l'année
prochaine. Edge couvrirait, lui, dès ses débuts,
85 % du territoire.
Chez la filiale du groupe de BTP, on met l'accent sur les
usages plus que sur la technologie et l'on mise donc, pour
l'instant, sur des utilisations de la 3G limitées parmi
le grand public. "Le gros du marché de la mobilité
se joue sur la messagerie, c'est la killer application. De
même que la voix et les applications métiers,
la mise en mobilité de certaines fonctions, comme les
forces de vente ou les cadres dirigeants. Et, avec Edge et
le Pocket PC, nous sommes suffisamment
armés pour répondre aux besoins", a affirmé
François Fourre.
Une analyse que ne partage pas Orange. Igor Bednarek,
directeur du programme 3G de la filiale de France Télécom,
pense qu'il est un peu tôt pour parler de killer application.
L'opérateur a d'ailleurs adopté une stratégie
tous réseaux, en se lançant à la fois
sur Edge, l'UMTS et le Wi-fi. "Pourquoi attendre ?
La technologie est mature, les terminaux fonctionnent",
s'est-il interrogé au cours du même débat
lors du Salon Mobile Office.
SFR, seul opérateur à miser exclusivement sur
la 3G, parle, pour sa part, de retours d'expériences
intéressants. "Nous sommes au plus près
des attentes des entreprises, le taux de satisfaction est
important", a annoncé Jean-François Caillard,
directeur du programme 3G de SFR.
Pari sur les entreprises chez Bouygues, sur le grand public
chez Orange : les stratégies commencent
à se dessiner clairement. Un bilan des premières
offres 3G sera sans doute tiré à la mi-2005,
juste avant que ne se déclenche une nouvelle bataille,
pour Edge cette fois.
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