TELECOMS–FAI
Le marché de l'accès Internet tracté par le haut débit
La concurrence entre les fournisseurs d'accès s'est portée sur les débits et les services innovants. Dégroupage des réseaux et intervention des collectivités locales sont les principaux enjeux à venir.   (23/12/2004)

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Dossiers ADSL
Dégroupage total
Dy-na-mique ! Tel a été, en substance, le visage du marché français de l'accès Internet en 2004. Dynamisme au niveau de l'innovation, de la concurrence, et des prix. Avec un phénomène majeur : l'explosion du parc haut débit qui représente désormais plus de la moitié des abonnements Internet, contre un tiers il y a un an. Un enjeu important pour les fournisseurs d'accès (FAI). L'année 2004 aura ainsi vu la concurrence s'intensifier, notamment au niveau des services proposés et des vitesses de connexion.

Fin 2004, la France devrait compter un peu plus de six millions d'abonnés haut débit, estime l'Idate, dont 5,7 millions de lignes ADSL. Des chiffres qui la placent au deuxième rang des pays européens, derrière l'Allemagne, et au sixième rang mondial. En nombre de lignes haut débit par habitant (8,5 %), la France est encore derrière le Benelux ou les pays scandinaves, mais elle a dépassé les autres grands pays européens comme l'Allemagne, la Grande Bretagne, l'Italie et l'Espagne.

Ce dynamisme s'explique par la poursuite de la baisse des tarifs d'accès à l'Internet rapide, phénomène marquant de l'année 2003. Selon le dernier baromètre de l'accès Internet du Journal du Net, basé sur les chiffres collectés par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART), le prix de l'accès ADSL a reculé de 0,5 % au deuxième trimestre pour tomber à 31,04 euros par mois (lire l'article JDN du 03/11/04). Mais la mode de l'année 2004 a porté moins sur les tarifs que sur les vitesses de connexion. L'Internet haut débit est aujourd'hui perçu par les Français comme un bien de consommation indispensable : les internautes ne se contentent plus de se connecter à Internet, ils veulent aller très vite. La guerre des débits est donc lancée.

Depuis son lancement commercial, il y six ans, le haut débit en France plafonnait à 512 Kbits/s. De l'histoire déjà ancienne : entre 2003 et 2004, et en moins de dix-huit mois, les débits ont été multipliés par dix. Initié par Free mi-2004, le débridage total de la bande passante ADSL , également surnommé "mode patate" par l'opérateur, a fait tâche d'huile cet automne : successivement Neuf Telecom, Wanadoo, Club Internet, Cegetel, Tiscali et AOL ont lancé des offres ADSL max comprises entre 5 Mbits/s et 8 Mbits/s. Et ce n'est qu'un début.

La course aux débits est lancée
La montée des débits se cristallise désormais autour de l'ADSL 2+, protocole de deuxième génération qui dope les débits jusqu'à 25 Mbits/s. Comme à son habitude, c'est Free qui a dégainé le premier. Chez le FAI du groupe Iliad, l'ADSL 2+ est activé depuis le 20 octobre dernier, avec un accès Internet de 15 Mbits/s en réception et de 1Mbit/s en émission. Dans son sillage, France Télécom a lancé une offre équivalente sur la région parisienne. L'opérateur historique s'engage par ailleurs à offrir le très haut débit sur la totalité de son réseau national avant la fin du premier trimestre 2005, de même que l'ensemble des autres fournisseurs d'accès et des câblo-opérateurs. NC Numéricâble a d'ailleurs déjà franchi le pas avec une offre à 20 Mbits/s.

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Tout naturellement, la substitution des accès bas débit par des accès haut débit a progressé en 2004 sur un rythme trimestriel moyen de 6 %. A ce chiffre, il faut ajouter les internautes qui souscrivent directement à des offres ADSL. Sur les neuf premiers mois de l'année, le nombre d'abonnements haut débit a ainsi progressé en moyenne de 15,6 %. Mécaniquement, le budget d'accès Internet des Français a augmenté. Le prix moyen mensuel ADSL est presque trois fois plus élevé que celui du RTC. Au final, c'est le portefeuille des FAI qui grossit. Les abonnements Internet devraient représenter en 2004 un chiffre d'affaires de plus de deux milliards d'euros, dont près de 70 % proviennent des abonnements haut débit. Le marché de l'Internet est donc tiré vers le haut sur les offres.

Le décollage du dégroupage
La diversification et l'enrichissement des offres est de fait une autre tendance forte en 2004, grâce notamment à l'introduction de services de voix et de télévision sur ADSL. En vedettes : les offres triple play associant la télévision, l'Internet haut débit et la téléphonie sur IP (VoIP), le tout accessible via un modem multimédia unique. A ce jour, seuls trois fournisseurs d'accès commercialisent une offre triple play pour les particuliers via un serveur unique : Free, Neuf telecom et Wanadoo. Club Internet, Tiscali et Noos devraient suivre en 2005. Tous par contre, à l'exception d'AOL et de NC Numéricâble, proposent une offre de téléphonie illimitée sur IP.

Mais le développement et la commercialisation de services innovants telles que la télévision sur ADSL, la voix sur IP ou les offres à très haut débit, et ce à des tarifs abordables, exige une autonomie de l'opérateur en termes d'équipements. Cette autonomie a un nom : le dégroupage, une opération qui permet aux opérateurs d'installer leurs propres DSLAM dans les répartiteurs de l'opérateur historique. Avec plus d'un million de lignes dégroupées au 1er octobre 2004, essentiellement en dégroupage partiel, et plus de 800 répartiteurs de France Télécom désormais ouverts, la prise en charge du réseau télécom par des opérateurs alternatifs jusqu'à l'abonné final a connu un succès incontestable. Et à ce petit jeu, des acteurs tels que Free, Neuf Telecom ou Cegetel ont adopté une véritable stratégie industrielle d'opérateurs du dégroupage.

L'accès haut débit reste encore inégal
Toutefois, l'extension de la couverture du dégroupage implique de la part de l'opérateur des investissements importants dans son réseau de collecte. Investissements trop lourds pour certains. C'est ainsi que Tele2 s'est retiré en octobre du marché de l'ADSL en zones non dégroupées, zones où Tiscali a dû procéder début décembre à un réajustement à la hausse de ses offres haut débit. Les deux FAI dénoncent les conditions tarifaires imposées par France Télécom pour l'accès IP/ADSL, dite option 5 (Lire l'article JDN du 06/11/03) et en appellent à l'ART pour réguler le marché de gros de l'ADSL.

Enfin n'oublions pas que le développement des réseaux haut débit est marqué par une forte hétérogénéité sur le territoire national. Selon l'ART, à la fin 2004, les zones de concurrence effective (zones dégroupées) couvrent 50 % de la population et des entreprises, les zones dites grises où n'existe que le réseau de France Télécom en représentent 40 % et les zones dites blanches, non équipées, 10 %. Il existe de fait un décalage réel entre les nouveaux services et débits proposés en zones denses et ceux en zones moins peuplées.

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Dossiers Téléphonie et Internet
Télé et vidéo sur haut débit
Pour pallier ces lignes de clivages, l'ART et les pouvoirs publics encouragent les collectivités locales à devenir opérateurs de réseaux, comme le leur permet la loi sur la confiance pour l'économie numérique votée en juin 2004. Une opportunité déjà saisie par une poignée d'acteurs locaux. Avec l'accélération du dégroupage, la prise en main par les collectivités de la construction d'un réseau haut débit sera vraisemblablement l'un des principaux chantiers du marché des télécommunications en 2005.
 
 
Emilie LEVEQUE, JDN
 
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