Si Masterfoods France, filiale du géant de l'agro-alimentaire
Mars, n'est que très peu présente sur le Web français via
ses activités food (Ebly.fr) et snackfood (m-ms.fr), la situation
est totalement différente pour sa troisième division, petfood.
La nourriture pour animaux est un marché en pleine expansion,
pour lequel Masterfoods a investi depuis 2002 dans sept sites
Internet. Dans le cadre de sa stratégie CRM, le groupe a commencé
par tisser sa toile en développant un portail dédié aux possesseurs
d'animaux de compagnie, puis a ouvert des sites liés
à ses principales marques.
Masterfoods exploite en France tous les segments du marché
petfood : le premium, avec les marques Cesar et Sheba, le
milieu de gamme (Whiskas, Pedigree
), et l'économique (Canigou,
Kitekat
). Dans l'Hexagone, la division Petfood emploie 1.100
salariés, soit près de la moitié du personnel de la filiale
française, et réalise 460 millions de chiffre d'affaires.
Sur ce marché, où, rappelons-le, le consommateur qui réalise
l'acte d'achat n'est pas celui qui consomme le produit, la
fidélisation et la gestion de la relation-client revêtent
une importance toute particulière.
Dans
ce contexte, même s'il capte moins de 20 % du budget CRM total,
Masterfoods considère Internet comme un outil très efficace
- et rentable - de la gestion de la relation-client, utilisable
à la fois pour atteindre des objectifs de fidélisation et
de pénétration. Le principe des sites de la division petfood
est d'apporter des conseils et des services aux possesseurs
d'animaux de compagnie, de communiquer sur l'actualité des
marques du groupe, et de développer des services aux internautes
qui n'existent nul par ailleurs.
En 2002, lorsque Masterfoods a décidé de tester ce nouvel
outil pour s'adresser aux consommateurs, le groupe a tout
d'abord ouvert un portail animalier généraliste
baptisé Mypetstop (lire l'article
du JDN du 25/03/02), prodiguant des conseils et diverses
informations, offrant la possibilité de poser des questions
à un vétérinaire, de trouver un éleveur près de chez de soi,
ou encore de passer une annonce pour retrouver un animal disparu.
Le site arrive ainsi en quatrième position sur Google, en
tapant la requête "animaux perdus".
"A cette époque, notre démarche reposait sur deux hypothèses,
explique Jean-Michel Peard, CRM manager Europe chez Masterfoods.
Premièrement, que les internautes étaient surtout à la recherche
d'information. Deuxièmement, que les sites de marque avaient
peu de légitimité pour leur fournir ces informations." En
2003 et 2004, Mypetstop a par ailleurs fourni le contenu de
la rubrique animaux du portail AOL.
"Nous
avons trouvé comment parler à nos consommateurs sur Internet" |
Aujourd'hui, la situation a évolué. Le portail n'est plus
un axe de développement stratégique pour Masterfoods. Avec
l'expérience acquise par le groupe sur le Web, une nouvelle
stratégie est désormais mise en uvre. "Nous avons trouvé
comment parler à nos consommateurs sur Internet, déclare Jean-Michel
Peard. Nous axons notre développement et nos investissements
sur les sites de nos marques, sur lesquels nous proposons
aux internautes de rentrer dans des programmes de type clubs,
offrant des conseils personnalisés et des informations adaptées
à l'âge de leur animal." Ce faisant, Masterfoods
applique la même stratégie que le site de Pampers (lire
l'article
du JDN du 27/01/05), qui envoie des conseils et des offres
produits liés à l'âge du bébé. L'analogie vaut aussi par le
fait que l'acte d'achat sur le marché du premier âge n'est
pas réalisé par l'utilisateur final du produit.
Masterfoods France a ainsi lancé les sites Frolic, Whiskas
et Kitekat en 2002, puis Pedigree en 2003, et enfin Cesar
et Sheba en 2004. Ce qui confère à la France une longueur
d'avance sur les autres filiales du groupe. Promus par le
biais du référencement, de l'affiliation et des packagings,
"plusieurs sites ont dépassé les 100.000 visiteurs uniques
par mois en 2004", indique Jean-Michel Peard. Les visiteurs
inscrits ont accès à des offres de réduction, des jeux-concours,
et à l'achat en avant-première de nouveaux produits. Ces inscrits
viennent gonfler la base clients de Masterfoods, utilisée
indifféremment pour les opérations online et offline. Jean-Michel
Peard indique seulement que l'un des deux types d'opérations
est significativement plus rentable que l'autre, mais sans
préciser lequel.
Si les mailings font appel au multicanal, certains dispositifs
CRM sont mono-média. Pour le couponing par exemple, Masterfoods
n'utilise pas le Web. Le processus est jugé trop complexe et
peu sécurisé. Inversement, les informations et les conseils
diffusés sur Internet ne sont relayés sur aucun support "papier"
de type consumer magazine, dont la rentabilité serait "difficile
à trouver", selon Jean-Michel Peard. Au milieu de ce panachage,
le groupe compte s'ouvrir à la publicité en ligne. La
division petfood prévoit en effet une campagne virale
dans les prochaines semaines, basée sur l'e-mailing. |